{"id":14378,"date":"2023-08-14T22:51:35","date_gmt":"2023-08-14T21:51:35","guid":{"rendered":"https:\/\/paroissereformeevaldetravers.wordpress.com\/?p=14378"},"modified":"2023-08-14T22:51:35","modified_gmt":"2023-08-14T21:51:35","slug":"confiance-au-christ-dans-le-calme-comme-dans-la-tempete-predication-du-13-aout-2023","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.eren.ch\/vdt\/confiance-au-christ-dans-le-calme-comme-dans-la-tempete-predication-du-13-aout-2023\/","title":{"rendered":"Confiance au Christ, dans le calme comme dans la temp\u00eate – Pr\u00e9dication du 13 ao\u00fbt 2023"},"content":{"rendered":"\n
De Cyprien Mbassi<\/em><\/p>\n\n\n\n Chers fr\u00e8res et s\u0153urs, <\/p>\n\n\n\n Il y a eu beaucoup de peur dimanche dernier. Il y en a encore aujourd\u2019hui. Dans l\u2019\u00e9vangile de dimanche dernier, trois disciples (Pierre, Jacques et Jean) assistent \u00e0 la transfiguration de J\u00e9sus. Une nu\u00e9e lumineuse les recouvre. Et de la nu\u00e9e, ils entendent une voix. Ils sont alors saisis d\u2019une grande crainte et tombent la face contre terre. <\/p>\n\n\n\n Dans l\u2019\u00e9vangile d\u2019aujourd\u2019hui, il y a encore de la peur. Cette fois, ce sont les douze disciples qui crient de frayeur parce qu\u2019ils croient voir un fant\u00f4me lorsque J\u00e9sus les rejoint en marchant sur l\u2019eau. <\/p>\n\n\n\n Nous avons tous eu peur au moins une fois dans notre vie. La peur est une \u00e9motion. Elle est ressentie lorsque nous prenons conscience de nos limites face \u00e0 un danger ou une menace. Nous connaissons les manifestations de la peur : notre c\u0153ur bat plus vite, nous avons la boule au ventre, nous tremblons, nous transpirons, nous crions par r\u00e9flexe pour \u00e9vacuer le trop-plein d\u2019\u00e9motion. C\u2019est ce que font les disciples. Ils crient parce qu\u2019ils sont terrifi\u00e9s par ce qu\u2019ils voient. <\/p>\n\n\n\n Repr\u00e9sentons-nous la sc\u00e8ne pour mieux comprendre leur frayeur : il fait nuit ; ils sont en pleine mer, loin de la c\u00f4te ; \u00ab le vent est contraire \u00bb ; leur barque est \u00ab battue par les vagues \u00bb. Difficile de dormir et de se reposer dans ces conditions. Et cela va durer toute la nuit ! \u00ab Vers la fin de la nuit, dit l\u2019\u00e9vangile, J\u00e9sus vient vers eux en marchant sur la mer \u00bb. Eux, ce qu\u2019ils voient, c\u2019est une silhouette humaine qui s\u2019approche au-dessus de l\u2019eau, dans l\u2019obscurit\u00e9, et dans l\u2019agitation du vent et des vagues. <\/p>\n\n\n\n Les disciples croient voir un fant\u00f4me. Ils se sentent menac\u00e9s et ils crient de peur. Pour eux, la sc\u00e8ne est terrifiante. Pourtant, en r\u00e9alit\u00e9, l\u2019\u00e9trange silhouette qui approche, c\u2019est J\u00e9sus. Il y a comme une deuxi\u00e8me transfiguration apr\u00e8s celle de dimanche dernier. Au bout de la longue nuit des disciples, \u00e0 travers les eaux troubles et l\u2019agitation des vents, J\u00e9sus les rejoint et les rassure. <\/p>\n\n\n\n Dimanche dernier, la crainte des disciples venait de ce qu\u2019ils avaient entendu. Ils \u00e9taient tomb\u00e9s face contre