Semaine du 22 au 28 août 2016. De la vie communautaire.

 

retable_wittenbergSur l’amour fraternel, vous n’avez pas besoin qu’on vous écrive; car vous avez appris vous-mêmes de Dieu à vous aimer les uns les autres [….] Mais nous vous exhortons, frères, à faire encore de nouveaux progrès »

(1 Th 4, 9)

Bonjour,

cet été, j’ai lu l’essai de Dietrich Bonhoeffer De la vie communautaire qui m’a frappé tant il me semble encore pertinent par certains aspects. Je souhaite donc au fil de la semaine vous proposer quelques extraits de ce texte et le mettre en résonance avec notre vue paroissiale d’aujourd’hui. J’ai la certitude que nous sommes appelés à « faire encore de nouveaux progrès » comme nous le dit Paul dans le domaine de l’amour que nous nous portons en Christ, et Bonhoeffer me semble de bon conseil…

Lundi 22 août

Bonjour,

Lorsque samedi soir, j’ai préparé la série de citations de Bonhoeffer que je souhaite partager avec vous cette semaine, je ne m’attendais pas à ce qu’au culte de dimanche, Delphine Collaud prenne précisément appui sur le théologien allemand pour nous parler de la communauté chrétienne notamment décrite dans les Actes des Apôtres…

Je ne crois pas au hasard, et les propos de notre chère pasteur me l’ont confirmé : nous avons besoin, dans notre paroisse de Neuchâtel et plus largement, de revoir les bases de ce qu’est la communauté chrétienne. Notamment de faire la différence entre nos propres idées de ce qu’elle devrait être et la réalité, certes un peu rude parfois, de ce qu’elle est.

La communauté chrétienne n’est pas la somme de nos volontés humaines, elle ne doit pas devenir une mini « société », un « club » de gens qui se reconnaissent dans des intérêts communs. Christ n’est pas un loisir, et comme le disait Delphine Collaud, on ne va pas à l’Eglise comme on va à son club de sport ou à un café-gourmand avec ses amies. Non, si nous sommes réunis le dimanche, c’est pour le Christ et par le Christ, c’est lui qui nous invite.

Nous sommes frères et sœurs en Christ, et ce statut ne va pas de soi. C’est une bénédiction de Dieu qui nous réunit, non pour nos attirances physiques comme dans une discothèque, non pour les idées que nous partageons, même si celles-ci sont « bonnes », comme le souci du pauvre, etc. Non. Nous soucier du pauvre ou partager le bonheur d’écouter de la musique, ou même nous plaire physiquement : tout cela est humain et procède souvent de nos propres désirs purement psychiques ou physiques…

En Christ, nous sommes appelés à vivre tout cela, mais sur un autre plan, le plan spirituel. La communauté chrétienne naît de l’Amour manifesté en Jésus-Christ. Je me soucie du pauvre, non par compassion ou parce que cette personne me touche par le récit de malheurs poignants, mais car Christ m’aime et l’aime lui aussi d’un même amour inconditionnel. En Christ, et seulement en lui, je pourrai fonder mon amour pour le prochain dans la vérité et dans la vie. Je pourrai certes venir en aide à cette personne, l’aider à trouver un travail, lui redonner courage, mais cela ne sera vrai et bon que si cette relation est fondée dans l’Amour manifesté en Jésus-Christ. Ce n’est qu’en m’ouvrant à sa présence, humble devant cette réalité merveilleuse et confiante dans sa promesse d’être avec nous par son Esprit aujourd’hui que je pourrai aimer en vérité mon prochain et avec lui former communauté.

La communauté chrétienne, nous rappelle Bonhoeffer, ne va pas de soi. Elle est une bénédiction de Dieu, et je vous propose ce lundi de faire nôtre le passage suivant :

Il faut donc que celui qui peut mener jusqu’à cette heure une vie chrétienne commune avec d’autres chrétiens loue la grâce de Dieu du plus profond de son cœur, remercie Dieu à genoux et reconnaisse : c’est une grâce, une pure grâce, de pouvoir vivre aujourd’hui encore dans la communauté de frères chrétiens (Dietrich Bonhoeffer)

