Culte musical du 21 octobre 2023, 17h30 à Môtiers
Lectures : 1 Thessaloniciens 1, 1-5b – Jean 14, 22-27
Prédication de Cyprien Mbassi
Chers frères et sœurs,
L’actualité, d’habitude peu réjouissante, s’est assombrie davantage ces derniers jours. Alors que la guerre entre la Russie et l’Ukraine se poursuit, le conflit israélo-palestinien qui dure depuis 75 ans, connaît un regain avec de nombreuses victimes.
On peut encore citer le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, les conflits en Syrie, en Lybie, au Yémen, dans le Sahel et dans les Grands-lacs. Dans ces différentes régions, la paix a laissé place à l’affrontement et surtout à la perte de nombreuses vies humaines.
D’une manière ou d’une autre, l’absence de paix porte toujours atteinte à la vie. On le voit dans les conflits armés avec des victimes militaires et civiles. On le voit dans les tensions entre les pays ou entre des régions d’un même pays : quand la paix s’en va, très vite, un climat d’insécurité et d’inquiétude s’installe dans la population.
On le voit aussi dans notre vie quotidienne, un conflit en famille ou entre amis provoque de la souffrance. Il affecte notre vie familiale ou amicale. De même, un conflit au travail affecte notre vie professionnelle. Partout où la paix est bafouée, notre vie est exposée ; notre bien-être est affecté.
La paix véritable, celle qui est favorable à la vie, vient donc de relations harmonieuses : relation harmonieuse avec soi-même pour la paix intérieure ; relation harmonieuse avec les autres ; relation harmonieuse avec la nature pour qu’elle demeure un environnement favorable à la vie ; et relation harmonieuse avec Dieu, source de toute vie, et surtout source de vie spirituelle.
Notre vie spirituelle est nourrie par la présence de Dieu en nous : « Si quelqu’un m’aime, dit Jésus dans la lecture que nous venons d’entendre, (…) mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure ». Dieu demeure en nous. Ça devrait suffire pour nous rassurer. Ça devrait suffire pour nous procurer la paix. « Je vous laisse ma paix », dit Jésus, une paix qui n’est pas donnée « à la manière du monde ».
Une paix issue de la présence de Dieu
La paix que Jésus nous donne est la paix de Dieu. Elle vient de la présence de Dieu en nous. Dieu demeure en nous par son Esprit. Et l’apôtre Paul nous dit que « l’Esprit tend vers la vie et la paix » (Rm 8, 6). Il ajoute que « le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix » (Ga 5, 22). C’est donc par le don de l’Esprit Saint que Jésus nous laisse sa paix.
Savoir que c’est par amour que Dieu demeure en nous, renforce notre paix : « Tu as du prix à mes yeux, lit-on dans le livre d’Isaïe, tu as de la valeur et je t’aime » (Is 43, 4). La paix en Dieu, la paix que nous donne le Christ, vient de la conviction que nous sommes uniques à ses yeux : « Quant à vous, nous dit Jésus, même les cheveux de votre tête sont tous comptés » (Mt 10, 30). C’est de cette paix que parle Saint Augustin quand il dit que « Dieu prend soin de chacun de nous comme s’il n’avait à prendre soin que de lui seul » (Les Confessions).
La paix que nous inspire l’amour de Dieu écarte toute peur. Elle renforce notre sentiment de sécurité. Si nous avons foi en Dieu qui demeure en nous, nous n’aurons peur de rien ni de personne. « Si Dieu est pour nous, dit l’apôtre Paul, qui sera contre nous ? » (Rm 8, 31). « Sa fidélité est une armure, un bouclier », dit le psaume (91, 4). Et l’apôtre Paul nous rassure encore en disant : « Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu » (Rm 8, 32).
La présence de Dieu en nous est le plus grand bien qui ait pu nous arriver. Dieu demeure en nous pour nous partager sa vie. C’est l’épanouissement le plus profond que nous puissions connaître. La paix que Jésus nous donne vient donc du fait que la vie de Dieu devienne notre vie, de manière à nous transformer de l’intérieur et à nous rendre meilleurs tous les jours. C’est cette transformation qui fait dire à l’apôtre Paul : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20).
Une paix issue de la vie selon Dieu
Si la paix de Dieu nous est donnée par sa présence en nous, elle atteint son achèvement quand cette présence transforme notre vie. Nous accueillons pleinement la paix du Christ quand nous vivons selon le Christ. Autrement dit, vivre pour aimer, avoir le souci de toujours faire le bien, c’est cela l’accomplissement de la paix du Christ dans nos vies. « Paix pour quiconque fait le bien », dit l’apôtre Paul (Rm 2, 10).
Or, « Dieu est amour », dit l’apôtre Jean (I Jn 4, 8). S’il demeure en nous et nous transforme de l’intérieur, c’est pour que nos paroles et nos actions soient inspirées par l’amour. C’est pour qu’en agissant pour aimer, nous trouvions la paix en aimant. C’est l’amour qui nous garde dans la paix de Dieu.
Or, l’amour ne fait de mal ni à soi-même, ni aux autres, pas même à nos ennemis. Les films et les médias que nous regardons, et même nos dirigeants politiques cultivent si souvent en nous l’esprit de vengeance. Ils désignent les bons et les méchants et nous incitent à prendre parti.
Pourtant, dans chacun des camps, il y a des humains aimés de Dieu : « Aimez vos ennemis, dit Jésus, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5, 44-45).
Aimer ses ennemis paraît absurde. Faire du bien à ceux qui vous haïssent paraît insensé. Prier pour ceux qui nous font du mal paraît lâche. Et pourtant, comme le dit l’apôtre Paul : « La paix de Dieu surpasse toute intelligence » (Ph 4, 7). Oui, la paix de Dieu défie la logique humaine. Elle nous expose. Elle nous rend vulnérables.
Mais nous gardons une parfaite assurance parce que la faiblesse de l’amour est force en Dieu ; et ce qui est folie d’amour est sagesse en Dieu. L’apôtre Paul le dit lui-même : « La folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes » (I Co 1, 25). Vivre les folies et les faiblesses de l’amour dans la foi, nous garde dans la paix de Dieu. C’est la paix du cœur. Une paix qui met l’humain au centre des solutions.
Non pas une paix qui repose sur un traité, un papier signé sans une véritable réconciliation des personnes. Non pas une paix dans laquelle une partie reste aux abois en attendant le moment favorable pour passer de nouveau à l’offensive.
La paix « à la manière du monde » est fragile tant qu’elle n’est pas basée sur la préservation de l’humain et de la vie. Elle est fragile si elle compte sur les armes pour être respectée. Elle est fragile si elle est imposée par la force, l’influence, la terreur. « Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé », dit Jésus, parce que la paix selon Dieu est durable et sûre.
Réjouissons-nous et remercions Dieu pour la paix de l’amour, la paix du cœur. Elle est déjà à l’œuvre partout dans le monde. Elle demeure notre espérance.