« Tu me cherchais et je t’ai trouvé »

Culte de fête – Baptême d’Elena
14 septembre 2025 – St-Sulpice

Evangile selon Luc 19, 1-10 (TOB, 2010)

1Entré dans Jéricho, Jésus traversait la ville. 2Survint un homme appelé Zachée ; c’était un chef des collecteurs d’impôts et il était riche. 3Il cherchait à voir qui était Jésus, et il ne pouvait y parvenir à cause de la foule, parce qu’il était de petite taille. 4Il courut en avant et monta sur un sycomore afin de voir Jésus qui allait passer par là. 5Quand Jésus arriva à cet endroit, levant les yeux, il lui dit : « Zachée, descends vite : il me faut aujourd’hui demeurer dans ta maison. » 6Vite Zachée descendit et l’accueillit tout joyeux. 7Voyant cela, tous murmuraient ; ils disaient : « C’est chez un pécheur qu’il est allé loger. » 8Mais Zachée, s’avançant, dit au Seigneur : « Eh bien ! Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens et, si j’ai fait tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple. » 9Alors Jésus dit à son propos : « Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. 10En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

PrédicationGuillaume Klauser

Chère Elena,

Tu as fait ce choix, un peu fou, de demander le baptême. Un peu fou, parce que quelque chose t’a poussé à le demander, sans probablement être sûre de tout comprendre. Mais il y a bien quelque chose qui t’a poussé à dire « je souhaite demander le baptême ». Une soif qui est la tienne, mais qui est aussi celle de chacune et de chacun d’entre nous, qui marchons sur le chemin de la vie. Alors je m’adresse à toi, mais à travers toi à chacune et à chacun d’entre nous.

Oui, il y a une soif commune à tous les êtres humains. Une soif d’être reliés, d’être aimés, une soif de vivre une vie en plénitude, la soif d’une paix intérieure. C’est aussi cette soif que partagent les croyantes et des croyants d’ici et d’ailleurs, de hier, d’aujourd’hui et de demain. C’est cette soif qu’ils appellent « soif de Dieu ».

C’est ce qui nous relie aussi aux hommes et aux femmes qu’on trouve dans la Bible. Ils ne sont pas seulement des personnages lointains qui n’auraient plus rien à nous dire sous prétexte qu’ils vivaient dans le monde d’avant les smartphones et internet, par exemple. Si la Bible a quelque chose à nous dire aujourd’hui, c’est justement parce que cette soif habitait les hommes et les femmes du temps de Jésus comme elle nous habite encore aujourd’hui.

Et Zachée, cet homme au prénom particulier, ne fait pas exception. Zachée, comme toi, comme nous, est habité par un désir fort, ce désir qui peut-être t’a poussé à demander le baptême. Lui aussi a ses raisons profondes de vouloir rencontrer la source d’eau qui fait du bien, qui apaise la soif.

Et Zachée a cette chance de vivre au temps de Jésus. Mais rencontrer Jésus, c’est une autre paire de manche. Car Zachée fait un métier qui l’exclut de la société, qui le laisse au bord du chemin. Il était collecteur d’impôt et sa richesse le faisait être mal vu par les religieux de son temps. Rencontrer Jésus était alors pour lui presque impossible, en tout cas très peu probable.

Mais voilà, malgré tous les problèmes de sa vie, malgré le fait qu’il ne soit pas parfait, Zachée a ce désir de voir Jésus. Il apprend que Jésus va venir dans le coin et il sait que passer près de Jésus, c’est comme passer près d’une source d’eau fraîche. Comme il est de petite taille, il a tout simplement l’idée de monter dans un arbre.

As-tu remarqué que si Zachée s’est mis dans l’arbre pour voir Jésus, c’est en fait Jésus qui lève le regard sur lui. Jamais Zachée n’aurait imaginé que les choses se passeraient comme ça ! Alors qu’il croyait être un moins que rien, voilà que Jésus l’appelle et qu’il l’appelle par son nom.