Mardi 23 août

Le fait que nous sommes frères seulement par Jésus-Christ est d’une importance incalculable. Ainsi, le frère n’est pas l’autre sérieux et pieux, assoiffé de fraternité, qui me fait face, et avec qui je vais avoir affaire dans la communauté ; le frère est l’autre, sauvé par le Christ, absous de son péché et appelé, comme moi, à la foi et à la vie éternelle.  […] Le frère pécheur aussi n’est-il pas toujours le frère avec lequel je me tiens solidairement sous la parole du Christ et son péché n’est-il pas pour moi l’occasion de rendre grâce sans cesse pour le fait que nous avons tous deux le droit de vivre sous l’amour et le pardon de Dieu en Jésus Christ ? (Dietrich Bonheoffer)

Bonjour,

J’ai choisi ce passage qui me permet de préciser ma pensée d’hier. Je pense en effet que nous avons de la peine à aimer notre prochain en Christ. Nous donnons une trop grande part à nos sentiments personnels et notre intelligence.

Combien de fois disons-nous ne pas pouvoir collaborer avec tel et tel car nous sommes « incompatibles » ? sans chercher à voir l’autre tel qu’il est, à faire un petit effort pour surmonter nos différends…

Combien de fois rechignons-nous à modifier nos habitudes de célébration lorsqu’un pasteur invité pratique une liturgie un peu différente? sans chercher à vivre avec curiosité une façon nouvelle de rendre grâce à Dieu…

Combien de fois nous plaignons-nous pour de petites contrariétés issues de nos relations communautaires? sans nous rendre compte que ce sont des broutilles face à l’amour de Christ pour nous…

Gilles Boucoumont, lors de son séminaire donné à la salle des pasteurs cet été a donné un exemple en ce sens : « Si, un dimanche, quatre jeunes drogués viennent au culte dans votre temple, combien de paroissiens se réjouiront que le Christ les ait appelés ? Combien s’affoleront et se tritureront les ménages pour savoir comment réagir, voir les soupçonneront de vouloir déranger la bonne marche du culte ? »

Je le reconnais moi-même. Lorsque je me trouve face à l’alcoolique qui braille dans l’ascenceur de la gare de la Chaux-de-Fonds, il est rare que je me dise qu’il est aimé de Dieu, comme moi… Il est rare que je me dise que je suis appelée à le considérer avec amour, à lui donner une Parole qui soit de Dieu, et prier pour qu’il s’ouvre à laisser l’Esprit agir en lui pour que cette parole le guérisse ? Souvent je pense, à ma grande honte, « ne pourrait-il pas aller boire et brailler ailleurs ? »

Mais, et c’est en un sens pire, je réagis également ainsi face à mes frères et sœurs de la paroisse… Le dernier exemple en date est le suivant : je n’ai pas réagi à des critiques faites à X, un de nos paroissiens. Cette personne faisait l’objet de remontrances sur son attitude « défaillante » : on ne peut pas « compter » sur elle, etc. Je me suis tue… alors que j’aurais dû affirmer avec force ce que Bonhoeffer dit dans ce passage : « X est ma sœur/mon frère que Christ a sauvé, et appelé, comme nous, à la foi et à la vie éternelle ». J’aurais ainsi mieux compris que notre rôle n’était pas de juger ou de critiquer, mais de « nous tenir fraternellement sous la parole du Christ », à savoir, dans le cas présent, pardonner et chercher ensemble, avec X, comment redéfinir son rôle, comment l’aider à mieux vivre avec nous la Parole. C’était à nous, la majorité de la communauté, de rendre grâce pour la présence d’X parmi nous, et de prier ensemble pour lui/elle, de lui manifester notre amour en Christ.

Cependant, je dois dire aussi que de nombreux moments vécus dans la communauté me semblent refléter l’amour et le pardon reçus en Christ. Ainsi, j’ai été très heureuse de nous voir tous d’un même cœur accueillir les touristes en visite sur l’esplanade de la Collégiale pour un café et un dessert lors de notre repas de la rentrée… Je suis donc loin d’être découragée, et je me dis que l’exhortation de Paul placée en exergue pour cette semaine de réflexion nous est, au-delà du temps de sa rédaction, adressée directement : « nous vous exhortons, frères, à faire encore de nouveau progrès »…

Je terminerai cette réflexion par une prière.

Seigneur,

viens à notre secours, et ouvre-nous à la réalité de ta présence parmi nous… Pardonne-nous de l’ignorer et de tout juger selon nos affects, notre intelligence, notre « morale ».

