Cabile \u00e0 g\u00e9lines<\/em><\/h2>\n <\/p>\n
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Ce nom myst\u00e9rieux cache l\u2019instrument \u00e0 \u00e9duquer les femmes de mauvaise vie. Les manuels des Quatre-Ministraux, charg\u00e9s du maintien quotidien de l’ordre en ville, mentionnent souvent l’enfermement de femmes dans la cabile \u00e0 g\u00e9lines (cabane \u00e0 poules) install\u00e9e au port. Ce nom exprime ce que l’on reproche aux personnes qu’on y enferme\u00a0: mauvaise vie, mascarades, ivresse, rixes, adult\u00e8re. Ordinairement on met les hommes fauteurs de troubles \u00e0 la javiole (cage avec grillage), mais faute de place le magistrat les fait \u00e9galement enfermer dans la cabile \u00e0 g\u00e9lines, sans doute cela repr\u00e9sente une humiliation suppl\u00e9mentaire. La d\u00e9nonciation \u00e9tait encourag\u00e9e\u00a0!<\/p>\n
Le port se trouve au 16e vers la rue des Epancheurs. C’est l\u00e0 que les p\u00eacheurs abordent avec leurs barques et \u00e9panchent leur filets pour les faire s\u00e9cher (\u00e9panchoir sert \u00e0 l’\u00e9panchage de filets). Par contre les bateaux de marchandises suivent le Seyon jusqu’\u00e0 la Croix du March\u00e9.<\/p>\n
3e station\u00a0: Promenade Noire<\/h2>\n
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Cette rue n’est construite qu’au 3e quart du 19e, son nom vient de l’ombre intense que les arbres jetaient sur la promenade (avant d’abattre les arbres et de construire la 2e rang\u00e9e des maison).<\/p>\n
Au 16e une gr\u00e8ve \u00e9tendue \u00e0 cet emplacement donne l’occasion id\u00e9al pour laver et \u00e9tendre le linge puisqu’on utilise l’eau du lac ou de la rivi\u00e8re s’il n’y avait pas de puits pour laver son linge. A la R\u00e9formation le mariage est d’une part revaloris\u00e9 et d’autre part le r\u00f4le de l’homme renforc\u00e9 dans sa position de p\u00e8re de famille. Les femmes re\u00e7oivent un nouveau statut, une reconnaissance en tant que m\u00e8re, m\u00e9nag\u00e8re et gouvernante, souvent les m\u00e9nages sont importants et il faut assumer l’hospitalit\u00e9 envers des gens de passage. Elles sont aussi responsables de l’\u00e9ducation de leurs enfants. Luther dit que c’est la t\u00e2che la plus noble et ch\u00e8re du monde. Des femmes c\u00e9libataires et des moniales sont vues comme des \u00e9go\u00efstes. Ainsi le protestantisme pose les bases id\u00e9ologiques pour une nouvelle \u00e9viction des femmes de la vie politique, \u00e9conomique et sociale. Par contre c’est la fin des corporations de femmes. D\u00e8s la fin du 18e on construit des buanderies municipales \u00e9 cet endroit.<\/p>\n
4e station\u00a0: Place du Coq d\u2019Inde<\/h2>\n
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Au 16e s. l’aspect de cette place est totalement diff\u00e9rent. Au no 10 une seule maison – qui sert de balance pour peser les marchandises – est install\u00e9e en m\u00eame temps que la maison de Halles b\u00e2tie entre 1569 et 1574 par L\u00e9onor d’Orl\u00e9ans-Longueville. La premi\u00e8re sera d\u00e9truite en 1730 d\u00e9j\u00e0. On dit que le grand incendie de 1450 serait partie quelque part dans ce quartier par m\u00e9garde d’une servante maladroite. Pour toute sorte de malheurs on accuse g\u00e9n\u00e9ralement les femmes que l’on consid\u00e8re comme inf\u00e9rieure d\u00fb au lourd h\u00e9ritage d’Aristote dont sa d\u00e9finition d’une femme est reprise dans la foi moyen\u00e2geuse\u00a0: \u00ab\u00a0une