{"id":5083,"date":"2025-03-26T08:48:16","date_gmt":"2025-03-26T07:48:16","guid":{"rendered":"https:\/\/www.eren.ch\/barc\/?p=5083"},"modified":"2025-03-26T09:42:15","modified_gmt":"2025-03-26T08:42:15","slug":"introduction-a-la-passion-selon-st-jean-de-bach","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.eren.ch\/barc\/2025\/03\/26\/introduction-a-la-passion-selon-st-jean-de-bach\/","title":{"rendered":"Introduction \u00e0 la Passion selon St-Jean de Bach"},"content":{"rendered":"\n
Ce week-end, le Ch\u0153ur de Colombier – La BARC<\/a> proposera au public l\u2019\u0153uvre magnifique de Jean-S\u00e9bastien Bach Johannes-Passion<\/em>. Durant la pr\u00e9paration de ce concert, il m’a \u00e9t\u00e9 donn\u00e9 d’introduire succinctement l\u2019\u0153uvre aupr\u00e8s des chanteurs et des chanteuses. Je partage ici ces quelques \u00e9l\u00e9ments qui donneront peut-\u00eatre aussi quelques cl\u00e9s \u00e0 celles et ceux qui viendront nous \u00e9couter.<\/p>\n\n\n\n Pour commencer, il convient de rappeler le sens du mot Passion<\/em> puisque nous n’utilisons plus ce terme de la m\u00eame mani\u00e8re dans le langage courant. Passion vient du verbe latin patior<\/em> qui signifie souffrir. La Passion est le r\u00e9cit des souffrances du Christ. Et il ne s’agit pas de n’importe quelle Passion, mais la Passion selon Jean<\/em>. L\u2019\u0153uvre suit tr\u00e8s pr\u00e9cis\u00e9ment le r\u00e9cit des derniers jours de J\u00e9sus tels qu’ils sont racont\u00e9s dans l\u2019\u00e9vangile de Jean.<\/p>\n\n\n\n On conna\u00eet aussi la St Matthieu de Jean-S\u00e9bastien Bach. Et on a retrouv\u00e9 des passages d’une St Marc et St Luc mais la grande partie de ces \u0153uvres est aujourd’hui perdue. <\/p>\n\n\n\n Au Moyen \u00c2ge d\u00e9j\u00e0, il \u00e9tait commun de chanter le r\u00e9cit de la Passion durant la semaine sainte et en particulier le jour de Vendredi saint. On dit que le compositeur Telemann en aurait compos\u00e9 une cinquantaine.<\/p>\n\n\n\n Jean-S\u00e9bastien Bach (1685-1750), alors Cantor de l\u2019\u00e9glise St-Thomas de Leipzig, s’inscrit dans cette tradition et compose la Passion selon St-Jean pour la c\u00e9l\u00e9bration de Vendredi saint le 7 avril 1724.<\/p>\n\n\n\n On peut relever trois dimensions distinctes de l\u2019\u0153uvre.<\/p>\n\n\n\n La premi\u00e8re, la dimension didactique<\/strong>. Les diff\u00e9rents passages chant\u00e9s suivent strictement la lecture du r\u00e9cit biblique avec une grande fid\u00e9lit\u00e9 au texte. Il s’agit des chapitres 18 et 19 de l’\u00e9vangile de Jean dans sa version allemande, c’est-\u00e0-dire dans la traduction faite par le r\u00e9formateur Martin Luther lui-m\u00eame. L\u2019\u0153uvre se pr\u00e9sente donc comme un r\u00e9cit chant\u00e9 et permet \u00e0 l’assembl\u00e9e de se rem\u00e9morer le r\u00e9cit ou de le d\u00e9couvrir. Nombreux \u00e9taient sans doute les auditeurs qui connaissaient le texte presque par c\u0153ur \u00e0 force de l’entendre lire chaque ann\u00e9e depuis leur enfance. Il ne faut pas non plus oublier que tout le monde ne savait pas lire \u00e0 l’\u00e9poque.