{"id":1229,"date":"2020-04-11T09:18:01","date_gmt":"2020-04-11T07:18:01","guid":{"rendered":"https:\/\/www.eren.ch\/cote\/?p=1229"},"modified":"2020-04-18T11:57:25","modified_gmt":"2020-04-18T09:57:25","slug":"11-04-2020-au-boulot-meditation-pour-le-samedi-saint","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.eren.ch\/cote\/11-04-2020-au-boulot-meditation-pour-le-samedi-saint\/","title":{"rendered":"Au boulot – m\u00e9ditation pour le Samedi saint"},"content":{"rendered":"

\u00ab\u00a0Coronavirus\u00a0: le monde entier est \u00e0 l\u2019arr\u00eat\u00a0\u00bb, dit-on. Oui et non. Oui, quand nous pensons aux multiples activit\u00e9s qui sont impossibles \u00e0 poursuivre en ce moment pour contrer la pand\u00e9mie et \u00e0 la peine de celles et ceux dont les emplois ou les entreprises sont menac\u00e9s. Non, quand nous pensons \u00e0 ces nombreux h\u00e9ros du temps de la crise. Ils sauvent des malades, assurent notre quotidien et nous permettent de garder l\u2019espoir du lendemain.<\/p>\n

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\u00a9 www.laliberte.ch<\/a> \u2013 les dessins d\u2019Alex du 24 mars 2020<\/figcaption><\/figure>\n

Le monde entier n\u2019est pas \u00e0 l\u2019arr\u00eat. Le monde d\u2019hier est \u00e0 l\u2019arr\u00eat, le monde d\u2019aujourd\u2019hui se bat pour que la vie de demain soit possible. En restant \u00e0 la maison, alors que je meurs d\u2019envie d\u2019aller prendre un peu d\u2019air fra\u00eeche au Creux-du-Van, de bavarder avec des amis autour d\u2019un verre, de jouer au ping-pong ou de me retrouver sur les bancs de l\u2019\u00e9glise avec mes amis paroissiens pour chanter \u00e0 c\u0153ur ouvert \u00ab A toi la gloire ! \u00bb au matin de P\u00e2ques… je participe aussi \u00e0 ce monde qui travaille pour demain (nous voil\u00e0 ainsi dans le dessin, dans le \u00ab etc. \u00bb).<\/p>\n

Le Samedi saint, c\u2019est justement ce temps o\u00f9 l\u2019ancien monde a d\u00e9j\u00e0 disparu et o\u00f9 le nouveau, celui que nous attendons, n\u2019est pas encore manifeste. La croix du Vendredi saint a d\u00e9j\u00e0 port\u00e9 son jugement sur le monde vou\u00e9 \u00e0 la disparition, mais la lumi\u00e8re de P\u00e2ques n\u2019est pas encore l\u00e0.<\/p>\n

De ce point de vue, le Samedi saint est la concentration m\u00eame du temps v\u00e9cu par toute cr\u00e9ature ici et maintenant. Notre existence tout enti\u00e8re est sous le signe du Samedi saint. Notre avenir a d\u00e9j\u00e0 eu lieu dans la vie, la mort et la r\u00e9surrection de J\u00e9sus-Christ, mais il n\u2019est pas encore pleinement visible. Ce \u00ab\u00a0d\u00e9j\u00e0 et pas encore\u00a0\u00bb de notre existence, l\u2019ap\u00f4tre Paul le d\u00e9crit ainsi\u00a0:<\/p>\n

Tout ce que je d\u00e9sire, c\u2019est de conna\u00eetre le Christ et la puissance de sa r\u00e9surrection, d\u2019avoir part \u00e0 ses souffrances et d\u2019\u00eatre rendu semblable \u00e0 lui dans sa mort. Et j\u2019ai l\u2019espoir que je parviendrai moi aussi \u00e0 la r\u00e9surrection d\u2019entre les morts. (\u00e9p\u00eetre de l\u2019ap\u00f4tre Paul aux Philippiens, 3,10-11)<\/p><\/blockquote>\n

