Prédication pour le 25 octobre 2025
Culte de rentrée de caté, temple de Môtiers
Micha Weiss

Photo de Dima Solomin, Unsplash
Adaptation pour une lecture personnelle
Introduction
Ce texte est tiré du culte de rentrée du caté du 25 octobre 2025.
Pendant cette célébration, les jeunes du caté ont été présentés à la communauté, avant que le culte n’entre dans son thème principal : « Blackout & Espérance ».
Pour vous mettre dans l’ambiance de ce moment, je vous invite à prendre un petit temps de calme. Si vous le pouvez, allez chercher une bougie et de quoi l’allumer.
Vous n’aurez pas besoin de la bougie tout de suite, mais elle servira plus tard comme signe d’espérance.
1. Un sketch pour entrer dans le thème
Le culte commençait par une courte scène jouée par trois personnes : Micha Weiss, Marc Rufener et Nicole Pizzotti.
Imaginez la scène : tout à coup, la lumière s’éteint dans le temple.
Silence.
Plus de micro, plus de musique.
Juste quelques murmures et, au fond, quelqu’un qui essaie de faire marcher une génératrice électrique. La génératrice Diesel se met en marche avec un grand bruit, et finit par se stabiliser un ronronnement qui nous accompagne pratiquement tout au long du culte.
Quelques lumières se rallument, et les micros aussi.
Micha : Ça y est. Donc c’est vraiment arrivé.
J’avais vu les nouvelles qui disaient que notre système électrique arrivait à bout, mais j’y croyais pas. Je me disais que quelqu’un allait bien trouver une solution avant. Et toi ?
Marc : Pareil. Franchement, je suis un peu sous le choc. Ils parlaient depuis des semaines d’un risque de blackout général… mais avec toutes les fake news, je pensais que c’était une exagération. Et maintenant, plus rien : plus d’électricité, plus d’internet, plus de réseau. Comment on fait pour contacter nos proches ? Se nourrir si quasi tout est électrique ? Et l’argent ? Tout doit être figé quelque part sur un serveur éteint. Et les magasins, les stations d’épuration, les hôpitaux… Tout doit être à l’arrêt !
Micha : J’en sais rien. On dépend tellement de l’électricité qu’on s’en rend même plus compte. C’est un énorme basculement !
Ça fait un peu fin du monde, non?
Nicole, avec calme : Attendez, attendez. On va pas s’emballer. C’est vrai que c’est grave, c’est sérieux ! Mais c’est pas la fin du monde non plus. Vous pensez bien que si José, le concierge du temple, a prévu une génératrice ici, d’autres gens ont pensé à en mettre dans les services les plus importants. D’ailleurs, José nous a même montré comment l’allumer, mais toi, Micha, t’étais un peu trop pris dans le stress du culte pour écouter.
Micha : C’est vrai… Merci José, et merci à toi aussi de l’avoir allumé !
Nicole : De rien. Là où vous avez raison, Marc et Micha, c’est que c’est un grand changement. Il faut être lucides : il y aura du chaos, un peu comme au début du Covid. Mais c’est effectivement pas la fin du monde. C’est juste… la fin du confort et de la qualité de vie tels qu’on les connaissaient. Tout est tellement connecté qu’une panne générale fait tomber tout le reste. Tout ce qui semblait évident, d’un coup, disparait.
Marc : Ouais, mais comment on fait ? On attend que ça revienne ?
Nicole : Pas forcément. Oui, ça reviendra probablement, mais pas comme avant. Ce genre de crise nous oblige à repenser comment on vit ensemble. On va devoir apprendre à se débrouiller autrement. Les secours, les hôpitaux et les services de base auront besoin de toute l’énergie disponible, donc le reste, on va devoir se serrer un peu la ceinture.
Micha : Tu veux dire qu’on va devoir apprendre à vivre autrement ?
Nicole : Exactement. Et toi, Micha, tu aimes bien parler de se recentrer sur l’essentiel, non ? C’est le moment ! C’est vrai que des fois, on vit un peu comme si tout était acquis, immédiat, sans limite. Là, on découvre que tout est fragile… mais vous pensez pas que si on s’organise ensemble, on va réussir à s’adapter ? On est dans une Eglise, en plein culte. C’est pas le meilleur endroit pour se rappeler qu’on n’est pas seuls dans ces grands chamboulements ? Et que même dans le noir, il y a de l’espérance ?
Micha : Purée… c’est moi le pasteur, et c’est moi le plus paniqué. Merci de me remettre les pieds sur terre. (respire profondément). Ok. C’est vrai, Seigneur, tu es avec nous dans tout ça aussi.
Bon, on fait quoi maintenant ? J’avoue, j’ai rien prévu. J’attendais que ça s’arrange tout seul.
Nicole : Moi j’ai un peu anticipé ! (sort des papiers)
Je me suis dit que si ça arrivait, ça vaudra la peine d’en parler ensemble, au lieu de courir faire des stocks de papier toilette. J’ai imprimé des feuilles juste avant que le courant coupe.
2. Un moment de réflexion personnelle
Dans le culte, les participants se sont ensuite réunis en petits groupes pour échanger sur deux questions.
Je vous propose de prendre quelques minutes pour y réfléchir personnellement, peut-être en notant vos idées sur une feuille.
Questions :
- Comment aller de l’avant quand tout semble s’effondrer ?
- Quelles valeurs veut-on mettre au centre de notre vie ?
Prenez un temps pour y penser. Pas besoin d’une “bonne réponse”.
