Comment prier ?

Méditorial Quentin Beck
Paru dans la pive n°143

« Seigneur, apprends-nous à prier » (Luc 11, 1). Cette demande d’un disciple à Jésus peut nous sembler étrange. Avons-nous vraiment besoin d’apprendre à prier ? Même sans être très religieux, il nous suffit de traverser des turbulences ou de perdre nos clés pour que nous nous souvenions comment prier.

Nous avons tous prié un jour, et tous, à un moment ou un autre, nous avons été confrontés à cette réalité : nos prières ne sont pas toujours exaucées. Alors, que faire de cette promesse de Jésus : « Demandez, et vous recevrez » ? Faut-il prier plus fort ? Avoir plus de foi ?

Jésus lui-même n’a pas toujours été exaucé. À Gethsémané, il a prié pour que la souffrance à venir lui soit épargnée. Pourtant, il sera condamné à mourir sur la croix. Cela montre que la prière ne dépend pas de notre foi, de la force avec laquelle nous prions, ni des mots utilisés et que la prière n’a jamais été une garantie de recevoir ce que nous voulons.

Je crois que la prière n’est pas un examen devant Dieu, un test à réussir sous peine de ne pas être entendu. Ce n’est pas une performance spirituelle où il faudrait trouver les bons mots, le bon ton, la bonne attitude. La prière est un chemin. Un processus dans lequel on entre, et qui, petit à petit, vient nous transformer en profondeur.

À cette question du disciple, Jésus répondra par la prière du Notre Père. Celle dernière nous invite à ne pas prier dans le seul but de trouver des réponses ou des solutions. Elle nous invite à prier pour chercher Dieu. Et cela change tout. La prière ne ferme pas l’avenir avec des demandes précises, elle l’ouvre à la présence de Dieu. Elle nous apprend à nous tenir devant lui avec confiance, à accueillir sa volonté, à vivre le présent avec foi et déposer notre avenir entre ses mains. Ce n’est pas une méthode pour changer la réalité à notre convenance, mais une manière d’entrer dans une relation qui peut changer notre regard et notre cœur.

Et surtout, la prière ouvre l’avenir. Elle nous libère de l’illusion que nous pouvons tout contrôler, tout prévoir. Elle fait place à ce que Dieu peut accomplir, parfois autrement, parfois bien au-delà de ce que nous aurions osé demander. Prier, c’est oser croire qu’un autre avenir est possible. Non pas celui que nous avions prévu, mais celui que Dieu rend possible dans sa grâce.

Alors cette semaine, peut-être que notre prière pourrait être toute simple : « Seigneur, apprends-moi à prier. » Non pas pour obtenir plus, mais pour vivre plus proche de Lui, et remettre l’avenir entre ses mains.