{"id":16311,"date":"2024-04-02T14:17:47","date_gmt":"2024-04-02T13:17:47","guid":{"rendered":"https:\/\/paroissereformeevaldetravers.wordpress.com\/?p=16311"},"modified":"2024-04-02T14:17:47","modified_gmt":"2024-04-02T13:17:47","slug":"indices-de-vie-dans-nos-tombeaux","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.eren.ch\/vdt\/indices-de-vie-dans-nos-tombeaux\/","title":{"rendered":"Indices de vie dans nos tombeaux"},"content":{"rendered":"\n
Culte de l\u2019aube pascale, le 31 mars 2024 \u00e0 M\u00f4tiers<\/strong><\/p>\n\n\n\n Pr\u00e9dication de Cyprien Mbassi<\/p>\n\n\n\n Lectures\u00a0: Gen\u00e8se 9, 12-16;\u00a0 Josu\u00e9 3, 14-17<\/em>; Esa\u00efe 49, 7-10; Jean 20, 1-10<\/p>\n\n\n\n Chers fr\u00e8res et s\u0153urs,<\/p>\n\n\n\n Nous c\u00e9l\u00e9brons la f\u00eate de P\u00e2ques. Paradoxalement, il y a un d\u00e9calage entre notre joie de c\u00e9l\u00e9brer P\u00e2ques et les \u00e9motions qui se d\u00e9gagent de l\u2019\u00e9vangile que nous venons d\u2019\u00e9couter. Dans cet \u00e9vangile, il y a de la tristesse, il y a de l\u2019inqui\u00e9tude voire de la panique. Ce d\u00e9calage est tr\u00e8s int\u00e9ressant parce qu\u2019il nous rappelle que P\u00e2ques est avant tout un \u00e9v\u00e9nement de foi et que la foi a quelque chose d\u2019inconfortable humainement.<\/p>\n\n\n\n Dans cet \u00e9vangile, il y a d\u2019un c\u00f4t\u00e9, une logique typiquement humaine repr\u00e9sent\u00e9e par Marie-Madeleine ; d\u2019un autre c\u00f4t\u00e9, une logique de foi repr\u00e9sent\u00e9e par Jean ; et puis, on pourrait ajouter une troisi\u00e8me logique, une logique totalement floue. Elle est repr\u00e9sent\u00e9e par Pierre. On ne sait rien de la foi de Pierre au tombeau. Pierre a couru comme Jean. Il a fait le m\u00eame constat que Jean et Marie-Madeleine. Mais rien n\u2019est dit sur sa foi. On ne sait pas s\u2019il croit ou s\u2019il ne croit pas.<\/p>\n\n\n\n Marie-Madeleine est en panique parce qu\u2019elle a constat\u00e9 quelque chose de grave. C\u2019est l\u2019absence du corps de J\u00e9sus au tombeau. Elle court alerter Pierre et Jean. Et une autre course s\u2019engage en sens inverse. C\u2019est une aube de P\u00e2ques tr\u00e8s dynamique. Une procession au pas de course. Mais c\u2019est un dynamisme qui a plus de questions que de r\u00e9ponses, plus d\u2019inqui\u00e9tude que de s\u00e9r\u00e9nit\u00e9, plus de logique humaine que de foi.<\/p>\n\n\n\n L\u2019absence du corps de J\u00e9sus au tombeau fait suite \u00e0 un \u00e9v\u00e9nement extr\u00eamement tragique et douloureux : celui de sa mort dans les conditions \u00e9pouvantables de la crucifixion. Et cela dans l\u2019impuissance totale des disciples, hommes comme femmes. Marie-Madeleine en fait partie. J\u00e9sus, le ma\u00eetre, leur a \u00e9t\u00e9 enlev\u00e9 de mani\u00e8re tragique. Il ne reste de lui que son corps. Un corps qui a \u00e9t\u00e9 enseveli dans la pr\u00e9cipitation et de fa\u00e7on provisoire parce que la f\u00eate juive du sabbat \u00e9tait proche.<\/p>\n\n\n\n Marie-Madeleine se rend au tombeau pour honorer ce qui reste de la pr\u00e9sence du Christ : son corps. A sa grande surprise, le tombeau est vide. Et elle a d\u00e9j\u00e0 son interpr\u00e9tation : \u00ab On a enlev\u00e9 le Seigneur de son tombeau \u00bb. C\u2019est une interpr\u00e9tation tr\u00e8s humaine qui suscite des \u00e9motions difficiles : \u00e0 la tristesse du deuil, s\u2019ajoutent l\u2019inqui\u00e9tude et peut-\u00eatre la panique. Dans la suite du r\u00e9cit, il est dit que Pierre et Jean rentrent chez eux, tandis que Marie-Madeleine reste en pleurs pr\u00e8s du tombeau. Elle est compl\u00e8tement install\u00e9e dans son deuil. Sa question n\u2019est m\u00eame pas de savoir qui a enlev\u00e9 le corps, mais o\u00f9 on l\u2019a d\u00e9pos\u00e9. Tout ce qu\u2019elle souhaite \u00e0 cet instant, c\u2019est de retrouver le corps pour accomplir le rituel fun\u00e8bre.<\/p>\n\n\n\n Deux anges lui apparaissent par la suite et lui demandent pourquoi elle pleure. Elle leur dit la m\u00eame chose qu\u2019aux disciples : \u00ab On a enlev\u00e9 mon Seigneur, et je ne sais pas o\u00f9 on l\u2019a d\u00e9pos\u00e9 \u00bb. La pr\u00e9sence des anges n\u2019ayant pas beaucoup servi, J\u00e9sus lui-m\u00eame lui appara\u00eet. Mais elle le prend pour le jardinier et dirige ses soup\u00e7ons vers lui : \u00ab Si c\u2019est toi qui l\u2019as emport\u00e9, lui dit-elle, dis-moi o\u00f9 tu l\u2019as d\u00e9pos\u00e9, et moi, j\u2019irai le prendre \u00bb.