Culte du 23 novembre 2025 au Temple des Bayards
Prédication de Véronique Tschanz Anderegg
Message, partie 1 : Les 4 bougies de l’Avent
Dans l’église, 4 bougies brûlent en ce temps de l’Avent.
Un petit garçon entre et remarque les quatre bougies. Il entend leur conversation…
« Moi, je suis la lumière de la paix, dit la première flamme, et je me demande pourquoi je brûle ? Qui croit encore en la paix ? Regardez ces guerres partout, ces violences à l’école, ces disputes à la maison… Je suis la paix et je ne sers à rien !
En disant ces mots, la flamme de la paix, s’éteignit.
La deuxième flamme prit aussitôt la parole :
« Moi, je suis la lumière de l’amour. Mais aujourd’hui, les gens s’enferment et ne pensent qu’à eux. Ils ne font rien pour s’aimer et pour aider. Et moi, je vis pour être donnée, pour être partagée… Alors à quoi bon vivre, à quoi bon continuer à brûler ? »
En disant cela, la deuxième flamme, celle de l’amour, s’éteignit.
La troisième bougie de Noël prit la parole :
« Moi, je suis la lumière de la foi. Cela fait des années que je dis : « Ayez confiance en Dieu ! Il est là avec nous ! Mais qui croit encore en ces paroles et en Dieu ? Je crois que je suis moi aussi inutile… Les gens n’ont plus besoin de moi… »
Et la troisième flamme, celle de la foi, s’éteignit.
Il ne restait plus qu’une flamme et l’enfant était devenu triste et il pleurait parce que l’église était presque dans l’obscurité.
Seule, mais plus vive que jamais, la quatrième flamme s’adressa à l’enfant :
« Moi, je suis la flamme de l’espérance…C’est moi qui vous permets de tenir pendant les moments de tristesse, de découragement. »
L’enfant médita un instant ces paroles…
Il prit alors entre ses mains la 4ème bougie et ralluma bien vite les trois autres mèches : celles de la paix, de l’amour et de la foi.
Transition
Peut-on encore annoncer et croire en l’espérance ? N’y a-t-il pas un risque de manipulation et de faux espoirs ?
Nous allons entendre un récit qui parle d’espérance : c’est la visite de Marie à Elisabeth. L’ange Gabriel vient d’annoncer à Marie qu’elle va être enceinte et que Elisabeth, sa cousine, malgré sa stérilité est elle aussi enceinte.
L’ange précise : « rien n’est impossible à Dieu ». Voici la réponse de Marie :
Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole ! Et l’ange la quitta.
39 Dans ce même temps, Marie se leva, et s’en alla en hâte vers les montagnes, dans une ville de Juda.
40 Elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Élisabeth.
41 Dès qu’Élisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint Esprit.
42 Elle s’écria d’une voix forte : Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de ton sein est béni.
43 Comment m’est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne auprès de moi ?
44 Car voici, aussitôt que la voix de ta salutation a frappé mon oreille, l’enfant a tressailli d’allégresse dans mon sein.
45 Heureuse celle qui a cru, parce que les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur auront leur accomplissement.
46 Et Marie dit : Mon âme exalte le Seigneur,
47 Et mon esprit se réjouit en Dieu, mon Sauveur,
48 Parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. Car voici, désormais toutes les générations me diront bienheureuse
Luc 1, 38-48
Message, partie 2
On se trompe souvent sur la temporalité des promesses de ce texte. On pense qu’elles sont pour le futur, alors qu’elles parlent du présent.
Les 2 naissances sont encore loin et il faudra encore bien des années pour que Jean Baptiste et Jésus parlent, témoignent, fassent des miracles.
Mais Marie et Elisabeth parlent d’un salut déjà reçu, d’une joie qui les habite là, maintenant.
Le fait de porter un enfant rend l’espérance réelle, présente et pour laquelle elles peuvent d’ores et déjà se réjouir.
Je pense que toutes les mamans (et aussi les papas) ici présents, savent de quoi je parle.
Et pourtant, un embryon en soi n’a pas encore des yeux, des jambes, il n’est pas encore capable d’empathie ou d’accomplir des grandes actions.
Cependant, quelque chose est déjà assuré : l’existence même de l’embryon prouve qu’un supplément de vie peut surgir dans notre vie présente. On pourrait parler d’une espérance fondée.
L’espérance consiste à discerner ce qui est prometteur dans notre vie. Cela peut-être un pardon, une rencontre, une expérience qui ont fait naître un plus, des émotions dans notre existence (de la paix, un certain bonheur ou simplement du mieux).
Je pense que c’est ce qu’annoncent les Évangiles : ils nous révèlent qu’il y a quelque chose à reconnaître de bien réel, qui est de l’ordre de l’expérience.
Nous pouvons nous saisir de cette expérience et à partir de là, vivre l’espérance véritable.
Le texte nous donne plusieurs indices de ce réel à saisir : Elisabeth appelle Marie « heureuse ». Or en hébreu ce mot « heureux » (אֶשֶׁר asher) signifie également « être en marche ».
Cela dit l’effet bien réel de se mettre en marche vers l’espérance : cela nous construit, nous fait avancer, nous met en relation avec d’autres.
Comme Élisabeth et Marie : nous sommes porteurs, porteuses d’espérance, envoyés par l’Esprit. L’espérance n’est donc passive (contrairement à l’espoir).
L’espérance est lucidité, elle est concrète. Elle est fondée sur la reconnaissance d’expériences vécues, de processus connus : comme l’agriculteur qui sait que le champ a été ensemencé, même si pour l’instant il n’y a rien, même s’il ne connaît pas la météo des mois prochains, mais il sait que les plantes poussent.
La première face de l’espérance est ainsi de discerner et de s’emparer de ce qui est prometteur dans la réalité présente, même s’il y a des aléas dans la vie en ce monde.
Il existe une 2ème face de l’espérance : l’indignation pour l’espoir déçu, la reprise et le recommencement
La Bible nous montre parfois que Dieu rencontre l’échec.
Qu’est-ce que Dieu fait alors ? Il regarde, il constate, il s’indigne, il dit qu’il se repent d’avoir créé de telles créatures… puis Dieu recommence, il repart, il y croit encore (Noé, veau d’or).
L’espérance est aussi là : dans ce dépassement de l’échec et le recommencement.
Avec cette figure de Dieu et de l’espérance, nous sommes loin d’un Dieu tout puissant qui porte chance à ceux qui font tout « comme il faut » !
Car vraiment, la paix, le salut, le bonheur et la vie sont la volonté de Dieu pour le monde et pour chacun-e de nous.
Notre espérance n’est pas contredite par les échecs au programme, mais notre espérance devient notre douleur et notre indignation face à ce qui ne va pas.
Notre espérance est alors prière et s’engage alors avec Dieu dans des retournements et des recommencements.
C’est la seconde partie de notre texte, quand l’espérance de Marie voit avec bonheur dans la réalité présente la puissance de Dieu à l’œuvre.
Elle s’y associe alors elle-même de tout son amour, car elle voit même les plus petits ont leur place dans le plan de Dieu et qu’il peut mettre en déroute les plus forts… et c’est cela qui cela fonde son espérance bien réelle et qui la met en joie.
Amen
