Semaine du 24 au 30 octobre 2016. Inclure et reconnaître la diversité en Eglise (2)

 

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Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites.

(Matthieu 25, 40)

Bonjour

cette semaine, je livrerai le résumé de la deuxième partie de la journée de réflexion organisée par la Maison Verte, le Carrefour des Chrétiens Inclusifs, The American Cathedral in Paris, la Mission Populaire Evangélique de France, D&J, avec le soutien de «Réforme, hebdomadaire protestant d’actualité» s’est tenue lundi 17 octobre 2016 à l’Institut protestant de théologie (IPT) de Paris.

Après la matinée théorique et biblique, il a été question l’après-midi de rendre compte de réalités concrètes vécues par les Eglises sur leur chemin vers l’inclusivité que je vous propose de découvrir cette semaine,

Bien à vous

Cécile

Lundi 24 octobre

Bonjour,

nous verrons aujourd’hui avec Rémy Bethmont comment la nouvelle liturgie épiscopalienne du mariage inclusif a permis de repenser dans son ensemble le sens du mariage chrétien: un cheminement réflexif susceptible d’intéresser même ceux et celles qui ne se sentent pas directement concernés par l’union LGBT.

Liturgie de mariage pour tous

La branche américaine de l’Église anglicane a mis en place une liturgie de mariage destinée aux couples de même sexe, susceptible par ailleurs de convenir tout aussi bien à un couple hétérosexuel. L’élaboration de cette liturgie s’est faite en deux temps : entre 2009 et 2012, elle a proposé une bénédiction « d’alliance », puis, retravaillée entre 2012 et 2015 elle a abouti à une révision lui donnant officiellement le titre de « mariage ». Heureusement pour l’Église épiscopalienne dont la reconnaissance d’une telle union aurait été impossible sans être conforme avec la législation d’Etat, les USA ont accepté quelques jours après le mariage pour tous.

Rémy Bethmont explique que ces années de travail ont non seulement été la résolution heureuse d’une lutte pour la reconnaissance de l’union des couples de même sexe, mais ont également remis au premier plan la question de la pertinence du mariage chrétien en général. En effet, pour préparer cette liturgie, la commission de travail s’est penchée sur les formes d’alliances présentes dans la Bible.

L’alliance vs le mariage bourgeois

Eugene Rogers avait dégagé deux modèles d’union : celui de l’amitié et celui du mariage. Aux relations intimes dont la Bible se fait le témoin, il oppose le mariage bourgeois, paternaliste et capitaliste qui est d’usage dans nos sociétés occidentales. Vasey a développé cette critique du mariage bourgeois en soulignant que la société qui encourageait les rapports concurrents et virils des hommes de notre temps s’était rabattue sur le mariage pour préserver une petite sphère intime dans laquelle ce super-mâle pourrait laisser paraître sa sensibilité. Vasey oppose ainsi le mariage à la richesse des relations intimes de la Bible et le sens eschatologique que devrait, dans cette optique, revêtir le mariage.

Rogers déjà avait affirmé que la légitimité du mariage était d’incarner une espérance dans la venue du Royaume de Dieu en manifestant un don de soi à l’autre, reflet du don que Jésus-Christ a fait de lui-même pour le salut de l’humanité. C’est selon lui le don de soi qui donne son sens au mariage, et non la perspective de procréation du couple. La sexualité est alors envisagée dans cette perspective d’un don de soi à l’autre dans la confiance à l’image du don que Christ a fait de lui-même.

Repenser le sens chrétien du couple

Outre légitimer l’union d’un couple de personne de même sexe, cette vision du mariage comme don de soi a mené à repenser l’ensemble de toute relation au sein de l’Église pensée comme une « maison fondée sur l’alliance ». Le mariage est ainsi une forme d’alliance dans cette maison qu’est l’Église, alors que le monachisme en est une autre. Dans les deux cas, c’est un don de sa personne dans la perspective plus large de vivre et confesser sa foi en Christ par un engagement dans l’Église. Les vœux de mariages comme les vœux d’entrée dans la communauté monastique ont en commun une vocation eschatologique et une contribution au témoignage : c’est un engagement des personnes à participer à la vocation de l’Église et à témoigner de l’Evangile.

