À 18h ce mardi 10 mai 2016, le début de l’église ouverte au Temple du Bas a été marqué par le vernissage de l’exposition A Ticket to Paradise, une installation de l’artiste Mirei Lehmann, qui était présente parmi nous. Nous avions déjà publié un article annonçant l’exposition et présentant l’artiste et sa démarche. Ce moment nous a permis de l’entendre parler de son art et de l’expérimenter par nous-mêmes…
Sous le signe de l’Ouverture
Elisabeth Reichen, diacre de notre paroisse et commanditaire de cette exposition, a d’abord évoqué le plaisir qu’elle avait eu lorsqu’en 2012, elle avait déjà fait appel à la photographe qui avait présenté « Les Valeurs de la Vie », des photographies d’objets auxquels certaines personnes accordaient une valeur toute particulière.
Elisabeth Reichen relève que les travaux de la photographe, toujours liés à une thématique, nous questionnent et nous renvoient à nos propres expériences de vie. Je remarque pour ma part que la profondeur et l’ouverture au dialogue que suscitent les œuvres de Mirei Lehmann reflètent parfaitement la démarche de l’Eglise ouverte où chacun est accueilli avec son propre vécu et invité à partager sa vision du monde… et du Paradis…
Notre commerce avec Dieu…
L’exposition A Ticket to Paradise a déjà une histoire, puisque Mirei Lehmann avait mis en place cette installation lors des « Nuits des 1000 questions » à Bienne. L’artiste nous explique sa démarche, ancrée dans son vécu. En effet, c’est en voyant sa belle-mère marchander avec Dieu, « si je fais ci ou ça… j’irai au Paradis », que lui vient la question : que donnerai-je à Dieu pour le Paradis ?
Au fil de sa réflexion, elle dit avoir remarqué que beaucoup de chrétiens conçoivent leur relation à Dieu sous un angle commercial, et, ajoute-t-elle, même s’il s’agit de « fair trade », il est essentiel de se questionner sur notre propre rapport à Dieu… La question posée par Mirei Lehmann, si elle est ancrée sur notre relation à Dieu et à l’au-delà, renvoie également à ce que l’on serait prêt à donner pour obtenir ce que nous considérons comme le « paradis sur terre ».
La démarche de l’artiste ne nous pose pas uniquement une question profonde, elle nous invite aussi à nous plonger dans la profondeur des autres… en effet, nous sommes invités non seulement à répondre à la question en nommant ce que l’on serait prêt à offrir pour le Paradis, mais également à lire les réponses données par les précédents visiteurs.
Ouverture au dialogue…
Mirei Lehmann soulève la dimension poétique de cette installation : les mots des autres résonnent en nous et nous éveillent à d’autres valeurs…
qui parfois me touchent…
qui parfois me font sourire…
qui parfois me questionnent…
Ouverture sur sa propre vie
Deux séries de photographies de l’artiste sont présentées en bordure de l’installation. Leur thématique a priori sans lien avec le Paradis nous amène toutefois à approfondir notre réflexion sur le sujet.
À gauche de l’entrée, la série L’Arbre de la Connaissance est issue d’une commande pour laquelle Mirei Lehmann explique avoir cherché dans ses archives les photographies qui sont liées à des instants de sa vie où elle a « croqué la pomme », à savoir provoqué une « prise de conscience ».
Ces instants, « lumineux et parfois douloureux où l’on est face à une révélation » ajoute l’artiste. La lumière caractérise ces clichés, mais, ajoute Mirei, c’est également la lumière qui crée l’ombre. Une façon pour nous d’identifier nos propres instants où nous avons pris conscience d’une réalité qui nous était jusqu’alors invisible… de quoi revisiter nos propres archives photographiques.
Pour ma part, je me suis dernièrement retrouvée devant une photo de moi l’année dernière, avec vingt kilos de moins suite à une profonde dépression. Je me souviens que c’est précisément en me voyant en maillot de bain que j’ai pris conscience de ma maladie et que j’ai décidé d’agir…
Instant douloureux, mais lumineux puisque depuis, chaque jour, je suis en marche vers la guérison. Lumière du Christ dans nos vies pleines d’ombres, il me semble que la prise de conscience peut se muer en la foi qu’en Christ, tout a été accompli et que nous pouvons, lors d’instants de grâce, discerner la venue de son Règne. Voici du moins comment j’ai personnellement relié cette série de photographie à la thématique du Paradis.
À droite de l’entrée sont présentées quelques photographies publiées dernièrement dans la VP intitulées « Sur la Terre comme au Ciel »… le Paradis ne transparaît-il pas dans certains instants lumineux de notre existence ?
Ouverture au partage
Autour de l’apéritif qui a suivi la présentation de Mirei Lehmann, nous découvrons avec joie, étonnement, désapprobation parfois les différentes réponses à la question : « Que donneriez-vous à Dieu pour aller au Paradis ? ».
Comme l’a si bien dit Elisabeth Reichen, le travail de Mirei est très symbolique et permet à chacun de se l’approprier pour mieux se questionner, pour mieux dialoguer sur des questions existentielles que l’on a parfois de la peine à aborder d’emblée. J’ai noté ma propre réponse, peut-être vous touchera-t-elle si vous la tirez au hasard de votre visite prochaine au Temple du Bas…
Bien à vous
Cécile