<\/p>\n\n\n\n La deuxi\u00e8me dimension est la dimension liturgique<\/strong> de l\u2019\u0153uvre. Il ne s’agit pas d’un concert mais bien d’un culte. L’assembl\u00e9e vient c\u00e9l\u00e9brer le Vendredi saint et le pasteur intervient \u00e0 certains moments de la liturgie.<\/p>\n\n\n\n La troisi\u00e8me dimension est th\u00e9ologique<\/strong>. L\u2019\u0153uvre contient en elle-m\u00eame des \u00e9l\u00e9ments d\u2019interpr\u00e9tation et d\u2019actualisation. On ne se contente pas de raconter les derniers jours de la vie de J\u00e9sus, on proclame aussi leur r\u00e9percussion dans la foi pour les chr\u00e9tiennes et les chr\u00e9tiens.<\/p>\n\n\n\n Ces dimensions sont amen\u00e9es par les diff\u00e9rents intervenants. Les chanteurs et les chanteuses incarnent les personnages du r\u00e9cit.<\/p>\n\n\n\n L\u2019\u00e9vang\u00e9liste est le narrateur. Il reprend fid\u00e8lement les parties narratives des chapitres 18 et 19 de l’\u00e9vangile de Jean et introduit les prises de parole des personnages: J\u00e9sus, la servante, Pierre, Pilate, etc. Ces personnages sont incarn\u00e9s par les solistes qui chantent parfois de tr\u00e8s courtes phrases qui s’int\u00e8grent dans le r\u00e9cit du narrateur-\u00e9vang\u00e9liste, comme des dialogues.<\/p>\n\n\n\n La foule est incarn\u00e9e par le ch\u0153ur qui chante les parties intitul\u00e9es Coro<\/em>. C’est un personnage fondamental du r\u00e9cit qui fait avancer l’intrigue de mani\u00e8re majeure. La foule joue un r\u00f4le terrible, elle crie, appelle \u00e0 la haine, \u00e0 la violence et \u00e0 la mort. Il est important de se souvenir, lorsque l’on chante la St-Jean, et m\u00eame si la musique est magnifique et que l’on a envie de la rendre belle, que le ch\u0153ur chante des choses terribles.<\/p>\n\n\n\n Le ch\u0153ur incarne donc un personnage collectif<\/strong> du r\u00e9cit: la foule. Mais il a aussi un autre r\u00f4le dans la Passion selon St-Jean.<\/p>\n\n\n\n Dans la dimension liturgique, le ch\u0153ur se fait le chantre des croyantes et des croyants<\/strong>. Il ponctue r\u00e9guli\u00e8rement le r\u00e9cit de chorals<\/em>, des cantiques qui viennent rappeler que l’on n’assiste pas \u00e0 un concert mais que l’on vit une c\u00e9l\u00e9bration. Ces cantiques \u00e9taient des m\u00e9lodies connues \u00e0 l’\u00e9poque. Elles \u00e9taient r\u00e9guli\u00e8rement chant\u00e9es lors des cultes. C’est encore le cas de plusieurs de ces cantiques qui figurent dans nos recueils de chants actuels et que nous entonnons volontiers le dimanche.<\/p>\n\n\n\n Ces chorals se trouvent int\u00e9gr\u00e9s au r\u00e9cit de la Passion dans la c\u00e9l\u00e9bration de Vendredi saint et permettent d’exprimer la foi des croyants et des croyantes face \u00e0 la Passion du Christ. Par ceux-ci, des liens sont faits avec la souffrance des \u00eatres humains, les tourments de la vie, la reconnaissance des p\u00e9ch\u00e9s, la confiance dans le Christ. Et \u00e0 la toute fin de l\u2019\u0153uvre, une ouverture sur l\u2019esp\u00e9rance de la R\u00e9surrection.