Culte en randonnant du 22 octobre 2023 à Fleurier
En suivant l’itinéraire urbain “Au fil du temps”
Prédication de Séverine Schlüter
Lecture : Psaume 139, 1-18 et 23-24
1ère étape (panneau 8/12, en face du temple)
Avant, les êtres humains n’avaient pas de montre pour mesurer le temps. Ils se référaient au rythme du soleil, des saisons… on prenait peut-être plus son temps. et puis, pour mesurer le temps plus précisément, l’être humain s’est mis à inventer toutes sortes de systèmes : des cadrans solaires, des sabliers, des clepsydres , puis plus tard encore des montres, des horloges.
Au début, on le faisait à la main avec des outils – mais plus tard, on s’est mis à utiliser des machines. Le panneau 8/12 de l’itinéraire nous explique qu’ici a été fondée une des premières écoles d’horlogerie, qui avait la particularité d’utiliser la force hydraulique pour faire tourner les machines.
Cela a plein d’avantages de pouvoir savoir à quel moment de la journée on est (pour arriver à l’heure à ses rendez-vous, prendre le train ou le bus, se retrouver avec la famille ou des amis…) mais ça fait aussi qu’on est toujours en train de surveiller l’heure, pour ne pas être en retard. On court après le temps !
Et ça commence dès le matin : depuis qu’on a des montres, quand on se lève, soit on a mis un réveil, soit on regarde l’heure qu’il est… avec devant soi cette journée qui commence.
Avec quelle pensée vous êtes-vous réveillés ce matin ?
Était-ce : « Oh non, c’est déjà l’heure de se lever !»
Ou bien : « Je me demande ce que me réserve cette journée…»
Ou alors : « Chouette, y’a plein de choses qui m’attendent aujourd’hui, j’ai envie de profiter de ce qui va se présenter ! »
Ou encore : « J’ai tellement à faire aujourd’hui… par quoi est-ce que je vais commencer ? »
Une des interpellations que l’on trouve dans la Bible, concernant notre rapport au temps, c’est de remettre les préoccupations qui nous habitent à Dieu, de faire confiance qu’Il nous accompagnera dans notre journée et ce que nous aurons à y vivre. A l’image de la force de cette eau qui était donnée gratuitement et sur lesquelles les ouvriers pouvaient s’appuyer.
Je vous invite à entrer dans cette confiance avec une prière d’Alain Houziaux :
Prends cette gorgée de vie (Alain Houziaux, “Mon silence te parlera”, Cerf, p. 43)
Mon frère, ma sœur, n’aie pas peur.
Aujourd’hui, prends cette journée qui commence.
Prends cette journée comme tu prendrais un verre d’eau que quelqu’un que tu ne connais
pas aurait préparé pour toi, sur la table, pour ton réveil.
Prends cette journée de vie.
Elle est là, devant toi. Prends-la même si tu ne sais pas pourquoi on te l’offre.
Prends-la sans te l’expliquer. Prends-la sans honte. Prends-la avec reconnaissance. Elle est là,
à ta portée, pour toi.
Elle t’attend. L’amour de Dieu est venu te l’apporter, sur la pointe des pieds. L’amour de Dieu
te l’a laissée, là, devant toi, pour toi.
Prends-la sans crainte.
Tu ne la prends à personne. Elle vient de la fontaine de la vie. L’eau de la fontaine, elle coule pour tous. L’eau de la fontaine, elle coule pour toi. L’eau de la fontaine, elle coule pour rien si
tu ne la bois pas.
Mon frère, ma sœur, aujourd’hui encore, prends cette gorgée de ta vie, prends-la et dis seulement : Amen et merci.
Étape 2 (panneau 10/12 de l’itinéraire, au début de l’avenue de la Gare)
Les panneaux suivants nous parlent des défis liés à l’augmentation de la population. Les premières traces archéologiques remontent au Moyen-âge (mention du monastère de Môtiers au Vè siècle). En 1730, quand est introduit l’horlogerie au Val-de-Travers, Fleurier est un petit hameau de 450 habitants ; il y en aura 800 à la fin du siècle, et cela va passer à 3400 au XIXè siècle ! Il faut construire des hôpitaux, des écoles, une gare, un réseau d’éclairage au gaz, et il faut développer les quartiers d’habitation pour loger les nouveaux arrivants ! Ça se développera dans le quartier Nord par des rues en damier – comme dans les villes horlogères du Locle et de La Chaux-de-Fonds d’ailleurs !
Il s’agit d’immeubles d’habitation, de deux à cinq étages, bordés par une rue au nord et dotés de jardins bien ensoleillés au sud. Ils se veulent simples et fonctionnels, mais tout en veillant à garder une certaine qualité de vie…
Bref, en un mot, il a fallu s’adapter à une situation nouvelle.
C’est tout un des enjeux aussi de notre vie de foi et d’Église. Les choses changent. Dans le sens inverse d’ailleurs, puisque les activités d’Église intéressent moins la population qu’avant, pour toutes sortes de raisons. Quand je suis arrivée au Val-de-Travers, on m’a raconté qu’à l’époque il y avait 13 pasteurs au Vallon ; 1 dans chaque village, et 2 pour Fleurier et Couvet ! Le travail n’est évidemment pas le même… les groupes de paroissiens, d’enfants et de jeunes étaient aussi plus conséquents. Et pourtant, notre paroisse continue à vivre, et on peut y vivre de chouettes moments. A nous de nous réinventer aussi !