<\/p>\n\n\n\n Le tombeau est vide pour susciter la foi de Marie-Madeleine. Mais elle ne l\u2019a pas compris parce qu\u2019elle est consum\u00e9e par la souffrance du deuil. Elle est aussi d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9e par la disparition du corps de J\u00e9sus. Elle va chercher de l\u2019aide aupr\u00e8s de Pierre et de Jean. Sans le savoir, c\u2019est pour sa propre foi qu\u2019elle va chercher de l\u2019aide. Mais elle est tellement accabl\u00e9e que ni la foi de Jean, ni la pr\u00e9sence des anges, ni celle de J\u00e9sus lui-m\u00eame ne la sortent de la logique humaine dans laquelle elle est englu\u00e9e. Il a fallu que J\u00e9sus l\u2019appelle par son nom pour que se produise un \u00e9lectrochoc.<\/p>\n\n\n\n Marie-Madeleine, c\u2019est tellement nous dans nos situations difficiles et parfois d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9es. Nous restons si souvent en pleurs dans les tombeaux de nos malheurs. Le bruit assourdissant de nos propres lamentations nous emp\u00eache d\u2019\u00e9couter les t\u00e9moignages de vie qui viennent \u00e0 nous. Et les larmes pleins les yeux, nous sommes souvent incapables de reconna\u00eetre ces visages ang\u00e9liques qui nous tendent la main. Nous sommes incapables de reconna\u00eetre J\u00e9sus lui-m\u00eame qui nous appelle par notre nom pour nous rappeler que nous sommes uniques \u00e0 ses yeux, et qu\u2019il n\u2019est jamais indiff\u00e9rent \u00e0 ce qui nous arrive. Marie-Madeleine comprend, enfin, que le tombeau est vide parce que le Christ, qui est la vie, \u00e9chappe \u00e0 l\u2019emprise de la mort. Et c\u2019est pour nous qu\u2019il triomphe de la mort. Dans sa mort, est contenue la mort de toute l\u2019humanit\u00e9 : \u00ab je suis la r\u00e9surrection et la vie \u00bb, dit-il dans l\u2019Evangile.<\/p>\n\n\n\n Contrairement \u00e0 Marie-Madeleine, Jean voit et il croit. Il croit, non parce que le corps est absent \u2013 il le savait avant d\u2019arriver au tombeau \u2013 mais parce que le tombeau n\u2019est pas totalement vide. Il reste des indices, des indices pour la foi : les linges fun\u00e9raires sont dispos\u00e9s de telle sorte qu\u2019on ne peut parler d\u2019un enl\u00e8vement du corps. L\u2019\u00e9vang\u00e9liste pr\u00e9cise deux fois que les linges (ou les bandelettes) sont pos\u00e9s \u00e0 plat. Jean croit quand il entre dans le tombeau vide parce qu\u2019il voit, \u00e0 travers la disposition des linges, un indice de vie. <\/p>\n\n\n\n Sa r\u00e9action nous apprend \u00e0 savoir identifier les indices de vie dans les tombeaux de notre quotidien : les tombeaux de nos \u00e9checs ; les tombeaux de nos regrets ; les tombeaux de nos erreurs, de nos fautes, de nos maladresses ; les tombeaux de nos apitoiements sur nous-m\u00eames ; les tombeaux de nos souffrances et de nos malheurs. Chaque fois que nous sommes au plus bas et que nous ne ressentons plus la pr\u00e9sence de Dieu, ouvrons grands les yeux de la foi et trouvons les indices de vie que le Christ nous offre. La gr\u00e2ce de P\u00e2ques nous habite r\u00e9ellement quand nous choisissons de voir la vie au-del\u00e0 de l\u2019ab\u00eeme du tombeau.<\/p>\n\n\n\n Alors, confions au Christ ressuscit\u00e9 toutes ces situations de mort qui affectent notre envie de vivre et notre joie de vivre. Et si nous n\u2019y arrivons pas, demandons \u00e0 Dieu le regard unique de l\u2019ap\u00f4tre Jean :<\/p>\n\n\n\n Un regard qui sait identifier les indices de vie dans les tombeaux de notre existence.<\/p>\n\n\n\n Un regard qui voit la vie au-del\u00e0 du chaos.<\/p>\n\n\n\n Un regard qui nous donne la certitude que nous pouvons nous relever du pire et revivre avec confiance sous le regard bienveillant du Seigneur ressuscit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n Amen.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Culte de l\u2019aube pascale, le 31 mars 2024 \u00e0 M\u00f4tiers Pr\u00e9dication de Cyprien Mbassi Lectures\u00a0: Gen\u00e8se 9, 12-16;\u00a0 Josu\u00e9 3, 14-17; Esa\u00efe 49, 7-10; Jean 20, 1-10 Chers fr\u00e8res et s\u0153urs, Nous c\u00e9l\u00e9brons la f\u00eate de P\u00e2ques. Paradoxalement, il y a un d\u00e9calage entre notre joie de c\u00e9l\u00e9brer P\u00e2ques et les \u00e9motions qui se d\u00e9gagent … Continuer la lecture de « Indices de vie dans nos tombeaux »<\/span><\/a><\/p>\n","protected":false},"author":68,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[32],"tags":[],"class_list":["post-16311","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-predications"],"yoast_head":"\n