Paix parmi les hommes !

Luc 2, 8-16

Zachée Betche, pasteur

Avez-vous une fois tenté d’acheter la paix ? L’expression provocante et quelque peu brutale est loin d’être une invention récente. Ce n’est pas simplement une question de langage, une manière de s’exprimer. Acheter la paix au propre comme au figuré nous installe dans une forme de résignation. Nous nous taisons ou nous collaborons malgré nous, décidés à abandonner l’intranquillité qui, en soi, nous est inconfortable.

Certaines situations de la vie exigent que nous cherchions la paix par tous les moyens. La paix a un prix. Que dis-je, la paix n’a pas de prix parce qu’en réalité elle n’est pas toujours à notre portée ou alors elle impose des sacrifices parfois à la limite de l’extrême.

Vous voulez fêter Noël, alors vous courez un grand risque parce que vous risquerez d’affronter cette paix redoutable tant recherchée.

Si nous osons nous permettre un conseil ; s’il vous plaît ne refusez pas les cadeaux, vous risquerez de vexer !!! J’ai rarement entendu quelqu’un désirer, comme cadeau à Noël, la paix. Son étiquette est introuvable. Certainement parce que les magasins, malgré leur charme, leur côté luxuriant, avec l’immense potentiel de satisfactions matérielles qu’ils proposent, ne fournissent pas encore cette marchandise rare. Soyons réalistes. Inutile d’aller la chercher là où elle n’est visiblement pas.

C’est vrai que lorsqu’on regarde souvent la télévision, on découvre que le monde est globalement si bouleversé, si chahuté par toutes sortes de conflits, d’instabilités, etc. C’est même, si nous osons le dire, la condition permanente de notre planète.

L’impression que tout cela se passe ailleurs et jamais ici nous habite. Ce n’est pas tant que l’on vive dans un pays où les bombes pleuvent, où l’on se fait agresser physiquement à tout bout de champ, où les routes sont mauvaises, où le système social et sanitaire côtoie la médiocrité. Non, tout va bien.

Mais avons-nous la paix pour autant là où nous sommes ? Tous les conflits, toutes ces souffrances humaines ne sont pas toujours visibles. Lorsque nous nous regardons dans le miroir, lorsque nous regardons avec finesse nos propres situations de vie, de couple, de famille, de travail, etc. il est possible que nous fassions face à nos propres soucis ; à nos manques de paix véritable.

Noël est un risque, disais-je, parce qu’elle peut bouleverser nos vies. La paix lorsqu’elle est articulée comme dans ce passage de Luc, interroge profondément. Les bergers qui entendent la nouvelle de la naissance du petit enfant sont dans la frayeur. Leurs habitudes sont secouées. La naissance de l’enfant les brise.

Elle suscite un drôle de frémissement, une crainte. Elle nous est donnée de la façon la plus inattendue, sans bruit ni trompette, dans une mangeoire, sous le visage frêle et délicat d’un enfant, sans grandes stratégies marketing. La paix nous est donnée de telle sorte que même l’être humain le plus faible, le plus oublié, le plus ignoré puisse la rencontrer.

Chers amis, la paix est dans une crèche ; une simple crèche plutôt que dans une immense bâtisse, dans un grand confort, dans le gigantisme de l’humain. La rencontrer est un grand risque ; vous verrez alors la vie autrement. C’est cela le vrai miracle de Noël.

Elle nous offre une paix qu’on achète pas. Elle se donne et c’est ce qui la rend redoutable à nos yeux. La gratuité désarçonne. Mais n’ayez crainte. Jésus entre dans notre histoire et nous montre que Dieu peut emprunter un chemin tout autre, il peut susciter en nous une histoire, une relation, une vie qui n’aura pas de fin ; une vie malgré tout ce que nous pouvons affronter, malgré les maladies, les inquiétudes, les fausses assurances, …

La paix est possible, une paix douce et profonde qui change radicalement la vie. La paix parmi les hommes est possible. Elle passe par la paix intérieure de chacun. Vivement que la lumière de Noël nous fasse grâce d’accueillir la paix de Dieu. Joyeux Noël !

AMEN