S’il fallait innover, inventer, imaginer, quelle activité j’aimerais pouvoir vivre en Église ???
Étape 3 (panneau 2/12, en face de chez Chopard)
Sur plusieurs panneaux, dont celui-ci, on fait la promotion du savoir-faire, de la prestigieuse tradition horlogère cultivée au Val-de-Travers, de l’exigence de qualité et d’excellence mise en œuvre. Cela m’a fait penser à ce Psaume, que je laisse Mireille nous lire maintenant.
à lecture Psaume 139, 1-18 et 23-24 par Mireille Hofer
Quand j’étais étudiante, j’ai eu l’occasion d’effectuer plusieurs années un job d’été à la fabrique Rolex, au Locle. J’ai été frappée du soin apporté, de ces ouvriers penchés amoureusement sur leur montre et ses entrailles, attentif au bon agencement des pièces… et j’imagine Dieu tout aussi attentif, plein de tendresse, œuvrant au développement de ce petit être niché dans le creux de sa mère !
Si on reprend les formulation du Psaume, que Dieu nous connaisse à ce point peut faire peur : il connait nos pensées, nos actes, on ne peut pas se cacher de lui ! Mais cela dépend en fait de notre manière de le voir lui.
Je me suis souvenue d’un épisode, que j’ai déjà raconté une fois : petite, j’étais assise dans les escaliers de l’immeuble avec une amie d’enfance. Celle-ci revenait d’une rencontre de catéchisme pour enfants, et elle m’avait longuement parlé de Jésus et de ce Dieu qui voit tout. Peu après, j’ai fait une bêtise en voulant nettoyer toute seule la cage de ma perruche, et j’en avais cassé la baignoire. Aussitôt, j’ai été effrayée et je lui ai dit : mais alors, Dieu a tout vu ??? Je revois mon amie, calme et souriante, me répondre : ben oui, mais c’est pas grave, car il nous aime et il pardonne aussi ! J’ai ressenti alors une grande paix en moi, comme jamais. Et cette sensation d’avoir ce Dieu devant qui je pouvais être moi, sans crainte, m’est toujours restée.
Du coup, ces affirmations du Psaume sont aussi un appel à la confiance : suis-je prêt(e) à me laisser guider par ce Dieu qui sait tout de moi, qui connait mes faiblesses mais aussi toutes les potentialités qui m’habitent ?
J’y lis un encouragement aussi : les valeurs positives que je porte en moi et que je mets en œuvre, même petites, mêmes discrètes ou semées dans l’ombre, auront des répercussions autour de moi, et germeront à leur tour.
C’est à l’image de ce texte qui nous vient de Marianne Williamson :
Notre peur la plus profonde n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur.
Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toute limite.
C’est notre propre lumière et non pas notre obscurité qui nous effraie le plus.
Nous nous posons la question : » Qui suis-je, moi pour être brillant, radieux, talentueux et
merveilleux ? » En fait, qui êtes-vous pour ne pas l’être ?
Vous êtes un enfant de Dieu. Vous restreindre, vivre petit ne rend pas service au monde.
L’illumination n’est pas de vous rétrécir pour éviter d’insécuriser les autres.
Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous.
Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus : elle est en chacun de nous
et, au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière,
nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même.
En nous libérant de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres.
La suite de l’itinéraire nous rappelle que l’histoire de l’horlogerie, ici comme ailleurs, a connu à la fois des temps d’essor, de prospérité mais aussi de crises, de recherche d’innovation, menée par des hommes déterminés à rechercher des solutions d’avenir… un chemin qui se poursuit !
Comment est-ce que moi, je relis les étapes de ma vie ? mes bons moments ainsi que les plus difficiles… qu’est-ce qui m’a aidé à aller de l’avant, y a-t-il des personnes qui m’y ont aidé-e ? Et moi, au travers de tout cela, quand ai-je pu laisser briller ma lumière ?
Prière d’intercession
Dieu notre Père,
toi qui nous connais mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes,
nous voulons te confier les projets que nous formons dans nos vies personnelles et familiales, dans nos vies professionnelles, dans notre vie paroissiale et sociale.
Conduis-nous dans tes chemins, éclaire-nous,
mène-nous au point de lumière où s’illuminent les pas.
Fais résonner à nos oreilles la voix qui dit: «C’est ici le chemin, marchez-y».
Toi qui nous as créés et nous as tissés dans le sein maternel,
nous te prions pour tous ceux qui, dans notre entourage,
souffrent dans leur corps ou dans leur être profond.
Apaise leurs souffrances, vivifie leur foi et leur espérance.
Toi devant qui les ténèbres ne sont pas obscures,
toi par qui la nuit devient lumière,
nous te prions pour toutes les situations ténébreuses de ce monde.
En particulier cette semaine :
- La paix au Proche-Orient
- Les familles en deuil en Israël et en Palestine
- Les catéchumènes et leur accompagnants
- Les autorités fédérales
Que nos nuits deviennent lumière, et que nous puissions y briller, chacun.e, avec la force qui est la nôtre.
Bénédiction
Que Dieu, notre Père, nous donne
confiance en son amour.
Que Jésus, son fils, nous rappelle que
nous sommes précieux à ses yeux.
Que Son Esprit qui habite en nous
soit une force pour notre vie.
Qu’Il nous garde et nous conduise,
chaque jour.
Amen.