femmelette n’est qu’un homme estropi\u00e9 et ses r\u00e8gles mensuelles sont la semence, mais cette semence n’est pas pure, il lui manque la source de vie…\u00a0\u00bb Le protestantisme introduit des r\u00e8gles morales s\u00e9v\u00e8res, pas uniquement pour r\u00e9primer le plaisir des gens mais aussi pour prot\u00e9ger les femmes d’\u00eatre abus\u00e9es et de grossesses ill\u00e9gales. Les \u00e9poux ont les m\u00eames devoirs l’un face \u00e0 l’autre malgr\u00e9 une soumission \u00ab\u00a0naturelle\u00a0\u00bb attendus des femmes. Une \u00e9galit\u00e9 entre les sexes concerne le droit au divorce sauf que dans l’application les hommes sont largement favoris\u00e9s. De plus frapper une femme est indigne pour un chr\u00e9tien.<\/p>\n
5e station\u00a0: La pommi\u00e8re vers chez Perrot (Rue du Pommier)<\/h2>\n
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C’est le lieu des f\u00eates du sabbat et les b\u00fbchers. Pourquoi la pommi\u00e8re\u00a0? En neuch\u00e2telois jusqu’au 20e si\u00e8cle, on parle volontiers d’une pommi\u00e8re pour d\u00e9signer un pommier, sans doute pour souligner la f\u00e9condit\u00e9 et la g\u00e9n\u00e9rosit\u00e9 de cet arbre familier en le f\u00e9minisant. La courte rue s’appelle alors rue de la Pommi\u00e8re, elle est un cul de sac avec un aspect tr\u00e8s populaire. La tradition rapporte qu’elle tire son nom initial de la fameuse pommi\u00e8re vers chez Perrot, un arbre mal\u00e9fique, alter ego de l’arbre d’Eden, sous lequel les sorci\u00e8res du pays se r\u00e9unissent. L’existence de cette pommi\u00e8re satanique est encore mentionn\u00e9e dans un proc\u00e8s de 1640 et semble \u00eatre bien ancr\u00e9 dans la m\u00e9moire collective vu que le petit escalier a gard\u00e9 le nom populaire de l’escalier de la sorci\u00e8re.<\/p>\n
D\u00e8s le XVIe s. la torture est utilis\u00e9e plus largement. Un moyen horrible qui permet de savoir si une femme est une sorci\u00e8re consistait \u00e0 la jeter nue \u00e0 l\u2019eau, les mains et pieds attach\u00e9s ensemble pour l\u2019emp\u00eacher de surnager. Une sorci\u00e8re \u00e9tant \u2014 en th\u00e9orie \u2014 plus l\u00e9g\u00e8re que l\u2019eau, si elle flottait, elle \u00e9tait aussit\u00f4t rep\u00each\u00e9e et br\u00fbl\u00e9e vive. Si elle se noyait, c\u2019est qu\u2019elle \u00e9tait morte innocente.<\/p>\n
6e station\u00a0: Escalier de la sorci\u00e8re ou du bourreau<\/h2>\n
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Cet escalier porte \u00e9galement le nom de l’escalier du bourreau \u2013 un nom non officiel comme celui des sorci\u00e8res, mais tr\u00e8s significatif puisqu’en le remontant, on atterrit au parquet du tribunal (rue du Ch\u00e2teau) et au sud de la ruelle Bellevaux se trouve la maison du ma\u00eetre des hautes-oeuvres (alias bourreau).<\/p>\n
Pourquoi cette chasse \u00e0 la sorci\u00e8re qui a repris apr\u00e8s une accalmie pour la plus belle au 16e et 17e si\u00e8cle\u00a0? Les femmes seraient mauvaises de nature car elles douteraient facilement et renieraient pour un rien leur foi ce qui est une base pour la sorcellerie. D’apr\u00e8s la th\u00e9orie de Thomas d’Aquin (13e s.) le mot femina\u00a0: fe = foi, mina = minus \u2013 indiquerait que les femmes ont moins de foi\u00a0. En r\u00e9alit\u00e9 ce mot vient de celle qui allaite (fellare = t\u00eater, sucer ou feo = produire, enfanter).<\/p>\n