<\/p>\n\n\n\n La St-Jean est divis\u00e9e en deux parties dans lesquelles s\u2019int\u00e8grent des chorals. Entre ces deux parties, prenait place le sermon (ou pr\u00e9dication) du pasteur. La premi\u00e8re partie se termine par un choral, la seconde d\u00e9bute par un choral. Ainsi dans la version concert, deux chorals se suivent mais initialement, ils encadraient une intervention du pasteur dont on ignore la longueur.<\/p>\n\n\n\n La dimension th\u00e9ologique de l\u2019\u0153uvre est exprim\u00e9e par les airs (aria) des solistes ainsi que deux interventions du ch\u0153ur qui ouvrent et ferment l\u2019\u0153uvre. Bach avait l\u2019interdiction d\u2019\u00e9crire de l\u2019op\u00e9ra et on peut soup\u00e7onner que les aria \u00e9taient pour lui l\u2019occasion d\u2019\u00e9crire des airs lyriques pour des solistes. Ces airs permettent d’int\u00e9grer dans le r\u00e9cit et la c\u00e9l\u00e9bration une interpr\u00e9tation actualisante<\/strong> de la Passion.<\/p>\n\n\n\n Le ch\u0153ur d\u2019ouverture proclame sans d\u00e9tour Seigneur notre souverain!<\/em> Ce \u00e0 quoi nous allons assister est le r\u00e9cit de l\u2019extr\u00eame abaissement dans lequel paradoxalement le Christ est glorifi\u00e9. Le ch\u0153ur de cl\u00f4ture prend place juste avant le dernier choral, comme une pri\u00e8re: repose en paix, le tombeau nous ouvre le ciel.<\/p>\n\n\n\n Ainsi le ch\u0153ur tient un r\u00f4le important dans la partie didactique<\/strong> de l\u2019\u0153uvre, en tant que personnage collectif: la foule. Il est le chantre les croyants et des croyantes dans la dimension liturgique<\/strong> et participe, avec les solistes par leurs airs, \u00e0 la dimension th\u00e9ologique<\/strong> en proclamant la gloire du Christ par sa mort et sa R\u00e9surrection.<\/p>\n\n\n\n En esp\u00e9rant que ces quelques \u00e9l\u00e9ments nous permettrons peut-\u00eatre de mieux saisir la force de l\u2019\u0153uvre et vous donnerons peut-\u00eatre envie de l’\u00e9couter.<\/p>\n\n\n\n Le Ch\u0153ur de Colombier-La BARC donne deux concerts: vendredi 28 mars \u00e0 19h30 et dimanche 30 mars \u00e0 20h00 au temple de Colombier. Il reste quelques places, \u00e0 r\u00e9server \u00e0 la Mercerie \u00ab\u00a0Au petit Bonheur\u00a0\u00bb, rue Haute 16 \u00e0 Colombier 032 841 24 94 ou sur place les jours des concerts.<\/p>\n\n\n\n <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Ce week-end, le Ch\u0153ur de Colombier – La BARC proposera au public l\u2019\u0153uvre magnifique de Jean-S\u00e9bastien Bach Johannes-Passion. Durant la pr\u00e9paration de ce concert, il m’a \u00e9t\u00e9 donn\u00e9 d’introduire succinctement l\u2019\u0153uvre aupr\u00e8s des chanteurs et des chanteuses. 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Trois dimensions de l\u2019\u0153uvre<\/h2>\n\n\n\n
Les personnages<\/h2>\n\n\n\n
R\u00f4les du ch\u0153ur<\/h2>\n\n\n\n
La premi\u00e8re partie reprend le r\u00e9cit de Jean 18,1-27 (arrestation de J\u00e9sus, face-\u00e0-face avec le Grand pr\u00eatre, reniement de Pierre) et se termine par le chant du coq.
La seconde partie reprend le r\u00e9cit de Jean 18,28 \u00e0 19,42 (J\u00e9sus devant Pilate, condamnation \u00e0 mort, crucifixion, mort et mise au tombeau).<\/p>\n\n\n\nEn concert<\/h2>\n\n\n\n
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