{"id":19315,"date":"2025-07-15T10:21:29","date_gmt":"2025-07-15T08:21:29","guid":{"rendered":"https:\/\/www.eren.ch\/vdt\/?p=19315"},"modified":"2025-07-15T10:21:32","modified_gmt":"2025-07-15T08:21:32","slug":"la-parabole-du-samaritain","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.eren.ch\/vdt\/la-parabole-du-samaritain\/","title":{"rendered":"La parabole du Samaritain"},"content":{"rendered":"\n
Culte du dimanche 13 juillet 2025 \u00e0 M\u00f4tiers<\/strong><\/p>\n\n\n\n Lecture : Luc 10, 25-37<\/em><\/p>\n\n\n\n La parabole est la r\u00e9ponse de J\u00e9sus \u00e0 un ma\u00eetre de la Loi qui l\u2019interrogeait pour le mettre \u00e0 l\u2019\u00e9preuve : Que dois-je faire pour h\u00e9riter la vie \u00e9ternelle ? <\/em>Relanc\u00e9 par J\u00e9sus, l\u2019homme avait cit\u00e9 le double commandement d\u2019amour : \u2018Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton \u00eatre et ton prochain comme toi-m\u00eame.\u2019<\/em> J\u00e9sus lui ayant alors d\u00e9clar\u00e9 : Fais cela, et tu auras la vie !<\/em>, l\u2019homme avait demand\u00e9 : Mais qui est donc mon prochain ?, <\/em>– et l\u2019\u00e9vang\u00e9liste Luc pr\u00e9cise que c\u2019\u00e9tait pour se justifier. <\/em>De quoi cet homme cherchait-il donc \u00e0 se justifier ? D\u2019avoir pos\u00e9 \u00e0 J\u00e9sus une question-pi\u00e8ge ? Ou bien d\u2019avoir parfois omis ou n\u00e9glig\u00e9 d\u2019aimer son prochain comme lui-m\u00eame<\/em> ?<\/p>\n\n\n\n Quoi qu\u2019il en soit, J\u00e9sus ne lui donna aucune d\u00e9finition de ce prochain <\/em>qu\u2019il devait aimer : il lui raconta un fait divers qui pouvait survenir chaque jour – ou presque – sur les chemins de Jud\u00e9e. Un homme gisait \u00e0 terre, bless\u00e9 par des brigands, et trois voyageurs \u00e9taient pass\u00e9s par l\u00e0 : les deux premiers avaient simplement poursuivi leur route, tandis que le troisi\u00e8me s\u2019\u00e9tait approch\u00e9 du malheureux pour le soigner, puis l\u2019avait confi\u00e9 \u00e0 un aubergiste avant de reprendre sa route. Et J\u00e9sus conclut en demandant \u00e0 son interlocuteur : Lequel de ces trois te semble s\u2019\u00eatre fait le prochain de l\u2019homme tomb\u00e9 entre les mains des brigands ? Va donc, et fais de m\u00eame !<\/em><\/p>\n\n\n\n * * *<\/p>\n\n\n\n De cette r\u00e9ponse de J\u00e9sus sous forme de parabole, j\u2019aimerais souligner trois \u00e9l\u00e9ments : <\/p>\n\n\n\n Premi\u00e8rement, J\u00e9sus se place d\u00e9lib\u00e9r\u00e9ment hors des cat\u00e9gories morales du \u2018bien\u2019 <\/em>et du \u2018mal\u2019<\/em>, du \u2018bon\u2019 <\/em>et du \u2018m\u00e9chant\u2019<\/em>. Il ne fait aucun reproche au pr\u00eatre ni au l\u00e9vite qui sont pass\u00e9s \u00e0 c\u00f4t\u00e9 du bless\u00e9 sans s\u2019arr\u00eater ; en effet, tous deux avaient une excellente raison d\u2019agir comme ils l\u2019ont fait : s\u2019ils avaient touch\u00e9 le malheureux et que celui-ci \u00e9tait d\u00e9c\u00e9d\u00e9, cela les aurait rendus impurs d\u2019apr\u00e8s la Loi, les emp\u00eachant d\u2019accomplir leurs activit\u00e9s religieuses dans les jours \u00e0 venir. N\u2019\u00e9tait-il pas \u00e9crit : \u2018Un pr\u00eatre ne se rendra pas impur parmi les siens pour un mort, – si ce n\u2019est pour l\u2019un de ses plus proches parents : pour sa m\u00e8re ou son p\u00e8re, pour son fils ou sa fille, pour son fr\u00e8re ou pour sa s\u0153ur au cas o\u00f9 celle-ci n\u2019est pas encore mari\u00e9e\u2019 (L\u00e9vitique 21\/1-3)<\/em> ? Le voyageur venu de Samarie n\u2019avait pas ce genre de scrupule: pour lui, le Temple n\u2019\u00e9tait pas un