terre en entendant la voix de Dieu venue des nu\u00e9es. Et J\u00e9sus les avait rassur\u00e9s en disant : \u00ab Relevez-vous et soyez sans crainte \u00bb. Ce dimanche, la peur des disciples vient de ce qu\u2019ils voient. Cette fois, la voix qu\u2019ils entendent ne raisonne pas pour inspirer la crainte, mais pour rassurer : \u00ab Confiance ! leur dit J\u00e9sus, c\u2019est moi ; n\u2019ayez pas peur ! \u00bb. <\/p>\n\n\n\n La traduction litt\u00e9rale de ce verset \u00e0 partir du texte grec est : \u00ab Ayez confiance, moi je suis (en grec) – \u1f10\u03b3\u03ce \u03b5\u1f30\u03bc\u03b9 \u2013 moi je suis ; n\u2019ayez pas peur \u00bb. Rappelons-nous ce que J\u00e9sus r\u00e9pond aux Juifs qui se moquent de lui en disant : \u00ab Toi qui n\u2019as pas encore cinquante ans, tu [pr\u00e9tends avoir] vu Abraham ! \u00bb. J\u00e9sus leur r\u00e9pond : \u00ab Avant qu\u2019Abraham f\u00fbt, moi JE SUIS \u00bb – \u1f10\u03b3\u03ce \u03b5\u1f30\u03bc\u03b9 \u2013 \u00ab moi JE SUIS \u00bb (Jn 8, 57-58). Rappelons-nous encore ce que Dieu lui-m\u00eame r\u00e9pond \u00e0 Mo\u00efse dans le livre de l\u2019Exode, quand il lui demande son nom. Dieu r\u00e9pond : \u00ab Je SUIS \u00bb \u2013 \u1f10\u03b3\u03ce \u03b5\u1f30\u03bc\u03b9 \u2013 (Ex 3, 14). <\/p>\n\n\n\n Pour rassurer ses disciples effray\u00e9s, J\u00e9sus reprend \u00e0 son compte le nom que Dieu s\u2019attribue quand il se r\u00e9v\u00e8le \u00e0 Mo\u00efse : \u00ab Ayez confiance, moi JE SUIS ; n\u2019ayez pas peur \u00bb. J\u00e9sus est pr\u00e9sence de Dieu aupr\u00e8s des disciples. Il est visage de Dieu parmi les humains. <\/p>\n\n\n\n Pour signifier \u00e0 ses disciples que la r\u00e9v\u00e9lation de Dieu se poursuit avec lui, il leur donne deux signes familiers. Deux signes \u00e0 travers lesquels Dieu s\u2019est manifest\u00e9 aux h\u00e9breux dans le pass\u00e9. Ces deux signes sont mentionn\u00e9s au d\u00e9but du texte : \u00ab Aussit\u00f4t apr\u00e8s avoir nourri la foule dans le d\u00e9sert, J\u00e9sus obligea les disciples \u00e0 monter dans la barque et \u00e0 le pr\u00e9c\u00e9der sur l\u2019autre rive \u00bb. Le premier signe est la nourriture dans le d\u00e9sert. Il fait \u00e9cho \u00e0 la manne tomb\u00e9e du ciel pour nourrir les H\u00e9breux dans le d\u00e9sert apr\u00e8s leur sortie d\u2019Egypte (Ex 16, 11-18). Le deuxi\u00e8me signe est la travers\u00e9e de la mer. Il fait \u00e9cho \u00e0 la travers\u00e9e de la mer rouge par les h\u00e9breux alors qu\u2019ils \u00e9taient poursuivis par Pharaon et son arm\u00e9e (Ex 14, 5-31). <\/p>\n\n\n\n Et comme dans le pass\u00e9, ces deux signes sont pr\u00e9sent\u00e9s aux disciples comme une histoire de salut. La nourriture dans le d\u00e9sert est une histoire de salut parce que le d\u00e9sert est un lieu aride, un lieu hostile \u00e0 la vie. Un lieu o\u00f9, malgr\u00e9 tout, le Dieu de l\u2019impossible parvient \u00e0 nourrir ceux qui ont foi en lui. En nourrissant son peuple dans le d\u00e9sert, Dieu le sauve parce qu\u2019il pr\u00e9serve sa vie dans un environnement d\u00e9favorable \u00e0 la vie. <\/p>\n\n\n\n La travers\u00e9e de la mer est une histoire de