Christ, je t’en prie, que ton Esprit soit à l’œuvre chaque jour un peu plus en nous afin que nous ne jugions pas nos frères et sœurs mais que nous puissions leur dire, comme tu l’as dit à l’aveugle : « Que veux-tu que je te fasse ? » (Marc 10, 51 ; Luc 18, 41).

Ancre en nous la Parole que Paul adressa à ses contemporains, et soutiens-nous dans nos efforts communautaires pour « faire encore de nouveaux progrès ».

Seigneur je rends grâce, toi qui m’a donnée de trouver une communauté de frères et sœurs en Christ dans la paroisse de Neuchâtel, garde-nous et guide-nous selon ta volonté.

Amen

Je vous souhaite une très belle journée

Cécile

Mercredi 24 août

Celui qui rêve de l’image idéale d’une communauté, celui-là exige de Dieu, des autres, et de lui-même qu’elle se réalise. Il se présente dans la communauté des chrétiens avec ses exigences, érige une loi qui lui est propre et en fonction de laquelle il juge les frères et Dieu lui-même.[…] Dieu nous a reliés ensemble dans un seul corps en Jésus Christ, c’est pour cette raison que nous entrons dans la vie communautaire avec d’autres chrétiens non avec nos exigences, mais avec gratitude et prêts à recevoir. (Dietrich Bonhoeffer)

Bonjour,

L’image que je me fais de Dieu, j’essaye chaque jour de l’effacer pour que je puisse me laisser transformer par lui et non que je l’enferme dans mes représentations… mais que c’est difficile…

De même face à ma représentation de ma communauté : je la rêve heureuse, accueillante, visible au sein de la société. Je m’y engage, notamment en participant à ses projets et en étant membre de son conseil…

Pas plus tard qu’hier, j’ai proposé un projet de fête paroissiale et je dois me rendre à l’évidence : je ne sais ni si nous avons l’énergie pour le faire, ni si elle apportera de la joie pour nos paroissiens, ni si elle sensibilisera la société civile à notre présence au milieu d’elle…

L’image idéale de cette fête, je l’ai esquissée dans un dossier de présentation… Je dois, je crois, m’en défaire. Je suis par contre heureuse des nombreuses ouvertures possibles de ce projet… En effet, j’ai volontairement été un peu « vague » afin que, si nous entreprenons de réaliser cet événement paroissial, le comité de personnes qui se réunira pour l’organiser puisse se laisser guider au fil de la préparation…

Pour ce projet comme pour ma vie, je ne peux que souhaiter, avec Bonhoeffer, que « j’entre dans la vie communautaire avec d’autres chrétiens non avec mes exigences, mais avec gratitude et prête à recevoir ».

Je crois que nous pouvons méditer cette dernière phrase, et la rappeler à nos esprit lorsqu’il s’agit de penser à notre paroisse et ses activités, ainsi le dialogue pourra être riche et les solutions innovantes !

Bien à vous,

Cécile,

qui aime sa paroisse telle qu’elle est et se réjouit de contribuer à ce qu’elle est appelée à devenir, quel que soit cet avenir…

Jeudi 25 août

Bonjour,

Hier je parlais donc de recevoir mon prochain comme mon frère et ma sœur, et soulignais à quel point il est difficile de ne pas mélanger nos désirs et nos idéaux sur Dieu et notre prochain avec la réalité et Sa vérité qui nous dépassera toujours. Bonhoeffer propose une façon d’aller vers ce plein accueil d’accueil de l’autre… En pratique, il s’agit de refuser de juger, ne pas émettre nos pensées de jugement.

Dieu ne veut pas que je façonne l’autre selon l’image qui me paraît bonne, c’est-à-dire selon ma propre image, mais, dans sa liberté par rapport à moi, Dieu l’a fait selon son image. Je ne puis jamais savoir à quoi ressemblera l’image de Dieu dans l’autre ; elle prend sans cesse une forme absolument neuve, fondée uniquement dans la libre création de Dieu. Cette image pourra me sembler insolite et même très peu divine. C’est que Dieu a créé l’autre à l’image de son Fils, du Crucifié, et cette image m’a semblé elle aussi vraiment peu très peu familière et très peu divine, jusqu’à ce que j’en ai compris le sens. (Dietrich Bonhoeffer)