lieu sacr\u00e9 qu\u2019il faudrait pr\u00e9server d\u2019un sang rendant impur ; d\u2019ailleurs, il n\u2019en revenait sans doute pas ; il pouvait donc intervenir en voyant le bless\u00e9, sans crainte ni restriction. Voil\u00e0 pourquoi J\u00e9sus ne parle pas d\u2019un \u2018mauvais <\/em>pr\u00eatre\u2019 ni d\u2019un \u2018m\u00e9chant<\/em> l\u00e9vite\u2019, pas plus qu\u2019il ne f\u00e9licite le Samaritain d\u2019avoir agi comme il l\u2019a fait : le fait de parler du \u2018bon Samaritain\u2019 <\/em>est une invention plus tardive de la morale et de la tradition, – il n\u2019est jamais d\u00e9sign\u00e9 ainsi dans l\u2019\u00c9vangile. Cela ne signifie d\u2019ailleurs pas que le mal <\/em>est absent du monde que d\u00e9crit la parabole : ce sont bien des brigands<\/em> qui avaient agress\u00e9 le malheureux en le laissant \u00e0 moiti\u00e9 mort.<\/p>\n\n\n\n * * *<\/p>\n\n\n\n Ma deuxi\u00e8me observation concerne l\u2019intervention du passant samaritain : l\u2019\u00e9vang\u00e9liste Luc pr\u00e9cise que c\u2019est par compassion <\/em>qu\u2019il s\u2019approche et prend soin du bless\u00e9. Il r\u00e9agit de mani\u00e8re spontan\u00e9e en voyant un homme en d\u00e9tresse qui g\u00eet l\u00e0, devant lui ; il se porte \u00e0 son secours, puis le conduit en un lieu o\u00f9 il pourra se r\u00e9tablir, – et ensuite il poursuit sa route, laissant l\u2019aubergiste prendre le relais apr\u00e8s lui avoir avanc\u00e9 une somme d\u2019argent pour prendre soin du bless\u00e9. Il \u00e9vite ainsi de nouer avec cet homme victime de malveillance un lien de d\u00e9pendance durable : apr\u00e8s s\u2019\u00eatre approch\u00e9 de lui au moment opportun, il r\u00e9tablit entre eux une distance garante de libert\u00e9 pour l\u2019un comme pour l\u2019autre, – \u00e0 l\u2019oppos\u00e9 de toute forme perverse de prise en charge qui les enfermerait dans un n\u0153ud malsain de dettes et de devoirs de gratitude.<\/p>\n\n\n\n Mieux encore que le mot compassion<\/em>, c\u2019est le mot confiance <\/em>qui me semble qualifier l\u2019attitude de ce samaritain : confiance<\/em> envers l\u2019homme bless\u00e9, qui aurait pu faire semblant d\u2019\u00eatre mal en point pour lui tendre un pi\u00e8ge avec un complice cach\u00e9 qui surgirait soudain pour le d\u00e9valiser ; confiance<\/em> envers l\u2019aubergiste, qui aurait pu empocher pour lui-m\u00eame l\u2019argent qu\u2019il lui avait confi\u00e9 pour prendre soin du bless\u00e9 jusqu\u2019\u00e0 son plein r\u00e9tablissement ; confiance<\/em> envers lui-m\u00eame enfin,en sa capacit\u00e9 de venir en aide \u00e0 l\u2019homme bless\u00e9 en lui prodiguant les soins appropri\u00e9s : il aurait pu avoir peur d\u2019aggraver encore par maladresse l\u2019\u00e9tat du malheureux\u2026 N\u2019est-ce pas par d\u00e9faut d\u2019une telle confiance <\/em>en l\u2019autre comme en nous-m\u00eames que nous nous retenons parfois d\u2019agir, par crainte de mal faire et de nous retrouver \u00e0 notre tour en difficult\u00e9 ? Dans notre monde, comme dans la Jud\u00e9e du temps de J\u00e9sus, la violence et la malveillance sont toujours pr\u00e9sentes, menaces susceptibles de nous atteindre qui tendent \u00e0 nous paralyser, par prudence ou par peur\u2026<\/p>\n\n\n\n * * *<\/p>\n\n\n\n J\u2019en arrive ainsi au troisi\u00e8me et dernier point que j\u2019aimerais souligner dans la parabole de J\u00e9sus et sa r\u00e9ponse concernant le prochain<\/em> : c\u2019est le retournement, l\u2019inversion de la mani\u00e8re de voir. Au d\u00e9part, il y avait les deux questions du ma\u00eetre de la Loi : Que dois-je faire pour h\u00e9riter (ou m\u00e9riter) la vie \u00e9ternelle ? <\/em>et Qui est mon prochain ?