salut parce que la mer est aussi un environnement hostile et redoutable. Dans la tradition juive, la mer symbolise l\u2019adversit\u00e9, les forces du mal et de la mort. La marche de J\u00e9sus sur la mer signifie qu\u2019il transcende toutes les forces contraires \u00e0 la vie. Pensons au r\u00e9cit de la cr\u00e9ation, dans le livre de la Gen\u00e8se, quand il est dit que \u00ab le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux \u00bb (Gn 1, 2). Port\u00e9 par le souffle de Dieu, par l\u2019Esprit de Dieu, J\u00e9sus domine les forces contraires \u00e0 la vie : \u00ab Dieu a tout mis sous ses pieds \u00bb, dit l\u2019ap\u00f4tre Paul dans sa lettre aux Eph\u00e9siens (Ep 1, 22). Rien de ce qui est contraire \u00e0 la vie et \u00e0 la joie de vivre ne peut l\u2019emp\u00eacher de nous rejoindre. <\/p>\n\n\n\n Car, chacun de nous, \u00e0 diff\u00e9rents moments de notre vie, est l\u2019un des disciples dans la barque, en pleine mer. Il peut arriver que notre vie soit comme une mer agit\u00e9e. Il peut arriver que nous soyons troubl\u00e9s, abattus, d\u00e9prim\u00e9s, angoiss\u00e9s. Il peut nous arriver d\u2019avoir un sentiment d\u2019absence ou d\u2019\u00e9loignement de Dieu. Il peut m\u00eame nous arriver de nous sentir indignes de la pr\u00e9sence de Dieu dans notre vie. Tout cela peut susciter de la peur en nous, une sorte de peur existentielle. On parle m\u00eame aujourd\u2019hui d\u2019une culture de la peur.<\/p>\n\n\n\n Rien de ce que nous traversons comme troubles, de ce que nous endurons ou de ce que nous avons pu faire de mal ne peut entamer l\u2019amour de Dieu pour nous. L\u2019assaut des vagues dans notre vie ne peut faire tr\u00e9bucher le Christ qui se fait proche de nous. Ni les vagues de nos d\u00e9fauts, ni celles de nos maladresses n\u2019arr\u00eatent sa marche vers nous. Les vents contraires qui soufflent dans notre vie ne le retiennent pas. Rien ni personne, aucune force contraire \u00e0 l\u2019amour et \u00e0 la vie ne peuvent l\u2019emp\u00eacher de se faire proche de nous : \u00ab Rien ne peut nous s\u00e9parer de l\u2019amour de Dieu qui est dans le Christ \u00bb, dit l\u2019ap\u00f4tre Paul dans sa lettre aux Romains (Rm 8, 39). <\/p>\n\n\n\n L\u2019obscurit\u00e9 de la nuit ne l\u2019emp\u00eache pas de trouver son chemin vers notre barque : \u00ab La t\u00e9n\u00e8bre pour toi n’est pas t\u00e9n\u00e8bre, dit le psaume, et la nuit comme le jour est lumi\u00e8re ! \u00bb (Ps 138, 12). La nuit de notre ignorance, la nuit de nos pr\u00e9tentions, la nuit de nos combines, la nuit de nos erreurs n\u2019emp\u00eachent pas la pr\u00e9sence du Christ de luire dans nos vies. <\/p>\n\n\n\n Une pr\u00e9sence d\u00e9rangeante parce qu\u2019elle nous sort de nos zones de confort. Une pr\u00e9sence d\u00e9stabilisante parce que notre culture scientifique nous a habitu\u00e9s \u00e0 la clairvoyance et \u00e0 la ma\u00eetrise. Une pr\u00e9sence hors du commun qui peut para\u00eetre \u00e9trange, perturbante, et m\u00eame effrayante comme la silhouette qui s\u2019avance sur la mer. Et pourtant une pr\u00e9sence sens\u00e9e nous rassurer et nous inspirer confiance : \u00ab