Fête de la Réformation
2 novembre 2025
Eglise de Môtiers
Prière avant la lecture de la Bible
Seigneur, tu as suscité en tout temps des témoins fidèles pour que brille la lumière de l’Évangile. Accompagne la marche de ton Église en ce monde afin qu’elle te reste fidèle. Ouvre nos cœurs par ton Esprit : qu’ils puissent ainsi reconnaître ta Parole, une Parole qui nous renouvelle jour après jour. Amen !
Matthieu 5, 1-11
1Quand Jésus vit les foules, il monta sur une montagne et s’assit. Ses disciples vinrent auprès de lui, 2il prit la parole et leur donna cet enseignement :
3« Heureux ceux qui sont humbles de cœur, car le royaume des cieux est à eux ! 4Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés ! 5Heureux ceux qui sont doux, car ils recevront la terre en héritage ! 6Heureux ceux qui ont faim et soif d’un monde juste, car ils seront comblés ! 7Heureux ceux qui sont pleins de bonté pour les autres, car on sera plein de bonté pour eux ! 8Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! 9Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés enfants de Dieu ! 10Heureux ceux qu’on persécute à cause de leur combat pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! 11Heureux êtes-vous quand on vous insulte, quand on vous persécute et quand on dit faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi ».

Prédication – G. Klauser
Chers frères et sœurs, chers amis,
Que fêtons-nous aujourd’hui, en réalité ? Que devons-nous fêter, en ce dimanche de la Réformation, au fond ? Une étape historique dans le développement du christianisme d’Occident ? Un moine allemand qui a brandi des thèses à la face de l’Eglise pour la réformer ? Une manière de célébrer le culte, un peu différente de celle des catholiques ? Mais si c’était cela, alors pourrions-nous vraiment nous réjouir en fêtant une division ?
Et si ce n’était pas en se gargarisant de notre passé que viendrait la réponse, mais que nous allions chercher dans le texte biblique lui-même, directement ? Car ce texte de l’Evangile selon Matthieu renferme bien clé essentielle.
Oui, la clé du sens de notre fête se trouve bien dans ces Béatitudes, le préambule du sermon sur la montagne de Jésus.
Elles sont bien mystérieuses, ces béatitudes. Interpellantes, voire choquantes. Faut-il vraiment que je me rende pauvre, que je pleure, que je cherche à avoir un cœur pur ou que je sois d’accord d’être persécuté pour avoir accès à Dieu et à son Royaume ? En d’autres termes, faut-il que je sois une image parfaite pour rencontrer Dieu ? Non. Prendre ces béatitudes comme des exhortations, comme des préceptes moraux, c’est manquer le cœur-même de la bonne nouvelle et le sens de la fête d’aujourd’hui.
L’évangéliste Matthieu ne cherche pas tant à nous rendre parfaits qu’à nous présenter celui qui incarne la perfection et l’accomplissement de ces béatitudes. « Il existe un homme qui a vécu la pauvreté et les larmes, la douceur, la faim et la soif de justice, la miséricorde, la justice et la paix. Il s’appelle Jésus de Nazareth » (Antoine Nouis, Un catéchisme protestant). Il est envoyé par Dieu pour entrer d’une façon complètement nouvelle dans nos vies.
La voilà, la Bonne nouvelle. Dieu ne reste pas dans les hautes sphères lointaines, il ne nous parle plus à travers un buisson ardent ou des tables de lois, il ne reste pas dans une tour d’ivoire accessible seulement à quelques-uns. Avec le visage de Jésus, Dieu nous rejoint directement au cœur de nos manques, au cœur de notre faim et de notre soif. Ces béatitudes nous présentent l’autoportrait de Jésus, Dieu proche de nous. C’est donc toujours à lui qu’il nous faut revenir, pour recevoir Dieu.
Alors pour répondre à la question que nous nous posions au début, « que fêtons-nous aujourd’hui ? », il faut peut-être chercher dans cette façon renouvelée que Dieu a de s’adresser à nous.
C’est, d’une certaine manière, ce qui est représenté sur la fresque moderne que vous avez reçue à l’entrée. Comme dans notre texte, nous y voyons Jésus qui enseigne. De lui sort une lumière vive, qui n’a pourtant pas l’air de dérouter celles et ceux qui l’écoutent. C’est que cette lumière est présence de Dieu lui-même, une lumière qui est la vie-même.
Dieu qui parle, c’est désormais Dieu qui est au milieu du monde. Dieu qui a mis des gens en route, car « cette foule n’est évidemment pas arrivée en ce lieu par téléportation. Ils se sont mis en route pour rencontrer Jésus. (…) Le sermon sur la montagne est un appel au mouvement, à nous mettre en recherche de Dieu ». Il est heureux, celui qui se met en route pour découvrir Dieu qui vient à lui en lui parlant au creux de l’oreille.
La fête d’aujourd’hui n’est pas celle des Réformateurs. Elle celle du message qu’ils nous ont laissé, un rappel, exprimé sur la fresque : se mettre en route à la suite de Jésus, c’est déjà accueillir Dieu lui-même dans un lien personnel et c’est vivre du don qu’il nous fait, par grâce.
Être protestant, étymologiquement, ce n’est pas d’être en protestation contre quoi que ce soit. Être pro-« testans », c’est être, littéralement, « pour le témoignage ». C’est attester de cette grâce, de ce cadeau de Dieu. C’est témoigner par nos vies de ce bonheur reçu. Nous sommes heureux, car Dieu nous parle. Nous sommes heureux, et nous en attestons par la foi que nous avons en Dieu et dans l’avenir qu’il réserve au monde.
La Bonne Nouvelle à fêter est donc le cadeau que nous fait Dieu en nous parlant par Jésus au creux de l’oreille. C’est cette simplicité déconcertante du lien personnel que nous pouvons tisser avec le Christ que les Réformateurs ont redécouvert et que nous fêtons aujourd’hui. Amen
Prière
Seigneur Jésus, par ta présence, tu vivifies et tu renouvelles en nous la foi, l’espérance et l’amour.
Nous te rendons grâce pour le don du baptême qui nous unit à toi, pour ta Parole qui est la Vie-même, pour le pain de ton Repas qui nous fait grandir dans la communion avec toi et avec les autres. Transforme-nous et renouvelle ton Église.
Nous te rendons grâce pour la force de l’Esprit saint qui, parcourant la terre, nous réforme, nous transforme et nous anime. Transforme-nous et renouvelle ton Église.
Seigneur, que notre relation à toi nous rende toujours plus proches des autres, de ceux qui souffrent, de ceux qui sont seuls. Nous te remettons aujourd’hui les peuples de Gaza, d’Ukraine, du Soudan et du Sahel, de Madagascar et de toutes les zones instables de la planète. Transforme-nous et renouvelle ton Église. Qu’elle condamne fermement la violence et ouvre des voies de pacification.
Amen