Après avoir lu ce passage, j’ai essayé cette « méthode » et je suis profondément ébahie de son efficacité. Hier, par exemple, je m’inquiétais pour mon travail de thèse, je me demandais si j’allais y arriver. Je me jugeais assez durement en me disant que j’aurais vraiment honte d’avoir été rémunérée comme assistante si je ne rendais pas ce travail. Vis-à-vis de moi-même, j’ai pris peur de ne pas « être à la hauteur », de manquer de capacités, de me tromper dans mes choix d’écriture, etc. J’ai obligé ces pensées à se taire, et je me suis dit : « tu es fille de Dieu », puis « Dieu, ce n’est pas celui qui a couronné  l’existence de son Fils en lui donnant dans les derniers instants de sa vie d’homme de recevoir les honneur d’une assemblée à défendre une thèse. Non, Christ est celui qui s’est laissé crucifier au nom de son amour, et que le Père a laissé mourir avant de le ressusciter en lui »…  cette image de Jésus sur la Croix s’est substituée à l’image d’une grande cérémonie officielle où Jésus aurait reçu les honneurs du peuple et des pharisiens pour sa nouvelle façon de concevoir Dieu… Quelle force ! quelle transformation !

D’une part, je me suis rendu compte de la chance que j’avais de pouvoir mener mon travail de thèse tout à l’abri des besoins fondamentaux par le salaire que je reçois, soutenue par mes proches, par mon directeur de thèse et par mon université.

D’autre part, je me suis rendu compte que Dieu m’appelait peut-être à autre chose que devenir Docteur ès Lettres… Je ferai de mon mieux, je persévérerai, mais jamais, à l’avenir, je ne verrai ma raison d’être dans la réussite de ma thèse. Je suis appelée à être enfant de Dieu, un Dieu qui m’aime au-delà de mes réussites ou de mes échecs. Je peux donc entrevoir un juste équilibre entre un travail sérieux, certes, mais qui ne m’empêche à aucun moment de vivre de l’amour de Dieu, de puiser ma force en Lui, d’aller, à la suite du Christ, de la mort à la vie. Et ce chemin de renouveau, qu’il aboutisse ou non à une carrière en lettres, doit avant tout me permettre d’être disponible pour l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Il sera mon roc, et si je sens que je m’éloigne, je prierai pour qu’il m’enracine chaque jour davantage dans son amour duquel tout procède.

Une voix « diabolique », au sens de « qui sépare » m’a soufflé : « ce n’est qu’une excuse pour renoncer et te laisser aller à la paresse ». J’ai refusé cette pensée, et ce matin, je remarque en moi une disponibilité nouvelle pour mon travail. Je me sentais submergée, et maintenant ma thèse est ramenée à un simple élément de ma vie, que je remets en confiance au Seigneur qui lui seul a droit de prendre toute la place en mon corps, mon cœur et mon esprit.

Je rends grâce au Christ qui détruit toutes nos prétentions humaines orgueilleuse. Je rends grâce à sa Croix qui me rappelle que Dieu ne se révèle pas où je l’attends, que rien ne sert de le chercher tout azimut car il est là, avec moi, et qu’il m’a promis de me garder par son Esprit si toutefois je lui laisse assez de place en moi pour agir.

J’applique cette « méthode » de Bonhoeffer depuis quelques temps déjà, et je remarque à quel point mon amour pour le prochain peut toujours prendre le dessus. Une personne m’a mise en colère dernièrement, elle s’est montrée injuste envers moi. Je me suis dit avec force : « cette personne est enfant de Dieu, comme moi ». Je n’ai pas pour autant accepté l’injustice, mais j’ai pu exprimer mon mécontentement sans me laisser aller à des sentiments haineux, sans volonté de réparation ni envie de vengeance. J’ai simplement signifié que je refusais son jugement, et je lui ai rappelé que la vérité est seule connue du Seigneur. Je lui ai dit d’aller en paix, et proposé de méditer, chacune de notre côté, sur ce qu’elle m’avait dit, de nous demander si son jugement n’était pas le signe qu’elle ne m’acceptait pas telle que je suis, et s’il reflétait réellement la Parole ou émanait de ses désirs et ses idéaux personnels. Je verrai quels fruits portera mon attitude, tout ce que je peux dire pour l’instant c’est que j’ai pu écouter son jugement tout en le tenant à distance. Dans la prière, la méditation et la lecture des Ecritures, je demande au Seigneur qu’il me fasse connaître ce que je suis appelée à être, si je dois changer mon attitude suite à la remarque de cette personne, ou si elle qui est appelée à changer de vue sur moi. Tout ce cheminement se fait dans la confiance et dans le désir de suivre le Christ en qui je n’aurai, je crois, aucune peine à accueillir cette critique si elle s’avère bonne à l’aune de l’amour de Dieu et de mon prochain… je me laisserai transformer en conséquence.