Ayez confiance, moi JE SUIS ; n\u2019ayez pas peur \u00bb. <\/p>\n\n\n\n Nous avons besoin de faire confiance parce que nous sommes limit\u00e9s. C\u2019est notre nature. Notre connaissance, par exemple, est limit\u00e9e. Alors, nous apprenons les uns des autres en toute confiance. Nos capacit\u00e9s techniques sont limit\u00e9es. Alors, nous faisons confiance au savoir-faire du m\u00e9canicien, du plombier, du boucher, de la coiffeuse, ou simplement d\u2019un coll\u00e8gue de travail. Nous ne sommes pas seuls au monde. Nous ne nous suffisons pas \u00e0 nous-m\u00eames. Nous ne pouvons pas progresser ni \u00eatre heureux par nous-m\u00eames, sans la contribution d\u2019autrui.<\/p>\n\n\n\n Nous avons besoin de faire confiance. La confiance est l\u2019attitude qui nous permet d\u2019avancer et de nous \u00e9panouir dans la vie en nous appuyant sur les autres comme personnes ressources. Pour nous Chr\u00e9tiens, le Christ est la personne ressource par excellence. Lui faire confiance, c\u2019est nous laisser porter, comme lui, par l\u2019Esprit de Dieu qui nous a \u00e9t\u00e9 donn\u00e9 et qui demeure en nous. Faire confiance au Christ, c\u2019est garder notre attention fix\u00e9e sur lui pour que le souffle de Dieu nous fasse planer au-dessus des eaux tumultueuses de la vie. <\/p>\n\n\n\n Pierre s\u2019enfonce dans la mer parce qu\u2019il d\u00e9tourne son attention du Christ pour se pr\u00e9occuper de la force du vent. Il est p\u00e9cheur de m\u00e9tier. Il sait combien cette mer de Galil\u00e9e est dangereuse. Il \u00e9value donc la menace et le danger en fonction de sa prudence humaine, et non en fonction de la puissance du Christ qui domine les eaux. Alors, sa foi faiblit. Il est pris de panique et commence \u00e0 s\u2019enfoncer. Malgr\u00e9 son doute, malgr\u00e9 son peu de foi, J\u00e9sus lui tend la main et le rel\u00e8ve. C\u2019est encore la vie qui est pr\u00e9serv\u00e9e. <\/p>\n\n\n\n Et une fois que J\u00e9sus monte dans la barque, le vent tombe. Il n\u2019y a plus que \u00ab le murmure d\u2019une brise l\u00e9g\u00e8re \u00bb, signe de la pr\u00e9sence de Dieu, comme dans la premi\u00e8re lecture (1 R 19, 12b). J\u00e9sus apporte paix et s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 \u00e0 celles et ceux qui sont saisis par sa pr\u00e9sence dans la barque de leur vie : \u00ab Que votre c\u0153ur ne soit pas boulevers\u00e9 ni effray\u00e9 \u00bb, dit-il dans l\u2019\u00e9vangile de Jean ; \u00ab je vous laisse la paix, je vous donne ma paix \u00bb (Jn 14, 27). <\/p>\n\n\n\n Alors, gardons confiance chers fr\u00e8res et s\u0153urs. N\u2019ayons pas peur. Vivons le regard tourn\u00e9 vers le Christ. Laissons-nous porter par le souffle de Dieu dans le calme comme dans la temp\u00eate. Amen. <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Culte du 13 ao\u00fbt 2023, 10h, Fleurier Lectures bibliques : Pr\u00e9dication sur : Confiance au Christ, dans le calme comme dans la temp\u00eate De Cyprien Mbassi Chers fr\u00e8res et s\u0153urs, Il y a eu beaucoup de peur dimanche dernier. Il y en a encore aujourd\u2019hui. 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