Cela pose évidemment la question de la pertinence du mariage hétérosexuel tel qu’il est célébré et vécu dans nos Églises… Rémy Bethmont souligne le danger qu’entre la position politique (ouverture du mariage à tous sur la base du respect et de l’égalité) et la position théologique (don réciproque de soi dans une perspective confessante au sein de l’Église), le mariage, si nous n’y prenons pas garde, ne sera que le « mariage bourgeois pour tous » alors que les perspectives ouvertes lors de ces années de recherches laissent encore l’espoir que l’Église sache rendre au mariage un sens véritablement chrétien.

Je vous laisse pour aujourd’hui, demain nous verrons comment ont été vécues ces années d’avant la liturgie ci-dessus présentée, avec Lucinda Laird, prêtre épiscopalienne qui a commencé à bénir les couples de même sexe avant l’autorisation officielle prise par son Eglise,

D’ici là je vous souhaite une très belle journée

Cécile

Mardi 25 octobre

Bonjour,

aujourd’hui je partagerai avec vous le témoignage d’une théologienne de l’Église épiscopalienne américaine, Lucinda Laird qui a pris le relais pour exprimer du point de vue de son expérience de prêtre à travers les différentes étapes de cette révision institutionnelle de son Église.

Consacrée en 1992, son ministère de prêtre commence à peine cinq ans après que les femmes aient obtenu le droit à l’ordination. Elle souligne à quel point les réticences et les rejets ont été nombreux au début de sa carrière, et explique que cette situation a certainement contribué à la rendre empathique, à l’instar de nombreuses femmes, à la cause des personnes LGBT.

l’action avant la lettre

Elle souligne donc que sa position était d’abord humaine avant d’être théologique, ce qui l’a menée à bénir pour la première fois un couple de même sexe en 1996, en toute illégalité bien sûr. Pour la liturgie d’une telle bénédiction, il fallait faire avec les moyens du bord, et le plus simple était de reprendre et modifier légèrement la liturgie traditionnelle de bénédiction de mariage. Lorsqu’elle a béni le couple formé par sa cousine et son amie, celles-ci ont elles-mêmes souhaité écrire leurs vœux et choisir la forme de liturgie ; la cérémonie ainsi dite avec leurs propres mots et d’une forme liturgique adaptée à leur union a été très émouvante. Cela dit, de nombreux couple ne se sentent pas sûrs d’eux lorsqu’il s’agit de rédiger des vœux et de choisir un déroulement liturgique et, en cela, la nouvelle liturgie officiellement reconnue par l’Église épiscopalienne est une très bonne chose, souligne Lucinda Laird.

Jusqu’à la prise de décision de 2012, Lucinda Laird a pratiqué plusieurs bénédictions de couples de même sexe bien que, sur le plan officiel, celles-ci n’aient eu aucune valeur. Une fois accepté, le mariage pour tous a néanmoins continué de susciter des réticences et des rejets. Mais les mentalités changent, sourit Lucinda Laird. Lors de son ministère au Kentucky, la communauté avait refusé qu’elle bénisse les couples de même sexe. Au service de son Église, elle s’est pliée à leur décision sans cesser de travailler à les faire revenir sur leur avis. Lorsque Jay et Clay, deux enfants de la paroisse très engagés dans l’Église ont manifesté leur souhait de s’unir… l’opinion a définitivement basculé. Mais… l’Evêque en charge du diocèse a refusé net de donner son accord. Lucide, Lucinda Laird remarque que ce dernier ne pouvait que finir par changer d’avis : sa paroisse était la plus riche du diocèse et de nombreuses autres paroisses avaient déjà rompu avec l’Église suite au refus de donner la bénédiction aux couples de même sexe. Sous la pression, le prêtre a fini par donner son accord du bout des lèvres lorsque Lucinda Laird lui a signifié, ce qui mettait en péril son poste, qu’elle donnerait la bénédiction quelle que soit sa décision.

agir à partir du concret

C’est à partir de cette riche expérience que Lucinda Laird appelle les Églises à vivre une théologie à partir du terrain, c’est pour sa part à travers son vécu pastoral qu’elle a révisé et approfondi ses positions théologiques, sans jamais cesser d’agir sur le plan relationnel concret. Par contre, la théologienne souligne à quel point elle est peinée par le mariage bourgeois tel qu’il est à la mode pour les jeunes mariés hétérosexuels qui, sans fréquenter l’Église ni confesser le Christ souhaitent s’unir en l’église pour le decorum. L’évidence avec laquelle la communauté d’abord très fermée dans le Kentucky a reconnu la légitimité chrétienne de l’union de Clay et Jay comme une véritable bénédiction l’a réjouie, en même temps que l’enracinement chrétien d’une telle union remet en cause la légitimité de nombreux mariages hétérosexuels…