Voilà pour aujourd’hui,

Que votre journée soit belle et pleine de surprises de la part de notre Dieu qui ne se laisse jamais prévoir !

Cécile

Vendredi 26 août

Bonjour

Nous avons vu hier que nous pouvions mettre en place pour nous-mêmes et dans la communauté une pratique consciente du non-jugement de nous-mêmes, de l’autre et avant tout de Dieu.

J’avais envie d’aborder aujourd’hui un dernier point de difficulté pour moi qui cherche à vivre en vérité dans ma communauté. J’ai parfois l’impression que je suis tellement appliquée à cheminer avec et pour ma communauté que j’en oublie qu’elle doit aussi et peut-être avant tout être ouverte à l’extérieur. Lorsque je suis au CP, je réfléchis souvent à ce que nous pouvons faire pour nos ministres, pour nos paroissiens, bref, c’est de ma communauté que je me préoccupe d’abord.

Il me semble manquer en cela à un but essentiel : la communauté de Christ a comme raison d’être la louange de Dieu, mais aussi et surtout l’annonce de son Evangile en Jésus Christ. Il me semble parfois que, cherchant le bien de ma communauté, j’oublie qu’elle est avant tout appelée à être un lieu d’accueil des brebis perdues, à leur annoncer que nous avons trouvé le bon berger qui prendra soin de nous.

Bonhoeffer parle longuement dans son introduction à De la vie communautaire de cette articulation entre la vie entre chrétiens et la vie dans le monde. Il en fait d’ailleurs la structure de son ouvrage. Dans les premiers chapitres, il parle de la communauté déjà constituée, et dans les derniers, de la vie de la communauté au milieu du monde. L’équilibre est délicat : si la communauté est souffrante elle ne pourra refléter l’amour de Christ dans le monde, mais il est également très probable que si elle souffre, c’est de ne pas réussir à être lumière du monde.

Je donnerai un exemple concret. Souvent dans la paroisse revient la nécessité de changer la répartition des cultes pour attirer davantage de monde. Nous réfléchissons aux horaires, faut-il faire des cultes le dimanche soir, en semaine, etc. Mais, il reste que nous ne sommes pas présents au milieu du monde, et si nouveaux horaires il y a, seuls les paroissiens en sont informés. Nous avons étendu l’offre des cultes de l’enfance, mais seuls les parents déjà membres actifs de la paroisse sont mis au courant, etc. Nous déléguons volontiers l’accueil social au CSP où à l’aumônerie de jeunesse qui sont certes très qualifiés, mais dont l’annonce de l’Evangile vient à la fin de la liste de leurs tâches. Je me demande par exemple si nous ne devrions pas, en tant que paroissiens, faire le lien entre les personnes accueillies par l’aumônerie et notre communauté, aller les rencontrer et ne pas seulement les observer de loin, aller leur dire qu’au nom de l’amour de Christ nous serions heureux de les accueillir dans nos activités paroissiales, au culte… Et il me semble que, si nous arrivions à nous ouvrir ainsi à l’extérieur, nous apporterions un souffle nouveau à notre communauté : là est peut-être sa guérison, là est peut-être la solution pour que, comme nous dit Paul cette semaine, « nous fassions de nouveaux progrès » dans l’amour.

Je termine donc cette semaine par regretter notre « réclusion », un mot dur mais qui me semble malheureusement refléter en partie la situation de notre communauté. Et, pour varier les voix, je reprendrai Bonhoeffer qui lui-même reprend Luther, pour nous exhorter à l’ouverture, jusqu’à accueillir même nos « ennemis » :

 Le règne du Christ doit s’établir au milieu de tes ennemis. Ne pas pouvoir souffrir cela, c’est ne pas vouloir être de sa seigneurie mais vivre entouré d’amis, assis parmi les roses et les lis, loin des méchants, dans un cercle de gens pieux. Oh ! vous qui blasphémez et trahissez le Christ ! Si Christ avait fait comme vous le faites, qui donc aurait pu être sauvé ?  (Luther)

Bien à vous

Cécile

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