Une jolie page d’espérance

Lecture de Matthieu 3

Aujourd’hui, il y a urgence. C’est le leitmotiv que nous lisons quotidiennement sur les réseaux sociaux. Nous devons ouvrir les yeux sur la réalité, notre réalité. Nous avons vécu, nous dit-on, sans nous préoccuper des conséquences et maintenant, il y a urgence. Il faut changer de comportement et tout de suite.

Ce n’est plus Jean-Baptiste qui nous appelle à la conversion spirituelle, à changer notre regard sur notre vie, à changer de comportement.

Aujourd’hui, ce sont des voix qui se lèvent, qui annoncent la fin du monde prochaine et qui appelle à une conversion totale, maintenant comme s’il était déjà trop tard. Il y a urgence.

Jean-Baptiste appelle à la responsabilité de chacun. Il appelle à la réflexion, au changement, à l’engagement, à la responsabilité. Il n’accuse personne, ne culpabilise personne, ne contraint personne. Au contraire, il invite, il interpelle, il propose un geste concret pour marquer ce changement de vie choisi librement par ceux et celles  qui l’écoutent.

Il est la voix qui crie dans le désert, dans le silence, dans la dureté de l’existence qu’il y a un changement possible, qu’il y a un chemin à suivre et donc une issue, qu’il existe une espérance parce que tout est encore possible. Quelqu’un viendra après lui, plus fort et plus grand que lui. Jean-Baptiste l’annonce et prépare cette rencontre future.

Aujourd’hui, les voix qui se lèvent et qui appellent au changement de comportement sont multiples. La plupart sont alarmistes, il est trop tard déjà mais pourtant elles crient à l’urgence des changements tous azimuts. Elles sont souvent porteuses d’anxiété. Elles nous enferment dans une culpabilité collective nous poussant à nous replier sur nous-mêmes.

La jeune génération nous montre du doigt mettant en relief notre insouciance, notre égoïsme à avoir gaspiller les énergies de notre planète. C’est notre faute, c’est le résultat de notre façon de vivre et voilà où nous en sommes, et voilà ce que nous laissons en héritage à la génération suivante.

Nous en sommes toujours et encore au même point dans notre humanité.

Nous recherchons qui est le fautif, à qui faire porter le chapeau, qui est le coupable, dans un autre registre qui a péché ?

Nous le voyons dans toutes sortes de domaines et particulièrement en politique. Il suffit de trouver un coupable, on le licencie, le remplaçant par une autre tête et le problème semble réglé, assez pour qu’on n’en parle plus un certain temps du moins.

Un autre exemple est le fait de relire le passé avec les critères sociétaux d’aujourd’hui. On critique le passé mais sans en tirer toujours des leçons pour le présent. On montre du doigt une personnalité dont on était fier précédemment sans s’interroger sur nos actions présentes. A chaque fois, c’est la recherche d’un fautif qui est l’objectif du questionnement, un autre fautif que sois même ou que l’idéologie que l’on défend.

Jésus durant tout son ministère a refusé cette démarche.

Il répondait en plaçant la personne dans le présent.

Que peut-on faire, que veux-tu faire, qu’attends-tu de moi ?

Ce qui l’intéressait, c’était d’ouvrir un chemin de guérison.

Même si quelques fois ce chemin s’avérait difficile à suivre exigeant une décision et un engagement trop radical.

Finalement, celui que Jean-Baptiste annonçait comme un juge sans pitié, s’est avéré être une personne accueillante qui n’a rejeté personne, n’a exclu personne. Au contraire, il a rejoint les désespérés, les malades, les vulnérables, les oubliés et leur a tendu la main leur insufflant des mots qui font du bien. Il a relevé des personnes leur redonnant une dignité. Il a ouvert un chemin qu’il est possible de suivre, donnant du sens à des vies qui l’avaient perdu, partageant l’espérance qu’une seconde chance est offerte à qui veut bien la saisir.

Il est venu nous apprendre à aimer.

Oui, il est bien plus grand que Jean-Baptiste car il met l’amour comme critère premier.

Il a remplacé la loi du talion par l’amour du prochain.

Un amour qui se traduit par des paroles et des actes.

Un amour qui se traduit en bienveillance et en pardon, en compassion et tolérance.

Un amour qui relève, un amour qui accueille, un amour qui pardonne, un amour qui nourrit l’espérance de n’être jamais seul, d’être accepté tel que nous sommes, un amour qui ne connaît aucune frontière.

Aie confiance ! Ne vous inquiétez pas !

Et il a ensuite ajouté :

Veillez !

Il a invité à porter du fruit, à veiller activement, sans peur mais avec joie, recherchant la paix et partageant l’amour. A s’engager à ses côtés à rendre la vie meilleure en faisant grandir ce qui est bon en nous et chez les autres.

Veillez !

Etre une lampe allumée

Eclairez !

Car même une petite lueur peut rendre espoir, même dans la nuit la plus sombre de l’hiver.

Ne vous inquiétez pas

Ayez confiance.

Partagez cette confiance, acceptez le défi d’être des porteurs de lumière qui sillonnent les routes du monde.

Changez de comportement, non parce que la peur nous pousse à le faire mais parce que, en tant que veilleurs et veilleuses, nous nous engageons de façon responsable au bien-être de l’humanité.

Et l’espérance, même dans un monde désespéré et en quête de lumière, trouvera son chemin jusqu’au cœur de tous les humains. De toi, de moi, de nous.

« Ta lumière a brillé dans la nuit, comme une étoile tu nous conduis, tu viens nous libérer pour toujours, (…) Jésus-Christ notre frère ».

(cf. psaumes et cantiques 443)

Que Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, éclaire notre chemin de témoin d’espérance.

Amen

Ysabelle de Salis