Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura au contraire la lumière de la vie.
Comment évoquer l’émotion suscitée par la nouvelle de la résurrection de notre Seigneur?
Comment partager cette joie avec ceux à qui il n’a pas été donné de croire et de se réjouir avec la communauté des croyants?
Comment prendre conscience de la profondeur de cet heureux événement pour lequel nous rendons grâce à Dieu?
Il est mort. Le matin de ce Vendredi-Saint, j’ai lu l’Evangile de Jean, ma voix amplifiée, devant la vaste assemblée réunie en la Collégiale.
Crucifie-le! Crucifie-le!
Donner le ton à cette cruauté de la foule qui demande la mort de Jésus… qu’aurai-je fait en ce jour? aurais-je pu me désolidariser de ce cri unanime de condamnation?
Alors la servante, la portière, dit à Pierre: Toi aussi, n’es-tu pas des disciples de cet homme? Il dit: Je n’en suis point.
Nier avec Pierre… qu’aurais-je dit en ce jour? n’aurais-je pas préféré me chauffer au coin du feu plutôt que m’engager à la suite du Christ?
Ce Vendredi-Saint, nous avons médité au Temple du Bas. En marchant dans le labyrinthe lumineux, en silence, nous avons pris conscience du don que Christ a fait de sa vie. Chaque station du chemin de croix était l’occasion d’évoquer nos limites humaines, de prier pour notre pardon, d’humblement demander à l’Esprit d’ouvrir nos cœurs, de nous transformer pour que nous puissions, en vérité, suivre le Christ qui est le chemin vers la vie.
Que le samedi m’a semblé lourd, long, pénible… Les prouesses musicales de Simon Péguiron qui a fait chanter les notes de Bach sur l’orgue de la Collégiale n’ont pas réussi à m’ôter ce sentiment de vacuité, de désarroi.
Seigneur, Seigneur, pourquoi m’as-tu abandonné?
Attente troublée. Dans les ténèbres de la nuit, j’ai peu dormi avant de prendre le chemin du parvis de la Collégiale autour de 5h. Une petite bruine tombait, nous étions là, dans le noir…
Mais déjà un feu nous éclairait, déjà quelques flambeaux guidaient nos pas, déjà la lecture de la Genèse, de l’Exode, des prophètes et de Paul nous disaient la fidélité de Dieu pour les hommes.
La nuit… elle baigne la Collégiale. Que ses voûtes semblent hautes, que ses pierres semblent sombres, que ses vitraux semblent opaques…
Mais s’allume alors le cierge pascal et une incroyable nouvelle parvient, triomphale, à nos oreilles
Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité!
Dans la louange, nous sommes portés par le chant, revivifiés par la communion à notre Seigneur actualisée dans la cène.
Dans la réalité de sa présence vivante aujourd’hui nous sortons de l’église…
Oui, Christ est la lumière du monde.
Oui, nous ne marchons pas dans les ténèbres.
Oui, en lui, nous avons la vie.
Cette aube merveilleuse nous emplit d’amour et nous pouvons redire avec le psalmiste
Seigneur, notre Seigneur,
Que ton nom est magnifique
par toute la terre !
Mieux que les cieux, elle chante ta splendeur !
L’aube, assurance d’un jour nouveau, donnée pour nous comme Christ s’est donné afin que nous ayons la vie.
Certains de mes proches se sont levés bien après l’aube. Le jour était là, mais l’ont-ils seulement remarqué?
Je suis heureuse, et je sais que pour ceux qui ont partagé le petit déjeuner à la Salle des Pasteurs, cette joie était partagée.
Le jour se lève pour l’humanité entière, mais nous avions la chance de pouvoir nous en réjouir, de rendre grâce et de le vivre comme un don extraordinaire, mystérieux.
Nous goutons avec la confiture le bonheur de vivre dans l’amour de Dieu.