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<\/h2>\nAvec Natacha Aubert, Pr\u00e9sidente du conseil paroissial de La BARC, nous partons \u00e0 la d\u00e9couverte des f\u00eates de P\u00e2ques orthodoxes. Et on en a l’eau \u00e0 la bouche! Je vous promets, tout cela est bien bon!<\/p>\n
Le hasard a voulu que mes parents me trouvent une marraine orthodoxe grecque et un parrain orthodoxe russe, tour de force d’autant plus improbable que tous deux n’\u00e9taient pas li\u00e9s et ne se connaissaient pas. Avec ma marraine, j’ai eu l’occasion d’assister \u00e0 une c\u00e9l\u00e9bration orthodoxe, \u00e0 Gen\u00e8ve, tard le samedi de P\u00e2ques et longue, longue comme un jour sans pain! J’ai souvenir d’avoir pass\u00e9 plus de trois heures \u00e0 regarder, sans comprendre, des pr\u00eatres effectuer des gestes, r\u00e9citer des textes (en grec), sortir de l’\u00e9glise et y revenir, laissant l’assistance en plan et debout (parce qu’il n’y a pas assez de si\u00e8ge dans une \u00e9glise orthodoxe).<\/p>\n
Si je n’ai jamais eu l’occasion de suivre une c\u00e9l\u00e9bration pascale selon le rite orthodoxe russe, j’ai en revanche eu le plaisir d’en pr\u00e9parer le repas du dimanche.<\/p>\n
Les orthodoxes, comme les catholiques, suivent un car\u00eame strict. Le dimanche de P\u00e2ques est donc l’occasion de renouer avec les produits laitiers, les \u0153ufs, la viande et l’alcool (du moins chez mon parrain). Les plats doivent \u00eatre pr\u00e9par\u00e9s la veille, le samedi, d’une part pour \u00e9viter d’avoir \u00e0 cuisiner le jour de P\u00e2ques, d’autre part, parce que certaines pr\u00e9parations demandent un long temps de repos. Par exemple, la paskha (prononcez pasra) ou le koulitch. La paskha, c’est le clou de P\u00e2ques. On sent d\u00e9j\u00e0, rien qu’au nom, que c’est un dessert qu’on ne fait qu’\u00e0 cette occasion. La recette dont j’ai h\u00e9rit\u00e9 fera sans doute rire les vrais orthodoxes, car, comme toute recette, elle a \u00e9volu\u00e9, s’est adapt\u00e9e au lieu, aux produits disponibles, au go\u00fbt de ceux qui la font, mais elle reste exceptionnelle. Les proportions sont compt\u00e9es pour une bonne tabl\u00e9e (disons 15 \u00e0 20 personnes).<\/p>\n
Il vous faut:<\/p>\n
-17 jaunes d’\u0153ufs (il n’y a pas de faute de frappe, c’est bien 17 jaunes, et comme c’est un nombre premier, c’est difficile \u00e0 diviser. D’un autre c\u00f4t\u00e9 je suis s\u00fbre que ca marche aussi avec 18 ou avec 16 jaunes)<\/p>\n
– 9 b\u00e2tons de vanille (dont vous extrayez les grains)<\/p>\n
– 400 gr de sucre (finalement ce n’est pas si sucr\u00e9)<\/p>\n
Vous m\u00e9langez cette base jusqu’\u00e0 ce qu’elle devienne presque blanche et que l’on n’entende plus crisser le sucre. Vous y ajoutez<\/p>\n
– 3\/4 de litre de cr\u00e8me<\/p>\n
– 1 kg de s\u00e9r\u00e9 \u00e0 la cr\u00e8me<\/p>\n
– 2 kg de s\u00e9r\u00e9 maigre (parce qu’il ne faut pas que ce soit trop lourd)<\/p>\n
\u00c7a vous donne une bonne masse et 24 heures ne sont pas de trop pour \u00e9liminer le liquide. Pour cela, il existe des moules de forme pyramidale que l’on tapisse d’une gaze et qui servent \u00e0 \u00e9goutter la paskha. Mais il est possible de prendre une passoire (ou un pot de fleur), de la tapisser d’une gaze et la poser en \u00e9quilibre sur un grand saladier. Vous repliez la gaze par dessus et vous mettez du poids (des bo\u00eetes de conserve par exemple), d’abord 500 gr, puis 1 kg pour bien presser.<\/p>\n