le couple: une bénédiction pour tous

Pour Lucinda Laird, le mariage est un sacrement, qui ne fait que confirmer le fait que le couple incarne déjà cette bénédiction qui est à l’œuvre dans leur amour et qui, du couple, rejaillit sur la communauté entière. Signe visible d’une réalité invisible, la bénédiction fait acte de cette réalité incarnée dans l’amour que se portent les membres du couple, la confirme et toute la communauté s’associe dans la prière pour que le couple continue d’incarner cette bénédiction dans l’avenir. Lucinda Laird conclut qu’en luttant pour leurs droits, les chrétien.ne.s LGBT ont fait un précieux cadeau à l’Église : elles lui ont permis de redécouvrir le sens profond du mariage chrétien.

Sur ce témoignage exemplaire de patience, de persévérance et de foi qui peut tout et toutes nous encourager à nous engager pour faire changer les choses,

je vous souhaite une très belle journée

Cécile

Mercredi 26 octobre

Bonjour,

La dernière partie de la journée a fait place à une table ronde qui n’en était pas vraiment une: il n’y a pas eu de place pour la discussion. A été proposée par contre une très intéressante série de quatre interventions de 15 minutes sur des situations concrètes aujourd’hui.

La présentation de ce moment a été assurée par Nathalie Leenhardt, rédactrice en chef de Réforme qui a souligné que ces interventions nous aiguillent vers la réalisation concrète d’Églises inclusives en donnant des éléments de réponse à la question de savoir comment vivre et créer l’Église inclusive de demain.

Je vous propose aujourd’hui de retracer les propos d’Isabelle Bousquet…

Avec son handicap, être ensemble membres de l’Église

Isabelle Bousquet est pasteur et effectue son ministère au sein de la fondation Bost. Les personnes reçues dans l’institution, si elles ne sont parfois pas amenées à la quitter définitivement, sont néanmoins appelées à en sortir le plus souvent possible pour rejoindre la vie réelle. A ce titre, comment les inclure en Église ?

Isabelle Bousquet énumère une large palette d’exemples de problèmes (pas d’accès aux personnes à mobilité réduite), de limites (que faire face aux réactions imprévisibles de certaines personnes ?) mais aussi les refus (de donner à une personne en situation de handicap la possibilité de participer activement à la cérémonie ou à un groupe d’étude biblique). Elle énumère également les heureux dénouements de nombreuses situations : une paroisse qui s’est mise au langage des signes, une personne en situation de handicap reçue comme monitrice de l’école biblique, etc.

Isabelle Bousquet souhaite insister que l’essentiel est de porter sur l’autre un regard qui relève à l’exemple de celui du Christ. Relever, c’est donc réussir à adapter des activités, à concevoir avec chaque personne le rôle qu’elle pourra prendre dans la communauté. Mais elle souligne aussi qu’une paroisse doit avant tout oser ses limites, oser se dire incapable de réagir face à une situation, d’avouer ses peurs face à une nouvelle personne arrivée qu’elle ne sait pas, malgré toute sa bonne volonté, comment accueillir. Oser ses limites, c’est aussi reconnaître que l’on a besoin d’aide et trouver les personnes pouvant accompagner la communauté dans son désir de rendre sa paroisse inclusive au type de public qu’elle souhaite accueillir sans en avoir les moyens, sans en connaître les besoins.

Une paroisse, pour devenir inclusive, passera moins par la théorie que par la rencontre réelle des personnes qui se présentent à sa porte. Isabelle Bousquet conclut qu’il faut oser la rencontre, la rencontre de chaque personne individuellement. Le travail d’inclusivité mené pour permettre à cette personne de se sentir pleinement accueillie et reconnue portera ses fruits et ouvrira à l’accueil d’autres personnes. Pour que chacun et chacune trouve sa place, conclut Isabelle Bousquet, c’est l’ensemble de la communauté qui doit y travailler de concert avec les nouvelles personnes à accueillir, ce n’est que « tous ensemble » que l’Église se fera réellement inclusive.

Cela me pose la question: en dehors des institutions spécialisées dans lesquelles notre Eglise délègue des ministres et diacres, quel regard portons-nous sur les personnes en situation de handicap qui prennent part à la société? que savons-nous de leurs envies et leurs attentes face à notre Eglise? Favorisons-nous l’échange et sommes-nous prêts à nous mettre en marche pour les accueillir?

