Semaine du 1er au 7 août 2016. Lecture estivale. Récits d’un pèlerin russe (5)

 

pèlerin

Prenez garde que personne ne rende à autrui le mal pour le mal;
mais recherchez toujours le bien, soit entre vous, soit envers tous.
Soyez toujours joyeux.
Priez sans cesse.
Rendez grâces en toutes choses, car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ.

(1 Thessalonicien 5, 15-18)

Lundi 1er août

Bonjour,

avant de reprendre l’histoire de notre pèlerin, je souhaite, en ce jour de fête nationale, prier pour notre pays et vous invite à partager votre prière personnelle en postant un commentaire.

Seigneur,

pour nous chrétiens qui habitons la Suisse,

que notre amour pour notre pays soit le reflet de ton amour en Jésus-Christ, qu’il nous anime pour le service de notre prochain, soucieux de nos pauvres, nos veuves et nos orphelins, proches de ceux qui souffrent.

A nous aussi de rester ferme face aux dirigeants comme l’a été Jésus face aux autorités, à nous de placer ta Parole au-dessus de toutes les paroles humaines.

Que ton Esprit ouvre nos coeurs et nous donne la force de sans cesse proclamer l’Evangile libérateur, de nous conduire et d’amener aussi notre prochain à suivre le Christ qui nous appelle à la vérité, nous montre le chemin et nous donne la vie.

Amen

Mardi 2 août

Suite au récit du capitaine que nous avons entendu la semaine passée, le pèlerin prends la parole…

J’écoutais avec plaisir ces propos du capitaine et lui dis :
— J’ai connu un cas semblable : dans notre village, à la fabrique, il y avait un excellent ouvrier, très versé dans son métier ; mais, pour son malheur, il buvait et souvent.
Un homme pieux lui conseilla, à chaque fois qu’il aurait envie d’eau-de-vie, de réciter trente-trois prières de Jésus en l’honneur de la Très Sainte Trinité et d’après les années de la vie terrestre de Jésus-Christ. C’est ce qu’il fit et il cessa bientôt de boire. Et ce n’est pas tout : trois ans après, il entrait au monastère.
— Et qu’est-ce qui vaut plus – demanda le capitaine – la prière de Jésus ou l’Évangile ?
— C’est tout un, répondis-je. L’Évangile est comme la prière de Jésus : car le nom divin de Jésus-Christ enferme en lui toutes les vérités évangéliques. Les Pères disent que la prière de Jésus est le résumé de tout l’Évangile.
Puis, nous dîmes les prières ; le capitaine commença à lire depuis le début l’Évangile de Marc et je l’écoutai en faisant oraison dans mon cœur. Le capitaine termina sa lecture à deux heures du matin et nous allâmes nous coucher.

Mercredi 3 août

Selon mon habitude, je me levai tôt le matin ; tout le monde dormait ; le jour commençait à peine que je me plongeai dans ma chère Philocalie. Avec quelle joie je l’ouvris ! Il me semblait avoir retrouvé mon père après une longue absence ou un ami ressuscité des morts. Je l’embrassai et remerciai Dieu de me l’avoir rendue ; je commençai à lire Théolepte de Philadelphie dans la
deuxième partie de la Philocalie. Je fus étonné de voir qu’il propose de se livrer au même moment à trois ordres d’activité : assis à table, dit-il, donne à ton corps la nourriture, à ton esprit la lecture et à ton cœur la prière.

Mais le souvenir de la bienfaisante soirée de la veille m’expliquait pratiquement cette pensée. C’est alors que je compris le mystère de la différence entre le cœur et l’esprit. Lorsque le capitaine se réveilla, j’allai le remercier de sa bonté et lui dire adieu. Il me versa du thé, me donna un rouble d’argent et nous nous séparâmes. Je repris ma route tout joyeux.

Jeudi 4 août

Au bout de la première verste, je me souvins que j’avais promis aux soldats un rouble, que je me trouvais posséder maintenant. Fallait-il le leur remettre ou non ? D’un côté, me disais-je, ils t’ont frappé et volé, et ils n’en peuvent rien faire, puisqu’ils sont arrêtés. Mais d’autre part rappelle-toi ce qu’écrit la Bible : Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger. Et Jésus-Christ lui-même dit : Aimez vos ennemis et encore Si quelqu’un veut t’arracher ta robe, donne-lui aussi ton manteau. Ainsi persuadé, je revins sur mes pas et j’arrivai à la maison d’étape au moment où le convoi se formait pour repartir : je courus vers les deux malfaiteurs et leur glissai mon rouble dans la main en disant :
— Priez et faites pénitence ; Jésus-Christ est l’ami des hommes. Il ne vous abandonnera pas !
Je m’éloignai sur ces mots et repris ma route dans l’autre sens.

Vendredi 5 août

Après avoir fait cinquante verstes sur la grand’route, je m’engageai dans les chemins de campagne plus solitaires et plus propres à la lecture. Longtemps, j’allai par les bois ; de temps à autre, je rencontrais un petit village. Souvent, je m’installais pour toute la journée dans la forêt à lire la Philocalie ; j’y puisais des connaissances étonnantes et profondes. Mon cœur était enflammé du désir de s’unir à Dieu par la prière intérieure que je m’efforçais d’étudier et de contrôler dans la Philocalie ; en même temps, j’étais triste de n’avoir pas trouvé un abri où je pourrais me livrer à la lecture en paix et sans interruption.
A cette époque, je lisais aussi ma Bible et je sentais que je commençais à la mieux comprendre ; j’y trouvais moins de passages obscurs. Les Pères ont raison de dire que la Philocalie est la clé qui découvre les mystères ensevelis dans l’Écriture. Sous sa direction, je commençais à comprendre le sens caché de la Parole de Dieu ; je découvrais ce que signifient l’homme intérieur au fond du cœur, la prière véritable, l’adoration en esprit, le Royaume à l’intérieur de nous, l’intercession de l’Esprit-Saint; je comprenais le sens de ces paroles :
Vous êtes en moi

donne-moi ton cœur

être revêtu du Christ

les fiançailles de l’Esprit dans nos cœurs

l’invocation Abba Père et bien d’autres.
Quand en même temps je priais au fond du cœur, tout ce qui m’entourait m’apparaissait sous un aspect ravissant : les arbres, les herbes, les oiseaux, la terre, l’air, la lumière, tous semblaient me dire qu’ils existent pour l’homme, qu’ils témoignent de l’amour de Dieu pour l’homme ; tout priait, tout chantait gloire à Dieu ! Je comprenais ainsi ce que la Philocalie appelle « la connaissance du langage de la création », et je voyais comment il est possible de converser avec les créatures de Dieu.

 

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