<\/em> Au centre de l\u2019une comme de l\u2019autre, il y avait le \u2018moi\u2019<\/em>, – \u2018moi\u2019 <\/em>qui pourrais ou devrais faire quelque chose pour plaire \u00e0 Dieu et \u00eatre en r\u00e8gle envers lui et envers les autres, \u2018mes\u2019<\/em> prochains.<\/em> Mais \u00e0 la fin de l\u2019\u00e9change, J\u00e9sus demande \u00e0 l\u2019homme : Lequel de ces trois passants te semble \u00eatre devenu le prochain de l\u2019homme bless\u00e9 sur la route ? <\/em>Ce n\u2019est plus le \u2018moi\u2019 <\/em>qui est au centre d\u2019un cercle qu\u2019il faudrait tracer, plus ou moins large, –\u2018moi\u2019 <\/em>bien-portant qui pourrais ou devrais faire ceci ou cela pour certains de mes semblables en d\u00e9tresse. Le \u2018moi\u2019<\/em>, \u00e0 la fin de la parabole, c\u2019est l\u2019homme bless\u00e9 sur les chemins du quotidien o\u00f9 guette le malheur, – \u2018moi\u2019 <\/em>dont un autre s\u2019est approch\u00e9 pour me venir en aide au moment de l\u2019\u00e9preuve. \u2018Moi\u2019, <\/em>c\u2019est l\u2019\u00eatre humain dans sa fragilit\u00e9 qui a besoin des autres pour vivre, – pour se relever lorsqu\u2019il se trouve \u00e0 terre, pour reprendre forces et courage lorsqu\u2019il est r\u00e9duit \u00e0 l\u2019impuissance\u2026 \u2018Mon\u2019<\/em> prochain<\/em>, ce n\u2019est donc pas celui ou celle dont je pourrais ou devrais m\u2019approcher pour lui venir en aide : ce sont tous ceux qui se sont approch\u00e9s de moi, un jour, – celles et ceux sans la pr\u00e9sence et l\u2019aide, sans le soutien desquels je ne serais peut-\u00eatre plus en vie. Parmi eux, il y a sans doute ceux dont le pr\u00eatre \u00e9tait autoris\u00e9 \u00e0 s\u2019approcher, m\u00eame mourants : p\u00e8re et m\u00e8re, fr\u00e8re et s\u0153ur, – mais, aux yeux de J\u00e9sus, le cercle s\u2019\u00e9tend bien au-del\u00e0, \u00e0 toute l\u2019humanit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n Comme la parabole, la vie elle-m\u00eame nous apprend \u00e0 conjuguer le verbe aimer <\/em>en commen\u00e7ant toujours par le passif et le pass\u00e9 : \u2018j\u2019ai \u00e9t\u00e9 aim\u00e9\u2019 <\/em>bien avant m\u00eame que je comprenne le sens du verbe aimer <\/em>et que je devienne \u00e0 mon tour capable et d\u00e9sireux d\u2019aimer ! Voil\u00e0 pourquoi l\u2019amour n\u2019est pas de l\u2019ordre de la morale ni du m\u00e9rite ni du devoir : il rel\u00e8ve de la seule gr\u00e2ce. En mati\u00e8re d\u2019amour, rien n\u2019est \u00e0 m\u00e9riter<\/em>, comme le voulait le ma\u00eetre de la Loi : tout est donn\u00e9, tout est \u00e0 accueillir dans la reconnaissance. C\u2019est une affaire de confiance <\/em>en l\u2019\u00eatre humain, notre semblable qui, comme chacune et chacun de nous, a besoin pour vivre de plus d\u2019amour qu\u2019il n\u2019en aura jamais m\u00e9rit\u00e9<\/em>. (*)<\/p>\n\n\n\n Ion Karakash<\/p>\n\n\n\n (*) Inspir\u00e9 d\u2019une parole de l\u2019ancien Conseiller f\u00e9d\u00e9ral Willy Ritschard : \u2018<\/em>L\u2019\u00c9tat est comme chacun de nous : il a besoin pour vivre de plus d\u2019amour qu\u2019il n\u2019en a m\u00e9rit\u00e9.\u2019<\/em><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Culte du dimanche 13 juillet 2025 \u00e0 M\u00f4tiers Lecture : Luc 10, 25-37 La parabole est la r\u00e9ponse de J\u00e9sus \u00e0 un ma\u00eetre de la Loi qui l\u2019interrogeait pour le mettre \u00e0 l\u2019\u00e9preuve : Que dois-je faire pour h\u00e9riter la vie \u00e9ternelle ? 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