A ma grande honte, je remarque que je ne sais rien de mes frères et soeurs en Christ en situation de handicap, ni de ceux et celles qui sont en institutions, ni de ceux et celles qui pourraient, de façon occasionnelle ou régulière avoir envie de nous rejoindre pour les cultes ou nos activités…

Quels pourraient-être les premiers gestes d’ouverture: certainement aller à la rencontre de ces personnes en s’appuyant sur l’expérience et les connaissances de nos ministres et diacres impliqués dans les institutions qui pourraient certainement me mettre en contact avec des personnes que leur situation de handicap pourrait toutefois laisser libres de nous rejoindre… et que nous rejetons sans vraiment en avoir conscience.

Une prise de conscience, de belles paroles que je me promets, dans un avenir proche, de traduire en actes… puissions-nous être plusieurs à vouloir agir de même… et à le faire!

Si vous souhaiter m’éclairer par votre expérience, votre vécu, je serais enchantée d’avoir une porte d’entrée dans ce monde « du handicap » qu’il me reste à découvrir…

Bien à vous

Cécile

Jeudi 27 octobre

Bonjour,

un projet plus éloigné de nous géographiquement mais ô combien proche thématiquement, Corinne Lanoir professeur à l’IPT nous parle du projet Mediterreanean Hope qui a intéressé plus d’une personne dans notre paroisse, et peut certainement nous inspirer dans notre volonté d’accueillir et venir en aide aux migrants.

Accueil des migrants en Italie par l’Église méthodiste

La fédération des Églises évangéliques d’Italie s’est donné pour mission dans ses statuts de venir en aide aux migrants. En 2000, elle a monté le projet « Etre Église ensemble » dans le souci de ne pas voir des confessions se diviser autour d’appartenances ethniques, mais de réunir les différentes nationalités et cultures dans une même communauté.

Ces dernières années, nous avons tous en tête les tragiques images de Lampedusa, la fédération redouble d’énergie pour cheminer avec les migrants et son travail porte sur trois points essentiels :

  1. La vérité : rendre la réalité visible, à partir des témoignages et du suivi des personnes, et non au travers de chiffres désincarnés.
  2. Mener des actions concrètes à partir de la situation présente et dans la mesure des moyens à disposition, cela signifie ne pas avoir peur de n’être qu’une goutte dans l’océan…
  3. Militer sur le plan politique pour des changements législatifs.

L’exemple de Naples

Evoquant l’exemple de Naples, Corinne Lanoir montre comment l’Église méthodiste, ayant repéré des irrégularités dans un centre d’accueil des migrants, a découvert et dénoncé son instrumentalisation à des fins lucratives qu’en faisait la mafia. Suite au témoignage de migrants accueillis par le centre, l’Église porte plainte. La semaine suivant cette dénonciation, une quinzaine de migrants ont soudainement été condamnés sans raison apparente et contraints au renvoi. L’Église ne baisse pas les bras et offre l’asile ecclésiastique à ces personnes, milite pour le respect de leur droit auprès des autorités, et la préfecture finit par innocenter plusieurs personnes concernées. Sur cet exemple, Corinne Lanoir montre qu’une action inclusive est moins le résultat d’une théorie préalable que d’une action concrète dans une situation particulière. L’Église doit savoir réagir et prendre ses responsabilités, de se donner les moyens dans la mesure de ce qu’elle est capable de faire sans redouter l’échec ou le peu d’avancée que cela représente en regard de l’ampleur du travail à accomplir.

Certes, il faut du courage et de la persévérance, mais plusieurs exemples italiens montrent que ce type d’action mène à faire, petit à petit, évoluer les choses, comme le montre d’ailleurs le projet « Mediterranean Hope ».

Mediterranean Hope

Ce projet se focalise sur le « triangle » Lampedusa-Scicli- Maroc et a pour but d’une part de donner la parole aux gens, tant les migrants que les communautés locales touchées par les vagues d’immigration. A Lampedusa, on observe, on accueille et on suit les personnes le plus possible de façon individuelle, tandis qu’à Scicli est fondé un centre d’accueil destiné à créer une présence visible et positive des migrants dans la cité. Un important réseau d’Églises permet d’aiguiller et de prendre en charge les familles et les individus, tandis que deux nouveaux bureaux à Tanger et Rabat mettent petit à petit en place une aide en amont pour les personnes souhaitant demander l’asile en Italie puis en Europe. Ce ne sont là que quelques aspects de cet ambitieux projet… rendez-vous sur le site via ce lien.