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Le lendemain quand vous d\u00e9moulez, il ne reste en principe plus que du solide, d’une consistance comparable au beurre. Moi, je jette le liquide, mais il y a moyen d’en faire une cr\u00e8me, de m\u00eame que les 17 blancs d’\u0153ufs serviront \u00e0 faire des meringues.<\/p>\n
Sur la paskha, il faut graver XB sur chaque face, pour \u0425\u0440\u0438\u0441\u0442\u043e\u0441 \u0432\u043e\u0441\u043a\u0440\u0435\u0441\u0435\u00a0 (Christ est ressuscit\u00e9). En accompagnement, le koulitch est une sorte de biscuit bien (trop) consistant.<\/p>\n
C’est la m\u00eame inscription XB qui se fait sur chacun des plats qui pr\u00e9c\u00e8dent le dessert: sur la salade de carottes, de c\u00e9leri, de racine rouge, russe (eh oui), sur le djadjik (mon parrain \u00e9tait aussi turc!), les foies en gel\u00e9e, le gigot, le r\u00f4ti… partout, sur tout, on rappelle que Christ est ressuscit\u00e9!<\/p>\n
Si nous avons c\u00e9l\u00e9br\u00e9 P\u00e2ques la semaine pass\u00e9e, confin\u00e9s dans nos maisons, les orthodoxes, eux, se pr\u00e9parent \u00e0 la vivre ce dimanche, 19 avril. A premi\u00e8re vue, ce d\u00e9calage est d\u00fb \u00e0 la diff\u00e9rence de calendrier entre le calendrier julien suivi par l\u2019\u00c9glise orthodoxe d’orient et le calendrier gr\u00e9gorien adopt\u00e9 par la soci\u00e9t\u00e9 civile et les \u00e9glises d’occident. L’\u00e9cart entre les deux calendriers est actuellement et pour le si\u00e8cle \u00e0 venir de 13 jours. P\u00e2ques \u00e9tant une f\u00eate mobile, elle est fix\u00e9e le premier dimanche apr\u00e8s la pleine lune qui suit l’\u00e9quinoxe de printemps, c’est \u00e0 dire le premier dimanche qui suit la premi\u00e8re pleine apr\u00e8s le 21 mars. Le 21 mars orthodoxe ayant lieu 13 jours apr\u00e8s, soit le 3 avril gr\u00e9gorien, le calcul ne se fait pas forc\u00e9ment sur la m\u00eame pleine lune, si celle-ci a lieu avant.<\/p>\n
Cependant, cette belle explication tombe \u00e0 l’eau, puisqu’en 2020, la pleine lune a eu lieu le 8 avril donc apr\u00e8s l’\u00e9quinoxe julienne et gr\u00e9gorienne. Alors pourquoi ce d\u00e9calage?<\/p>\n
Contrairement aux musulmans qui fixent le ramad\u00e2n, en observant la lune et en d\u00e9cr\u00e9tant l’entr\u00e9e dans le jeun d’ann\u00e9e en ann\u00e9e, la date de P\u00e2ques est le r\u00e9sultat de projections \u00e9tablies vers 542 par un moine \u00e9rudit, Denys le Petit, selon une th\u00e9orie remontant \u00e0 M\u00e9ton d’Ath\u00e8nes, au Ve si\u00e8cle av. J.-C. Les lunaisons (dur\u00e9e moyenne entre deux nouvelles lunes) ont une dur\u00e9e de 29,53 jours. 235 lunaisons couvrent assez pr\u00e9cis\u00e9ment 19 ans solaires, mais avec un petit d\u00e9calage de 1h29. Sur 19 ans, ce n’est rien, mais cela finit par faire un jour apr\u00e8s 300 ans. Comme cette projection date de bient\u00f4t 1500 ans, le d\u00e9calage est maintenant de 4 \u00e0 5 jours. Rectifi\u00e9 par la r\u00e9forme gr\u00e9gorienne, il existe toujours dans le calendrier julien selon lequel la pleine lune th\u00e9orique d’avril 2020 \u00e9tait pr\u00e9vue le 13 avril (8 avril + 4 \u00e0 5 jours). C’est normal, m\u00eame si c’est difficile \u00e0 calculer que les orthodoxes f\u00eatent P\u00e2ques ce dimanche. Ce qui ne change pas, c’est qu’ils le feront chez eux, comme nous!<\/p>\n
Que ce soit le 12 avril ou le 19: \u00ab\u00a0Christ est ressuscit\u00e9, il est vraiment ressuscit\u00e9.\u00a0\u00bb<\/p>\n
Natacha Aubert.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"