L\u2019ap\u00f4tre Paul d\u00e9sire d\u2019\u00eatre, litt\u00e9ralement, \u00ab configur\u00e9 \u00bb au Christ crucifi\u00e9 et esp\u00e8re sa r\u00e9surrection. La puissance de la r\u00e9surrection du Christ est d\u00e9j\u00e0 \u00e0 l\u2019\u0153uvre mais notre r\u00e9surrection est une promesse. Notre v\u00e9ritable vie est toujours \u00ab cach\u00e9e avec le Christ en Dieu \u00bb. Alors, en attendant, que faire ?<\/p>\n

Il fut un temps o\u00f9 deux g\u00e9ants de la th\u00e9ologie du 20e<\/sup> si\u00e8cle se trouvaient en m\u00eame temps \u00e0 B\u00e2le. A la fin d\u2019une rencontre avec les \u00e9tudiants, organis\u00e9e par l\u2019aum\u00f4nerie universitaire, eut lieu un temps de questions-r\u00e9ponses. Un \u00e9tudiant leva la main et demanda\u00a0: \u00ab\u00a0Pensez-vous que l\u2019enfer existe\u00a0?\u00a0\u00bb Le plus jeune des deux th\u00e9ologiens r\u00e9pondit\u00a0: \u00ab\u00a0En toute honn\u00eatet\u00e9 intellectuelle, je ne peux pas faire autrement qu\u2019affirmer son existence. Mais j\u2019esp\u00e8re qu\u2019il est vide.\u00a0\u00bb Puis il regarda son coll\u00e8gue plus \u00e2g\u00e9. Celui-ci prit la parole\u00a0: \u00ab\u00a0En toute honn\u00eatet\u00e9 intellectuelle, moi aussi, je suis dans l\u2019incapacit\u00e9 de nier son existence. Mais je ne crois pas qu\u2019il soit vide. Il doit \u00eatre occup\u00e9 par une seule personne\u00a0: le Christ.\u00a0\u00bb<\/p>\n

Je ne pr\u00e9tends pas comprendre toute la profondeur de leurs pens\u00e9es impliqu\u00e9es dans ce dialogue. Mais une seule id\u00e9e me saisit\u00a0: si l\u2019enfer existait, si cet endroit, o\u00f9 aucune relation ne serait plus possible, existait r\u00e9ellement, le Christ serait l\u00e0 pour repousser celles et ceux qui y arrivent, afin que rien ne puisse nous s\u00e9parer de l\u2019amour de Dieu.<\/p>\n

\u00ab\u00a0[…] Il a \u00e9t\u00e9 crucifi\u00e9, il est mort, il a \u00e9t\u00e9 enseveli, il est descendu aux enfers\u00a0\u00bb, disons-nous selon le Symbole des Ap\u00f4tres. Confesser la descente aux enfers du Christ au Samedi saint, c\u2019est de reconna\u00eetre le Christ qui travaille aujourd\u2019hui dans ce monde de \u00ab\u00a0d\u00e9j\u00e0 et pas encore\u00a0\u00bb.<\/p>\n

Ainsi le Samedi saint n\u2019est pas une simple pause entre la gravit\u00e9 de la crucifixion et la joie de la r\u00e9surrection, comme si nous avions besoin de souffler un peu… Au contraire, il est le temps o\u00f9 nous veillons. Ce travail intense de la veille nous invite \u00e0 voir comment Dieu \u0153uvre dans et pour ce monde et pr\u00e9pare P\u00e2ques, le passage de toute la cr\u00e9ation vers le nouveau ciel et la nouvelle terre.<\/p>\n

Au matin de P\u00e2ques, nous crierons de joie\u00a0: \u00ab\u00a0Le Christ est ressuscit\u00e9. Il est vraiment ressuscit\u00e9.\u00a0\u00bb En attendant, en ce jour de Samedi saint, nous chuchotons\u00a0: \u00ab\u00a0Chut\u00a0! Il est l\u00e0, il travaille dans les larmes et la sueur aupr\u00e8s des pauvres, des d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9s, des ch\u00f4meurs, des malades, des endeuill\u00e9s, des r\u00e9fugi\u00e9s, des noy\u00e9s, des angoiss\u00e9s, des abandonn\u00e9s, des cyniques, des prisonniers, des sans-papiers, des sans-esp\u00e9rance… Il est temps que nous le rejoignions.\u00a0\u00bb Il est temps pour ce rude travail\u00a0: esp\u00e9rer.<\/p>\n

Le 11 avril 2020, Hyonou Paik<\/p>\n

Petit bonus<\/em><\/p>\n

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