Observation accablante

Méditorial Christine Hahn
Paru dans la pive n° 144

Jésus était invité pour un repas chez l’un des dirigeants du parti pharisien : ceux qui étaient à table avec lui l’observaient attentivement, … (Luc 14,1-6)

Il n’y a rien de mal à observer attentivement. Un bébé observe son entourage pour le comprendre. Les ornithologues observent les oiseaux pour mieux les connaitre, saisir des enjeux pour leur survie. Un apprenti observe attentivement les gestes de son maître pour s’exercer et les reproduire. Les disciples ont observé Jésus, ont vécu avec lui, appris ses façons d’agir. Ils l’ont vu accomplir des miracles, enseigner le Royaume de Dieu, aimer et avoir compassion de toutes les personnes rencontrées. Ainsi, une fois Jésus retourné vers son Père, les disciples sont allés partager cette bonne nouvelle dans tout le monde méditerranéen. Leur témoignage s’est propagé jusqu’à nous au fil des siècles.

Mais dans le passage de Luc 14, l’observation des convives n’a rien à voir avec de la compréhension, de la connaissance ou de l’apprentissage. Au contraire, les pharisiens maîtrisent la loi religieuse, ils la connaissent par cœur. Leur observation de Jésus sert à le prendre en faute. Ils examinent chacune de ses paroles avec l’intention de le détruire. Bonjour l’ambiance !

L’attitude des pharisiens m’interroge sur leurs motivations. Maintien de l’acquis, résistance au changement, jalousie, soif de pouvoir me viennent immédiatement à l’esprit alors qu’il y a bien plus de raisons possibles. Je réalise que moi aussi, je n’ai pas toujours une attitude ouverte, bienveillante et accueillante face aux personnes que je rencontre. Je me laisse prendre par la méfiance, la peur ou la fatigue qui mettent une distance avec mes interlocuteurs. Dans cette réalité, quelles sont les options ?

Dans la suite du passage, par l’intermédiaire d’une guérison, Jésus propose aux pharisiens de les prendre avec lui dans une nouvelle dimension de compréhension et de découverte. Au lieu de se concentrer sur des règles religieuses restrictives, il leur propose une relation souple et vivante avec ce Dieu qu’ils croient connaître. Il met en avant le pardon avant le jugement, l’ouverture avant l’étroitesse, la vie avant les règles. Malheureusement les pharisiens choisissent de camper sur leurs positions ce qui ne fait qu’envenimer la situation.

Cette offre faite aux pharisiens nous est également proposée dans nos relations. Dans nos limites, Jésus nous rejoint et nous invite à aller plus loin. Oserons-nous accepter de nous laisser entrainer dans la vie l’ouverture et le pardon ?