Culte du 8 juin – Pentecôte – La Côte-aux-Fées
Lecture : Actes 2, 1-13
Prédication
De Guillaume Klauser
Nous voici arrivés, comme chaque année, au tournant que représente cette fête de Pentecôte.
N’êtes-vous pas, comme moi, toujours intrigués par les événements que Luc décrit au début du livre des Actes ? Qui n’a pas été surpris par le caractère surprenant et presque violent de ce passage, ou par son aspect surnaturel, avec la venue de l’Esprit qui nous est racontée à la manière très théâtrale ?
Mais loin des effets spéciaux, le plus extraordinaire dans ce texte est peut-être la façon dont les gens interagissent entre eux. Ce qui me paraît étrange, c’est la manière qu’ont tout à coup les gens de se comprendre. Des gens qui n’ont rien en commun mais qui sont ensemble et qui se comprennent. Aujourd’hui en tout cas, dans le monde polarisé dans lequel nous vivons, c’est cela qui me paraît être un jeu de théâtre, ou même de la science-fiction.
Communiquer… oui, c’est bien toute l’enjeu de Pentecôte, communiquer entre nous, communiquer avec Dieu.
Il est question à Pentecôte d’un cercle de la communication, un cercle qui s’élargit sans cesse. : il y a d’abord la communication des apôtres entre eux. Ensemble, ils forment un cercle d’initiés.
Et voilà que le cercle s’élargit : il y a ensuite la communication avec les croyants du monde entier, rassemblés à Jérusalem. Le texte nous dit : « À Jérusalem vivaient des Juifs qui honoraient Dieu, venus de tous les pays du monde. » Ainsi, il n’est plus question que d’un petit groupe qui communique en lui-même et qui se partagerait la Bonne nouvelle comme on se partage un butin, mais les croyants du monde entier sont conviés en assemblée. L’Eglise est née, non pour être un cercle d’initiés, mais pour être assemblée de tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, cheminent avec Dieu.
Dieu, justement. Il est temps qu’il participe à la communication.
La Pentecôte, cinquante jours après la Résurrection de Jésus… Pentecôte signe la continuation et l’achèvement de tout ce qui s’est passé à Jérusalem, depuis la montée de Jésus lors des Rameaux. Après cinquante jours, il était temps que Dieu se manifeste.
Pentecôte, c’est d’abord une fête juive, avant qu’elle ne prenne cette coloration toute particulière avec la venue de l’Esprit. Pentecôte était une fête qui existait déjà, la fête de Shavou’ot. C’était (et c’est encore) un jour spécial pour les juifs qui étaient rassemblés là, à Jérusalem. Et cette fête a une signification bien particulière : on y rappelle le don des Tables de la loi à Moïse sur le Mont Sinaï, symbole de l’Alliance, du lien entre Dieu et les humains. Ainsi, la fête de la Pentecôte célébrée dans notre texte par les croyants rassemblés à Jérusalem, c’est fête de l’Alliance entre Dieu et son peuple.
Et voici venir l’Esprit, avec fracas. L’Esprit se manifeste, dans notre récit, par des « langues semblable à des flammes de feu ». Dans l’Ancien Testament, Dieu apparaissait souvent comme un feu. Pensons à la manifestation de Dieu comme buisson ardent, devant Moïse. Ainsi, le lecteur d’autrefois comme nous aujourd’hui ne peut s’y tromper. En ce jour de Pentecôte où tous étaient rassemblés, c’est bien Dieu lui-même qui se révèle, en utilisant un stratagème connu pour se manifester et affirmer le renouvellement de l’Alliance. L’Esprit arrive sur les personnes rassemblées comme signe d’une alliance renouvelée de Dieu avec les siens.
C’est comme si Dieu disait ce jour-là : « J’ai fait alliance avec Noé. J’ai fait alliance avec Abraham. J’ai fait alliance avec le peuple, lors du don des tables de la Loi au Mont Sinaï. J’ai promis une nouvelle alliance par les prophètes, et le Christ est venu dans le monde. Aujourd’hui, je vous envoie l’Esprit en signe d’un renouvellement de mon alliance envers vous ».
Par-là, Dieu affirme qu’il agit encore, comme il a agi depuis les patriarches et comme son action s’est perpétuée en Jésus. Il y a une continuité, avec nous aussi ! Et c’est maintenant en l’action des témoins que se perpétue son agir. L’alliance étant renouvelée, Dieu agit par l’action de celles et de ceux qui le cherchent.
Pour autant, notre texte de Pentecôte ne fait pas mention d’un Esprit qui viendrait se poser « sur un bloc de croyants ». Tous sont touchés, soit, mais il est aussi écrit que les langues « se séparaient les unes des autres » et qu’« il s’en posa sur chacun d’eux ». Un jeu s’installe ici d’une manière subtile entre « tous » et « chacun ». La séparation donne une identité particulière à chaque croyant, une identité liée à un don qui lui est propre, mais sans être pour autant complètement dissociée des autres.
Ce texte nous aide à comprendre que chacun, chacune d’entre nous est aimé par Dieu. Que chacun et chacune a une personnalité, des dons, des capacités, et que tout cela est précieux aux yeux de Dieu. Pas question de mélanger les différences les unes avec les autres comme on mélange les légumes dans une soupe.
Ainsi, lorsque Dieu parle d’alliance avec chacun, chacune d’entre nous, il souhaite nous dire : « Tu as de la valeur et je t’appelle à devenir pleinement toi-même ».
Pentecôte, c’est donc la Bonne nouvelle communiquée, celle qui redit ce lien fondamental entre Dieu et nous les humains. Pentecôte, c’est Dieu qui se dit lui-même, qui se projette lui-même dans l’action de celles et ceux qui le cherchent. Pentecôte, c’est Dieu qui respecte non pas notre individualisme, mais notre individualité, notre personne avec ses dons propres. Pentecôte, c’est enfin Dieu qui a tellement confiance en l’être humain qu’il lui donne la responsabilité de toujours voir en l’autre quel qu’il soit le visage de son humanité, le visage sur lequel il fonde son alliance.
Amen !
Annonce de la Grâce de Dieu
Par la bouche du prophète Ezéchiel, Dieu nous fait cette promesse :
« 26Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’enlèverai votre cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. 27Je mettrai en vous mon Esprit, je vous rendrai ainsi capables d’obéir à mes lois, d’observer et de pratiquer les règles que je vous ai prescrites ». (Ez 36, 26-27)
Que l’Esprit te donne de recevoir pour toi cette Parole, pour que tu puisses avancer dans ta vie avec cette promesse fermement ancrée au creux de ton cœur. Dieu marche avec toi, il t’accompagne et vivifie ta vie. Amen !