Raconter l’histoire comme cela, c’est une belle manière de dire que pour toi comme pour nous, Dieu ne regarde pas si nous méritons de le rencontrer ou non. Tu as demandé le baptême, et tu l’as reçu non pas parce que tu as d’abord prouvé quoi que ce soit. Tu l’as reçu comme un geste qui dit que Dieu s’approchera toujours de toi sans que tu aies à montrer des diplômes de foi ou de bonnes actions. C’est aussi ce qui nous permet de vivre nos vies, nous tous qui parfois oublions aussi un peu Dieu.

« Zachée, descends vite : il me faut aujourd’hui demeurer dans ta maison ». « Descends vite », dit Jésus. « Me voir du haut d’un arbre n’est pas suffisant, il faut que je te rencontre vraiment, je suis un Dieu qui tisse un lien personnel avec toi, car ta vie compte pour moi ». Voilà, ce que dit Jésus à Zachée, voilà ce que Jésus te dit aujourd’hui lors de ton baptême. Jésus vient à ta rencontre, il lève aussi les yeux sur toi. C’est dans ta maison, au plus profond de toi qu’il veut te rencontrer.

Voilà qu’il vient, sans se soucier du fait que la maison n’est peut-être pas tout à fait en ordre, bien rangée. Souvent, tu le sais, la vie n’est pas toute simple. Il y a les choses qu’on voudrait faire mais qu’on ne fait pas, et les choses qu’on ne voudrait pas faire et qu’on fait. C’est comme ça. C’est que la vie n’est une ligne toute droite. Mais ça, Dieu n’en tient absolument pas compte. La vie de Zachée était tout sauf reluisante. Mais voilà Jésus chez lui, comme chez nous, en nous.

A peine Zachée a-t-il avancé vers Jésus qu’il se met à faire une liste de tout ce qu’il devra faire mieux dans sa vie. Lui qui est riche, le voilà qui promet de donner aux pauvres. Mais ce n’est pas son changement de comportement qui lui a donné droit à la visite de Jésus. Ce n’est pas non plus un changement de comportement de ta part qui t’a donné accès au baptême. Tu es là, devant Dieu, telle que tu es. Et si Zachée a eu envie de changer quelque chose dans sa vie, c’est uniquement après avoir rencontré Jésus face à face. C’est juste un élan du cœur, dans la joie que lui procure la présence de Dieu dans sa vie.

Si la joie que la présence de Dieu dans nos vies nous donne envie de nous mobiliser, d’agir dans la société pour rendre cette terre un peu plus habitable, pour faire ce que l’on peut, à sa mesure, autour de soi, c’est le mieux qui puisse arriver.

Chère Elena, le texte ne dit pas tout. Il nous laisse aussi une part d’exploration. Il ne dit par exemple pas exactement ce que signifie « accueillir Jésus ». Ça, c’est et ce sera encore à toi de le découvrir, de le vivre, de l’expérimenter. Mais ce que nous dit le texte, c’est que Dieu vient vers toi, encore et toujours, sans se fatiguer, et que le signe de sa présence est la joie qu’elle procure. Alors toi aussi, tu peux avancer sur ton chemin, sans avoir peur, car la relation avec Jésus fait du bien, elle met dans ton cœur la joie. Amen !

Prière

Oui, il est juste et bon d’être pleins de reconnaissance envers toi, Dieu éternel et tout-puissant en amour, par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre frère.

Car nous étions en route vers lui, mais nous l’avons vu venir vers nous. Nous désirions l’attendre, mais nous avons su que déjà tu nous attendais. Nous désirions te chercher, mais nous avons vu que tu étais à notre recherche. Nous voulions te dire : « Voilà, nous t’avons trouvé ! » Mais nous avons senti que tu nous avais trouvés le premier.

C’est pourquoi, avec les croyantes et les croyants de tous les lieux et de tous les temps, avec la Création tout entière, nous proclamons ta gloire, en chantant d’une seule voix : Saint, saint, saint est le Seigneur !

Amen