Guéri ou sauvé

Prédication – Sébastien Berney

Temple de Travers – Culte des récoltes5 octobre 2025

Lectures : Luc 17, 11 à 19 – Philippiens 4, 4 à 7

Je dois vous avouer une chose… Si Sébastien avait fait partie des dix lépreux, il serait presque sûr, j’ai dit bien presque, qu’il serait resté dans le groupe des neuf… Bref, qu’il ne serait pas revenu dire merci. Soulagement au moins d’être honnête avec moi-même… Dois-je avoir honte ? J’espère que non ! Dois-je me poser des questions ? J’espère que oui !

Le groupe des neuf… Ceux qui par mégarde, ont oublié de dire merci !

Aujourd’hui, nous avons envie de dire merci. Reconnaissance pour ce que la terre nous donne, reconnaissance pour les efforts effectué afin que la terre donne, reconnaissance pour ce Dieu qui donne. Aujourd’hui, nous prenons le temps de dire merci, d’exprimer notre reconnaissance.

Avons-nous, prenons-nous, toujours le temps ? Un monde qui va vite, un monde où bien souvent tout nous est dû ! Un monde qui va trop vite, où nous nous sentons bien souvent dépassés. Prenons-nous le temps ?

Dix lépreux viennent à la rencontre de Jésus. Ils restent à distance… une habitude car quand ils s’approchent trop des gens, parfois les coups pleuvent ! Ils font partie des gens coupés de la société, mis à l’écart, centrés sur leur propre souffrance. On n’aimerait pas être à leur place, place peu enviable.

Comme ils doivent rester à distance, ils crient. Un cri qui sert à prouver une réalité, une existence, une souffrance, une injustice. J’aurais fait comme eux. Un comportement bien normal pour une telle souffrance, pour une telle exclusion.

Ils se savent malades, mais ils ont une lueur d’espoir en voyant ce personnage dont tout le monde parle. Ils se savent malade, mais sous l’injonction de ce personnage en qui ils ont mis leur espoir, ils retournent consulter leurs médecins. Jésus leur a redonné espoir.

Oui, miracle il y a eu, mais un seul revient dire merci.

Oui, les dix lépreux sont guéris, mais un seul est sauvé.

Guéris, sauvé, quelles différences ?

Dire merci, cela fait-il du bien ? Que se passe-t-il dans mon corps quand je dis merci ? Une formule de politesse ? Un automatisme ? La preuve d’une bonne éducation ? Une façon de ne plus être redevable ? Si je suis honnête avec moi-même, il y a un peu de tout cela, tous les ingrédients sont là.

Mais pas que… peut-être un léger sentiment de bien-être, une sorte de joie passagère, une vision du Royaume, ou de quelque chose qui pourrait y ressembler… Je sens qu’il y a là quelque chose d’important, quelque chose d’existentiel, quelque chose d’essentiel.

A l’image du texte que nous avons lu, j’ose alors faire la différence entre les termes de « guéris » et de « sauvé ».

Jésus l’a bien compris, nous avons tous besoin de guérisons. Que de bobos, de blessures, de souffrances, d’injustices, lots de notre simple humanité. Parties de notre humanité, de notre corps.

Mais comme à son habitude, Jésus va plus loin, il ne se limite pas à la guérison, il veut atteindre la personne entière, globale. Être sauvé, c’est être guéri dans la globalité, dans l’entièreté.

Être sauvé, ce n’est pas non plus dire que certains ne le seront pas. Aucune trace de cette thématique dans les paroles de Jésus.

Être sauvé, c’est accepter une promesse d’amour inconditionnelle, c’est entrer dans une sorte de reconnaissance de la gratuité.

Au sujet des neufs, Jésus, selon moi, reste dans une attitude de constat, pas de reproches, pas de condamnations, juste le fait qu’ils n’ont pas compris que la reconnaissance, c’est toucher à la grâce, à la gratuité.

Je l’ai dit au début, je ne suis pas meilleur que les autres, dans bien des cas la guérison me suffit, je continue ma route et en redemande… Mais Jésus veut plus pour moi, pour nous, pour notre monde. Il n’est pas venu seulement guérir, mais sauver, c’est-à-dire accepter une promesse, reconnaître une promesse, celle d’un amour inconditionnel.

C’est grâce à cette réflexion que j’arrive alors lire à sa juste valeur le texte de Paul, que nous avons également lu. Oui parfois Paul m’agace un peu… Soyez joyeux, soyez bon, ne nous vous inquiétez pas, ayez un cœur reconnaissant… Parfois, en me levant le matin, j’ai un peu de peine… le soir aussi d’ailleurs…

C’est oublier que, j’ai bien besoin de guérison, mais plus encore j’ai besoin d’être sauvé, j’ai besoin de reconnaître que Dieu m’aime tel que je suis.