Se rendre prochains les uns des autres

Cultes Terre Nouvelle – 11 et 12 octobre 2025
Guillaume Klauser et équipe TN de la paroisse

Prière avant la lecture de la Bible

Nous prions.

Dieu de toute éternité, ici au Vallon, là-bas à Madagascar, ta Parole résonne. Le même Evangile, la même parole de Vie pour nous et pour eux. Envoie ton Esprit-Saint, qu’il nous révèle un peu de toi dans notre lecture d’aujourd’hui. Amen !

Lecture : Luc 10, 25-37

Nous lisons dans l’Evangile selon Luc.

 25Un spécialiste des Écritures intervint alors. Pour tendre un piège à Jésus, il lui demanda : « Maître, que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle ? » 26Jésus lui dit : « Qu’est-il écrit dans notre Loi ? Comment le comprends-tu ? » 27Il répondit : « “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force et de toute ta pensée.” Et aussi : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” » 28Jésus lui dit alors : « Tu as bien répondu. Fais cela et tu vivras. » 29Mais le spécialiste des Écritures voulait se justifier. Il demanda donc à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » 30Jésus répondit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho lorsque des brigands l’attaquèrent, lui prirent tout ce qu’il avait, le battirent et s’en allèrent en le laissant à demi-mort. 31Par hasard, un prêtre descendait cette route. Quand il vit le blessé, il passa de l’autre côté de la route et s’éloigna. 32De même, un lévite arriva à cet endroit, il vit le blessé, passa de l’autre côté de la route et s’éloigna. 33Mais un Samaritain, qui voyageait par-là, arriva près du blessé. Quand il le vit, il fut bouleversé. 34Il s’en approcha davantage, versa de l’huile et du vin sur ses blessures et les recouvrit de pansements. Puis il le plaça sur sa propre bête et le mena dans une auberge, où il prit soin de lui. 35Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, les donna à l’aubergiste et lui dit : “Prends soin de lui ; lorsque je repasserai par ici, je te paierai moi-même ce que tu auras dépensé en plus pour lui.” »

36Jésus ajouta : « Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de l’homme attaqué par les brigands ? » 37Le spécialiste des Écritures répondit : « Celui qui a été bon pour lui. » Jésus lui dit alors : « Va et toi aussi, fais de même. »

Prédication

Chers frères et sœurs, chers amis, pour qui est habitué du culte au Val-de-Travers, ce texte du bon samaritain commence peut-être à sortir par les oreilles, puisque nous l’avons entendu plusieurs fois ces derniers temps.

C’est pourtant le texte qu’il nous est donné de méditer en lien avec la situation de Madagascar. Si l’histoire de cet homme blessé et soigné par un samaritain semble bien connue, la focale qui nous est proposée aujourd’hui est cette question lancée à Jésus : « Qui donc est mon prochain ? ».

Qui est mon prochain ? Le « prochain »… un terme qu’on n’emploie plus couramment aujourd’hui. À l’origine, le terme « prochain » exprime simplement celui ou celle qui est proche le voisin, la voisine immédiate. Au temps de Jésus, dans la société juive du premier siècle, être proche signifiait quelque chose de très clair et précis et désignait exclusivement les membres de la communauté juive. Tu es mon prochain parce que tu appartiens au même courant religieux que moi. Or, les samaritains ne faisaient pas vraiment partie du courant juif principal. C’était des gens différents.

Cette histoire racontée par Jésus brise volontairement la compréhension très limitée de ce qu’est le prochain en choisissant précisément comme héros un Samaritain, une personne perçue comme hors du cercle.

Avec Jésus, le critère qui fait de l’autre mon prochain se déplace. Ce n’est plus uniquement celui qui fait partie de mon cercle proche, connu, bien délimité, mais celui ou celle qui « se rend proche » en agissant avec compassion.

Il ne s’agit donc plus seulement d’« être proche », mais de « se rendre proche ».

Se rendre proche, devenir le prochain de l’autre, voilà qui va à l’encontre de la tendance actuelle, qui est plutôt aux replis et aux divisions.

Or, qu’en est-il aujourd’hui à Madagascar ? Dans ce pays riche de sa diversité culturelle, mais durement éprouvé par les réalités économiques et sociales, la question du prochain se pose très concrètement. La crise alimentaire touche gravement 36 % des Malagasy, en particulier les enfants de moins de cinq ans. Dans certaines régions reculées, le taux d’analphabétisme atteint jusqu’à 90 %, plongeant les populations dans un isolement intellectuel et spirituel.

Dans ce contexte, la parabole qui nous enseigne de nous « rendre proches » résonne comme un appel pressant, auquel la FJKM, l’Eglise protestante sur place, répond au quotidien. Les enfants privés d’école, les familles démunies, les personnes isolées ou marginalisées : voilà celles et ceux qui croisent la route de l’Eglise aujourd’hui et attendent un geste, une présence.

Mais Jésus nous rappelle aussi, en creux, que nous avons tous et toutes besoin d’un prochain, que nous avons aussi besoin d’être aidé.es, relevé.es, accompagné.es.

