Textes bibliques : Rom 14, 1-8 et Gal 3, 26-28
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Introduction<\/strong>
Aujourd\u2019hui il est de bon ton de ne plus trop citer les r\u00e9f\u00e9rences li\u00e9es \u00e0 un auteur, homme ou femme, qui serait impr\u00e9gn\u00e9s d\u2019un r\u00e9f\u00e9rentiel chr\u00e9tien. On cite plus facilement les humanistes, les philosophes anciens et nouveaux, les penseurs du monde contemporain d\u2019une envergure universelle.
L\u2019\u00c9glise ne trouve plus vraiment sa place dans notre \u00e9poque de religiosit\u00e9 souvent bricol\u00e9e. Un \u00e9tudiant l\u2019autre jour d\u00e9clarait : La superstition est multiple et la religion est un de ses aspects.
Je nous dis cela non pas pour nous faire peur, mais bien parce que je crois que le christianisme qui est une religion \u2013 qui par ailleurs \u00e0 encore du succ\u00e8s, je lisais la semaine derni\u00e8re, dans un \u00e9ditorial du journal \u00ab Le Temps \u00bb au sujet des Iraniens, je cite : \u00ab il se dit que les conversions au christianisme se multiplient, malgr\u00e9 le crime d\u2019apostasie. \u00bb Je nous dis cela aussi au sujet des deux textes bibliques de l\u2019ap\u00f4tre Paul que nous venons d\u2019entendre. Le christianisme comme ces deux textes ont vraiment quelque chose \u00e0 dire aujourd\u2019hui \u00e0 la soci\u00e9t\u00e9, au monde et plus particuli\u00e8rement \u00e0 chacun, chacune d\u2019entre-nous. Mais quoi ? C\u2019est ce que je souhaiterais vous dire ce matin, avec, bien \u00e9videmment, aucune pr\u00e9tention exhaustive, si ce n\u2019est celle d\u2019y croire.<\/p>\n\n\n\n
L\u2019exemple de la p\u00e9dagogie chr\u00e9tienne<\/strong>
Je prendrai d\u2019abord l\u2019exemple de la p\u00e9dagogie chr\u00e9tienne. Je saisis cet exemple moins pour l\u2019enfant que pour la mani\u00e8re de permettre aux faibles, Calvin traduit par \u00ab d\u00e9bile \u00bb le grec asth\u00e9neia : \u00ab faiblesse de la nature humaine. \u00bb du texte qui nous concerne. Comme pour les enfants, il convient d\u2019avoir en t\u00eate que l\u2019autre, l\u2019enfant donc, comme celui ou celle qui n\u2019a pas notre privil\u00e8ge d\u2019\u00eatre l\u00e0 o\u00f9 nous en sommes dans notre cheminent chr\u00e9tien, que d\u2019aucune mani\u00e8re il nous est permis de manipuler, endoctriner une personne quelque qu\u2019elle soit. Ou encore de tout faire pour lui enfiler l\u2019habit du politiquement correcte, du pr\u00eat \u00e0 penser.<\/p>\n\n\n\n
Non l\u2019ap\u00f4tre Paul, nous invite \u00e0 \u00eatre tol\u00e9rant, \u00e0 respecter l\u2019autre comme une personne qui chemine vers\u2026, vers un accomplissement spirituel. Nous invite \u00e0 mesurer en somme la capacit\u00e9 de chaque personne avec laquelle nous avons \u00e0 faire, avec laquelle nous partageons, \u00e9changeons, disputons ; de mesurer sa capacit\u00e9 \u00e0 construire sa personnalit\u00e9 avec pour r\u00e9f\u00e9rence ultime le Christ. Et de r\u00e9pondre \u00e0 leurs questions seulement dans ce sens. Et jamais dans celui qui casserait en elle \u2013 donc la personne -, la r\u00e9sonnance de l\u2019Autre, du tout Autre, toujours possible. Seulement dans sens dis-je, et non dans celui des guignols du wokisme par exemple. Ou de toute volont\u00e9 d\u2019imposer une mani\u00e8re de penser, de subvertir le langage dans la perspective de prendre un pouvoir indu. Qui es-tu pour juger un serviteur qui ne t\u2019appartient pas \u00bb (Rom 14, 4), nous rappelle l\u2019ap\u00f4tre Paul.<\/p>\n\n\n\n
De prendre un pouvoir compl\u00e9tement coup\u00e9 \u2013 cancel culture \u2013 de son enracinement non pas seulement \u00e9tymologique, mais surtout de son enracinement de \u00ab la constellation occidentale de la foi et du savoir. \u00bb pour reprendre le sous-titre du premier volume \u00ab D\u2019une histoire de la philosophie \u00bb de J\u00fcrgen Habermas.<\/p>\n\n\n\n
De la r\u00e9f\u00e9rence ultime<\/strong>
