Qatar 2022 : le chantier des droits humains

En décembre 2021, les paroisses réformée et catholique de la Côte ont célébré ensemble en lien avec la Journée mondiale des Droits humains. La thématique qui nous ont intéressé a été la Coupe du monde de football au Qatar. En souvenir de la célébration, voici le message que Daniel Roux, prédicateur laïc de notre paroisse, a partagé le 5 décembre 2021. Il est plus que jamais d’actualité.

Mondial 2022

Le grand jour est arrivé, 21 novembre 2022, cérémonie d’ouverture du Mondial, au Qatar. Tous les écrans sont allumés. Après une série de pubs interminable, voici enfin une vue plongeante sur le stade grandiose, amphithéâtre futuriste. Musique taratata tata. Zoom sur la tribune impériale. A tout seigneur, tout honneur, voici Tibère, empereur. En le voyant, on se souvient forcément du rap de Suétone qui a fait le tour du monde: « Il veut du sang ; le vin lui devient insipide. Comme de vin jadis, de sang il est avide. ».

À sa droite, Ponce Pilate, le grand gouverneur de sinistre réputation. Fidèle de l’empereur et détesté de tous ses administrés. À sa gauche, Hérode, le tétrarque, le renard, qui rivalise avec son comparse pour les honneurs et la détestation ; tous ses rivaux il les élimine dans le sang.

Derrière eux, on aperçoit les potentats des pays voisins : Philippe, le frère d’Hérode et Lysanias.

Au premier rang mais aux pieds de l’empereur, voici les autorités religieuses, qu’on reconnait à la hauteur de leurs tiares. Ce sont Hanne, le puissant Hanne, grand prêtre honoraire du Temple, compromis dans les affaires troubles, « ses fils, dit-on, sont trésoriers, ses gendres administrateurs et leurs esclaves frappent le peuple à coups de bâton », et puis Caïphe l’actuel grand prêtre, son beau-fils, compromis étroitement au pouvoir de Ponce-Pilate.

Le commentateur, notre envoyé spécial, se tait laissant la place à la musique et à une pluie de confettis d’or et d’argent. Nouvelle sonnerie des trompes, taratata tata, et l’entrée des dieux est annoncée. Tout le monde attend Messi, le Messi. On voit déjà apparaître les porteurs de ses 7 ballons d’or.

Et puis, surprise ! L’écran de la télé se brouille. Silence sur les ondes… Que se passe-t-il ? On tremble. On pense aux terroristes. Mais voilà une nouvelle image qui surgit : Un désert et un homme seul. Il marche, il marche pieds nus et il parle ou plutôt crie ses paroles. Quelles paroles ? Il récite les vieux prophètes. Esaïe, Baruch. Et il appelle. « Ouvrez la route ! Il vient le messie ! »

La caméra tourne, panoramique sur le désert qatari. On voit venir les foules en longues processions. Des foules qui n’ont pas place dans la fête du Mondial. Des travailleurs de toute provenance, des immigrés, et des têtes connues parmi eux, des gens venus pour les soutenir, des femmes et des hommes engagés pour la justice et la dignité des méprisés, des torturés. Toutes, tous, portent les photos de leurs compagnons disparus dans les grandes œuvres impériales, dans les fosses et les prisons.

Il crie, le va-nu-pieds. Il crie : « Voilà où nous sommes tous appelés à devenir acteurs, actrices de cet événement. Un baptême de conversion. Plonger nos pouvoirs et nos impuissances, immerger nos rêves de grandeur et nos dépressions, noyer nos soucis et nos suffisances, pour renaître à un avenir nouveau, ressurgir par une promesse, vers une espérance. »

Et qu’est-ce qu’il donne comme perspective finale, ce va-nu-pieds du désert ? Tout être vivant verra le salut de Dieu.

Vous avez bien entendu ? Tout être vivant. Littéralement toute chair. Et ce chemin passera par une croix. Dieu veut la vie des vivants, de tous les vivants, pour cela il nous rachète à la mort en donnant chair à sa parole.

Je vois sur mon écran qu’une autre construction dépasse tous les amphithéâtres, tous les stades du foot mondial, et cette œuvre n’est pas que mon petit salut à moi, c’est le Salut de Dieu. Parce que la justice de Dieu ne se réalise pas sans nous sur cette Terre.

Pas sans nous. Pas sans lui qui vient pour le salut du monde. Et il ne tient qu’à moi d’y prendre part à ce grand mondial du salut de Dieu ! Je prends un carton et j’écris : En Avent ! A-v-e-n-t. En Avent !

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