Comment devient-on une sorci\u00e8re\u00a0? Cela tient beaucoup au non-statut d’une femme seule surtout si elle ne trouve pas d’accueil dans sa famille. Des jalousies, des peurs se r\u00e9veillent qu’elle pourrait voler le mari ou \u00eatre au profit d’un h\u00e9ritage. On les accuse de sorcellerie parce qu’elles connaissent quelques recettes et secrets dans l’art de gu\u00e9rir en pratiquant la m\u00e9decine populaire. Ces \u00ab\u00a0bonnes femmes\u00a0\u00bb sont aussi des sages-femmes, des v\u00e9t\u00e9rinaires, \u00e0 une \u00e9poque o\u00f9 n’existe que tr\u00e8s peu de vrais m\u00e9decins (un \u00e0 Neuch\u00e2tel, un autre \u00e0 Yverdon et un \u00e0 Estavayer). Malgr\u00e9 ce manque l’Eglise protestante d\u00e9cr\u00e8te qu’une femme ne peut gu\u00e9rir sans avoir fait des \u00e9tudes.<\/p>\n
7e station\u00a0: route de France ou rue Jehanne de Hochberg<\/h2>\n
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La route de France (aujourd’hui appel\u00e9e rue Jehanne de Hochberg) constitue le seul acc\u00e8s occidental de la ville de Neuch\u00e2tel du temps de Marie Torel. Elle est entr\u00e9e par l\u00e0 avec sa famille lors de son immigration \u00e0 Neuch\u00e2tel suite aux\u00a0\u00e9v\u00e9nements de la rue St-Jacques \u00e0 Paris du 4 septembre 1557. C’est alors que l’assembl\u00e9e des protestants \u00e0 Paris est d\u00e9couverte par des pr\u00eatres qui habitent en face du lieu de la r\u00e9union, \u00e0 la Rue St-Jacques. 128 personnes se sont faites prisonni\u00e8res, dont beaucoup de femmes nobles. Elles sont amen\u00e9es au Ch\u00e2telet sous les injures \u00ab\u00a0putains de Satan\u00a0\u00bb et de mauvais traitements de la foule. Des ex\u00e9cutions cruelles ont commenc\u00e9 rapidement tandis que les pers\u00e9cutions redoublent dans d’autres lieux. Au total, sept femmes finissent sur le b\u00fbcher apr\u00e8s avoir \u00e9t\u00e9 tra\u00een\u00e9es par les cheveux avec la langue coup\u00e9e. Calvin a \u00e9crit \u00e0 l’une ou l’autre parmi elles pour les encourager.<\/p>\n
8e station\u00a0: Esplanade de la Coll\u00e9giale<\/h2>\n
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Un couvent de femmes \u00e0 Neuch\u00e2tel\u00a0? Serait-ce uniquement une l\u00e9gende que la reine Berthe ait fond\u00e9 en 930 deux couvents voisins sur la colline du ch\u00e2teau\u00a0? Le chroniqueur Jonas Boyve rapporte cette histoire. Mais ils auraient \u00e9t\u00e9 d\u00e9truits en 1205 car la fille du comte Ulrich III, alors abbesse du couvent des religieuses, se serait trouv\u00e9e enceinte et aurait accus\u00e9 l’abb\u00e9 du couvent des moines de l’avoir s\u00e9duite. Pendant la R\u00e9formation beaucoup de nonnes partent des monast\u00e8res et se marient avec des anciens pr\u00eatres. Parfois elles sont forc\u00e9es de partir, certaines r\u00e9sistent et ont la permission de retourner dans leur couvent.<\/p>\n
Quelques centaines d’ann\u00e9es plus tard, la chapelle de St-Guillaume de la Coll\u00e9giale accueille Guillaume Farel pour son ultime repos. Sa fin est douce et paisible. Il meurt le 13 septembre 1565 \u00e0 l’\u00e2ge de 76 ans. C’est un jour de grand deuil \u00e0 l’Eglise, pas seulement \u00e0 Neuch\u00e2tel mais dans les deux comt\u00e9s. Il laisse un h\u00e9ritage modeste \u00e0 son fils, le petit Jean, n\u00e9 six ans apr\u00e8s le mariage et baptis\u00e9 le 22 juin 1564 accompagn\u00e9 de ses deux parrains, le gouverneur J.J. de Bonstetten (mort de la peste en 1576, originaire l’Emmental bernois) et Jean Fathon, pasteur \u00e0 Colombier.<\/p>\n