Simplement, imaginez comment vous vivriez autrement, avec vos ressources, vos relations, vos valeurs.
Pause – prenez 5 à 10 minutes si vous le souhaitez.
3. Message : Improviser dans l’espérance
Je ne sais pas
Je ne sais pas ce que les prochaines années nous réservent.
Autour de nous, beaucoup de choses changent, et pas toujours dans le bon sens : le coût de la vie augmente. Les inégalités se creusent. Le climat se dérègle, la planète souffre. Les tensions grandissent entre les gens : injustices, violences, divisions, guerres. Et parfois, on a l’impression qu’un simple blackout – une panne, une crise – pourrait tout faire basculer.
Je ne sais pas vous, mais moi, ça m’inquiète. Ça ajoute une couche de stress à tout ce qu’on vit déjà au quotidien.
Alors, comment réagir face à tout ça ?
Quatre réactions que je vois (et que je vis)
Autour de moi, et aussi en moi, je remarque quatre grandes manières de réagir :
- La paralysie : on se sent dépassé, impuissant, figé face à la vague.
- Le déni ou l’indifférence : on ferme les yeux, on continue de profiter tant qu’on peut.
- La colère : On devient amer, on s’énerve, on cherche un coupable.
- L’action : on essaie d’agir, à notre échelle. On s’engage, on aide, on rencontre, on change ce qu’on peut. Pas parfaitement, mais en mouvement !
L’action est sans doute celle qui porte le plus de fruit. Mais souvent, on passe d’une réaction à l’autre. Selon les jours, selon les situations.
Alors, une question se pose : est-ce qu’on peut apprendre à moins réagir par automatisme ? Et à vivre plus intentionnellement – dans l’espérance – malgré les incertitudes ?
Improviser dans l’espérance
Je crois que la foi chrétienne nous aide à répondre à cette question. Pas avec une recette magique, mais avec une grande histoire : celle d’un Dieu qui agit au cœur du monde et du chaos, un Dieu qui traverse les tempêtes avec nous.
La Bible, c’est un peu comme un grand Drama, plein de rebondissements et d’imprévus – et ce qui est beau, c’est qu’on fait partie de cette histoire. On y joue tou·te·s un rôle.
Par rapport aux changements à venir, impossible de tout prévoir, on ne connaît pas comment continue le scénario ! Mais avec la Bible, et avec la communauté qu’est l’Église, on peut apprendre à improviser notre rôle. On peut apprendre à avancer, à chercher, à tomber, à se relever, et à rester ouvert·e·s à la surprise, ouvert·e·s à ce Dieu qui agit et agira encore.
Improviser dans l’espérance,
c’est choisir l’action plutôt que la peur,
la solidarité plutôt que le chacun pour soi,
la lumière plutôt que l’obscurité.
L’apôtre Paul résume bien cette manière de vivre dans l’espérance dans sa lettre aux Romains :
12Réjouissez-vous dans l’espérance.
Soyez patients dans la détresse.
Priez avec fidélité.
13Venez en aide à vos frères et vos sœurs dans le besoin.
Pratiquez sans cesse l’hospitalité.
15Réjouissez-vous avec les personnes qui sont dans la joie, pleurez avec celles qui pleurent.
16Vivez en bon accord les uns avec les autres.
N’ayez pas la folie des grandeurs, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne vous prenez pas pour des sages.
17Ne rendez à personne le mal pour le mal.
Efforcez-vous de faire le bien aux yeux de tous.
18S’il est possible, et dans la mesure où cela dépend de vous, vivez en paix avec tous.
21Ne te laisse pas vaincre par le mal. Sois au contraire vainqueur du mal par le bien.
Ro 12, 12-21 (extraits)
4. Allumer la bougie : un geste d’espérance
C’est le moment d’allumer la bougie que vous avez préparée.
Prenez le temps d’observer cette petite flamme.
Depuis des siècles, dans le christianisme comme dans d’autres traditions, la lumière est un signe de la présence de Dieu — une vie qui résiste à l’obscurité.
Quand vous allumez cette bougie, vous pouvez vous poser cette question :
Quelle petite lumière puis-je allumer cette semaine ?
Un mot, un geste, une attention, un service… une petite action porteuse de vie.
Prenez quelques instants en silence pour y réfléchir.
5. Prière d’intercession
Comme Paul, je crois que la prière, c’est une action. Dans la prière, on se focalise sur la lumière, sur Dieu, sans fermer les yeux sur l’obscurité. Chaque prière, c’est une bougie qui s’allume, et une invitation à Dieu de rejoindre et d’agir dans une situation.
C’est à cette action que je vous invite maintenant.
Vous pouvez maintenant fermer les yeux, ou simplement rester dans le calme, la bougie allumée devant vous. Et prier pour une situation, une personne, un pays qui vous vient en tête.
Seigneur,
Merci pour la lumière qui éclaire nos ténèbres.
Merci pour toutes les personnes qui apportent un peu d’espérance autour d’elles.
Aujourd’hui, je te confie celles et ceux qui traversent des temps difficiles :
ceux qui ont peur, ceux qui manquent, ceux qui sont seuls.
Donne-moi de faire ma part,
d’allumer une petite lumière,
d’agir dans la confiance et dans la paix.
Apprends-nous à improviser dans l’espérance,
à vivre simplement,
à aimer profondément.
Amen.
Soufflez la bougie quand vous le souhaitez.
Et gardez en vous cette conviction : Aucune obscurité est trop sombre pour étouffer la présence de Dieu.