Se rendre proche, pour nous ici, c’est aussi s’intéresser à ce qui fait la vie des gens à Madagascar. C’est non seulement participer à cette campagne d’automne, mais aller plus loin, découvrir que ce ne sont pas seulement eux qui ont besoin d’aide. Être proche, cela signifie partager avec eux nos fragilités. N’avons-nous pas, nous aussi, besoin du soutien de nos frères et sœurs de Madagascar face aux soucis qui nous occupent ? Face aux Eglises qui se vident et dans nos combats spirituels… Se rendre proche, devenir les prochains les uns des autres, c’est un partage. Il s’agit donc aussi pour nous de recevoir de nos sœurs et frères de Madagascar un témoignage de foi, de courage et d’engagement dans l’adversité.

À travers ces projets soutenus par DM se construit un lien concret et spirituel entre les Églises de Suisse et l’Eglise de Madagascar. Le défi lancé par Jésus dans cette parabole est donc de sortir de nos logiques centrées sur nous-mêmes, de ne pas voir seulement une main qui donne et une main qui reçoit, mais un partage qui nous fait devenir proche, prochains de nos frères et sœurs comme eux deviennent aussi nos prochains.

Nous vous invitons dès lors à en découvrir plus sur la réalité de Madagascar, sur les conflits qui traversent l’île actuellement, sur l’Eglise qui tente de se rendre proche de la population et de ses besoins. Par la prière, aussi, qui met en lien et nous rappelle que c’est ensemble que nous sommes filles et fils de Dieu.

Que cette campagne soit donc pour chacun et chacune une occasion de s’ouvrir à l’autre : dans les régions vallonnées de Madagascar, comme dans la paroisse du Val-de-Travers. Ainsi, nous accomplissons pleinement l’invitation du Christ à être véritablement le prochain de celles et ceux qui, chaque jour, croisent notre route en espérant une main tendue, un soutien sincère, une espérance renouvelée.

Que Dieu nous accorde l’humilité et la force d’être ces prochains qui apportent la vie, la dignité et l’espérance. Amen.

Prière de confession de foi et d’intercession rédigée par Jocelyne Mussard

Nous nous unissons dans la prière.

A Madagascar, comme ici en Suisse, nous croyons en un Dieu qui crée le monde, pour que nous le cultivions et en prenions soin.

Nous croyons que Dieu est source de toute sagesse, de toute lumière et de tout amour.

Avec confiance, nous voulons te confier trois domaines cruciaux de notre monde, ce monde si beau et si malmené par de nombreuses crises.

Nous te prions pour tous les enfants, les jeunes et les adultes, qui cherchent à apprendre et à grandir. Ouvre les accès pour tous à une éducation de qualité, porteuse de justice et d’espérance.

Suscite des enseignants et enseignantes passionnés et compétents, des établissements bienveillants et des décideurs et décideuses engagé-e-s, pour que l’éducation soit un droit pour tous et toutes.

Nous te prions aussi pour les missionnaires, les pasteur-e-s, les catéchètes, et pour tous les croyants, que toutes et tous aient à cœur de partager ta parole et ton Amour.

A Madagascar, comme ici en Suisse, nous croyons en un Dieu qui a remis son pouvoir à Jésus le Serviteur, mort et ressuscité, pour le pardon et la liberté de tous les êtres humains.

Nous te prions pour toutes les personnes qui se voient mises de côté.

Nous te prions pour toutes les personnes qui traversent le deuil, la séparation, la maladie.

Souviens-toi des pauvres, des personnes en situation de handicap, des réfugié-e-s,

Souviens-toi des enfants des rues, de femmes victimes de violences, de toutes celles et ceux que notre monde oublie trop souvent. Donne-nous des stratégies, des ressources, et un cœur compatissant pour les soutenir.

A Madagascar, comme ici en Suisse, nous croyons en un Dieu, qui, par son Esprit, nous unit à son Fils pour que nous combattions le mal et construisions une juste paix dans l’espérance de son Royaume.

Nous te prions, de faire descendre un esprit de paix sur toutes les régions du monde ravagées par la guerre. Fais se lever des femmes et des hommes de paix.

Nous te prions aujourd’hui tout particulièrement pour Madagascar. Nous te remettons la collaboration entre l’Eglise protestante à Madagascar, la FJKM, DM et les églises de Suisse romande.

Seigneur, sois au centre de cette alliance, inspire les cœurs, éclaire les esprits et dirige les actions. Que cette collaboration entre Suisse et Madagascar soit porteuse de fruits durables.

Tu vois la révolte de la jeunesse de Madagascar, la précarité, le manque de soins et d’avenir qui touchent beaucoup de la population, et la corruption qui sévit aussi dans ce pays. Nous te demandons d’agir auprès des autorités de ce pays afin qu’elles aient à cœur de faire régner la justice et la paix.

Seigneur, que ton esprit nous guide, que ton Fils nous inspire et que ton Royaume vienne ! Au nom de Jésus-Christ, amen !