Et se pose alors, vous le devinez, la question de la r\u00e9f\u00e9rence ultime. Et un des moyen le plus efficace qui fait partie de la libert\u00e9 de penser, d\u2019une pens\u00e9e critique, comme de celle d\u2019oser d\u00e9battre, c\u2019est donc bien de toujours savoir d\u2019o\u00f9 on parle et de qui on parle. Notre soci\u00e9t\u00e9 semble emp\u00eatr\u00e9e, \u00e0 bout de souffle et un grand nombre de personne ne savent plus \u00ab \u00e0 quel saint se vouer \u00bb comme on dit. Et une grande majorit\u00e9 quand ils savent \u00e0 qui se vouer, cela fait peur. Tr\u00e8s souvent du reste finalement, ce n\u2019est qu\u2019\u00e0 soi-m\u00eame que l\u2019on fait r\u00e9f\u00e9rence.<\/p>\n\n\n\n
Le texte de Paul \u00e0 ce sujet est radical. Mais surtout il fait monter les tours de la rh\u00e9torique. \u00ab Celui qui tient compte des jour, le fait pour le Seigneur : celui qui mange de tout le fait pour le Seigneur. \u00bb (v. 6). Agir, penser, travailler, dormir, manger, se lever pour le Seigneur, voil\u00e0 une mani\u00e8re vivre qui n\u2019est pas banale ! \u00catre soudainement r\u00e9solu de marcher fier sur des chemins qu\u2019on imagine sans cesse postpascals, r\u00e9solu de d\u00e9fendre ses id\u00e9e, sa r\u00e9f\u00e9rence ultime sous une charge d\u2019\u00e9ternit\u00e9. \u00catre une personne qui requalifie constamment dans son for int\u00e9rieure, l\u2019exp\u00e9rience de la r\u00e9sonance d\u2019une autre r\u00e9f\u00e9rence que toutes celles qu\u2019on nous balance \u00e0 tort et \u00e0 travers. J\u2019emprunte cette expression de \u00ab r\u00e9sonnance \u00bb \u00e0 un tr\u00e8s bon petit livre du sociologue allemand Hartmut Rosa \u00ab Pourquoi la d\u00e9mocratie \u00e0 besoin de la religion \u00bb. sept. 2023. En fait \u00eatre en r\u00e9sonance c\u2019est se laisser transformer. Mais pas par n\u2019importe qui. Pas par n\u2019importe quel \u00e9crit. Je vous laisse deviner par qui et par quel narration, par quelle verve po\u00e9tique.<\/p>\n\n\n\n
\u00catre r\u00e9solu, audacieux dans sa pens\u00e9, n\u2019est-ce pas avoir la volont\u00e9, le courage, en toute circonstance, de d\u2019abord, \u00e0 priori se r\u00e9f\u00e9rer \u00e0 J\u00e9sus-Christ ? \u00c0 chaque fois o\u00f9 que l\u2019on soit, quoi que l\u2019on fasse, le laisser entrer en nous et s\u2019Il en ressort s\u2019en \u00e9tonner. Ce que nous ne pouvons jamais faire, quand nous nous r\u00e9f\u00e9rons \u00e0 toutes les cliques de la violence, de la perversit\u00e9 mentale a la rh\u00e9torique douteuse. Avez-vous d\u00e9j\u00e0 laiss\u00e9 entrer en vous de tels \u00e9nergum\u00e8nes ? Non j\u2019en suis s\u00fbr !<\/p>\n\n\n\n
Conclusion : en r\u00e9f aux Gal 3, 26-28<\/strong>
Car en fait laisser entrer en nous la pr\u00e9sence, la r\u00e9f\u00e9rence ultime que repr\u00e9sente le Christ, c\u2019est oser le bapt\u00eame. Non n\u00e9cessaire, puisqu\u2019il est un sacrement qui vient en plus confirmer, t\u00e9moigner notre attachement, ici et maintenant, \u00e0 cette r\u00e9f\u00e9rence ultime. Oser le bapt\u00eame un peu comme un d\u00e9sir de chaque fois se retrouver dans le jardin des P\u00e2ques de la r\u00e9surrection.<\/p>\n\n\n\n
Mais c\u2019est aussi confesser que notre incorporation au Christ dans le bapt\u00eame nous donne le privil\u00e8ge de devenir fils, fille de Dieu. Et \u00e0 ce stade, comprendre que les fronti\u00e8res, les barri\u00e8res, de races, de s\u00e9gr\u00e9gation, de genre, de classe, de Qi pratiqu\u00e9s, avanc\u00e9s par le monde, n\u2019ont plus aucune pertinence. Car tous ces cloisonnements deviennent impropres \u00e0 l\u2019accomplissement de toute personne, portant ce joyau de la r\u00e9f\u00e9rence au Christ, impropre \u00e0 la promesse du Royaume de Dieu.<\/p>\n\n\n\n
En fin de compte, chers amis, alors que le propre d\u2019une inflation de r\u00e9f\u00e9rences actuelles est de nous perdre ou de nous anesth\u00e9si\u00e9, moi, nous dans notre folie nous nous accrochons, hors de cette touffe de r\u00e9f\u00e9rences, \u00e0 la r\u00e9f\u00e9rence ultime qui d\u00e9j\u00e0 sur la croix, encore et toujours, fait fleurir l\u2019arbre de vie. Amen.
Jean-Pierre Roth, 03.03.2024<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"