Outre porter ce projet dans nos prières, nous pouvons certainement nous en inspirer ici… être une goutte d’eau ne doit pas nous empêcher de contribuer à agir pour remplir, ne serait-ce que d’un millimètre le vase de la solidarité, du respect et de la foi en une humanité réconciliée,

Bien à vous

Cécile

Vendredi 28 octobre

Bonjour,

pour clore le compte-rendu de cette journée à l’IPT et finir cette semaine de chronique, je partagerai avec vous l’intervention de Claude Besson qui nous a fait part des démarches allant dans le sens de l’inclusivité au sein l’Eglise catholique…

Eglise catholique et inclusivité

Claude Besson dresse un panorama de mouvements dans l’Église catholique qui manifestent d’une volonté d’ouverture et de cheminement vers l’inclusivité. L’association Réflexion et Partage, « cathos et homos », est née dans les années 2000 et montre que dans le monde catholique, bien que la doctrine fige de nombreuses initiatives, certains espaces et initiatives témoignent d’un nouveau regard d’ouverture sur le vécu des personnes homosexuelles dans de nombreux diocèses.

A côté des groupes et associations, ce sont les diocèses eux-mêmes, à l’initiative de leur Evêque, qui créent des équipes témoignant de l’ouverture à une perspective inclusive : groupes de parole, pastorale des familles et cycles de formations voient le jour partout en France. Il mentionne parmi d’autres initiatives un « chemin d’Emmaus », marche d’une journée sur le thème de l’homosexualité ouvert à tous les chrétiens du diocèses afin, le long du chemin, oser la rencontre et laisser tomber ses préjugés. Faire évoluer la doctrine, ce n’est peut-être pas pour demain, conclut Claude Besson, néanmoins de nombreux ont pris la route sur ce chemin d’évolution.

Conclusion: engagement pour et par la parole!

Pour terminer la journée, Stéphane Lavignotte nous a fait part de son expérience de l’inclusivité, et a souhaité insister sur un point concret d’une difficulté qui se pose à une Église en cheminement vers l’inclusivité : la ligne qui sépare les bonnes intentions de la possibilité de comprendre les personnes que l’on accueille. Malgré toute la bonne volonté possible, il nous est parfois impossible de cerner les besoins de l’autre. La base de l’inclusivité est donc la parole, sous plusieurs formes.

Tout d’abord, il faut dire l’inclusivité : lorsqu’une personne qui, par principe et expérience se sait de manière générale rejetée par l’Église, il faut qu’elle puisse savoir que telle ou telle paroisse est prête à l’accueillir et se donne les moyens de lui offrir cet accueil.

Parler, c’est aussi dialoguer : on ne peut pas savoir à la place des personnes ce dont elles ont besoin. Il s’agit donc d’être à l’écoute et d’aider les gens à formuler leurs besoins spécifiques, à ne pas hésiter à demander de reformuler un point qui reste flou ou vraisemblablement encore à définir, à préciser. Pour permettre un vrai dialogue, c’est un constant travail de médiation qui doit être mené entre les différents membres de la communauté afin de mettre à jour les agressivités latentes possibles des uns et des autres, de dissiper les malentendus et de sans cesse rappeler et réaffirmer l’engagement pris par la paroisse dans son projet inclusif.

Enfin, cette parole nécessaire et salutaire doit être donnée à tous. Pour qu’une communauté puisse cheminer vers l’inclusivité il faut que chacun des membres se sente partie du projet, un projet sans cesse à réexpliquer, pour contrer ce que Stéphane Lavignotte a nommé le « syndrome de Cendrillon » : on croit avoir acquis le carrosse, mais on se retrouve soudainement avec la citrouille du départ.

L’inclusivité n’est jamais chose acquise, mais un travail constant qui demande sans cesse à être remis sur le métier. De quoi se décourager ? Stéphane Lavignotte pense au contraire que nous devons nous réjouir dans l’engagement inclusif qui est sans doute au cœur de notre vocation chrétienne de reproduire le geste de Jésus qui accueillait tout le monde et ne jugeait personne comme il le dit dans sa contribution à L’Accueil radical (op.cit) à laquelle je renvoie pour compléter mon résumé un peu lacunaire suite à la fatigue de cette longue et riche journée de réflexion…

Je vous souhaite du côté de Neuchâtel un très beau week-end en espérant que ces divers sujets présentés fassent germer en vous des idées pour notre Eglise.

Dans la joie de voir que loin d’être un fossile l’Eglise (au sens large!) est bien vivante,

A bientôt

Cécile

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