Regard sur un temps de confinement entre deux cultures.

par Héloïse Calame et Federico Santa Cruz

Nous sommes une famille bi-culturelle avec un papa originaire de la ville de Cochabamba (Bolivie) et une maman qui a grandi à Colombier. Alors que nous attendions notre deuxième enfant, nous avons senti le désir d’unir nos cultures et de permettre à tous les membres de la famille de s’immerger dans la culture bolivienne. Nous déménageons en 2014  dans la ferme de l’arrière grand-père de Federico, laissée à l’abandon car toute la famille est allée vivre dans la ville et nous y créons un projet de plantation de légumes et de travail avec une ONG suisse INTERTEAM.

Après cinq ans, nous sommes de retour à Milvignes et redécouvrons la vie et la culture helvétique avec un regard plus attentif, presque d’ethnologue, dû à nos nombreuses expériences boliviennes. La période que nous venons de passer, qui sortait complètement de l’ordinaire et qui nous mettait face à des défis d’adaptation, a constitué un merveilleux terrain !

Lorsque la Suisse a annoncé les premières mesures sanitaires, nous avions la certitude d’être dans un pays qui saurait se retourner et trouver des mesures pour ne laisser personne sur le carreau. Par contre quand ce fut le tour de la Bolivie d’annoncer un confinement total où une seule sortie de trois heures par semaine et sans voiture était autorisée, notre inquiétude fut grande ! Comment allaient faire les personnes qui ne pouvaient pas aller travailler alors que la grande majorité des travailleurs sont informels ? Quelles compensations pourraient-ils recevoir ? Heureusement que nous avions en nous la sensation qu’une fois de plus nous serions surpris par l’incroyable capacité d’adaptation bolivienne !

« Ceux qui vendaient des mouchoirs dans la rue, vendent des masques ; ceux qui étaient conducteurs de bus sont devenus livreurs de nourriture à domicile ; tous ceux qui étaient disponibles se sont rendus dans les champs…» Témoignage d’une amie Suisse qui vit à Cochabamba.

Nous le savions mais nous avons tout de même été soufflés par la rapidité, la flexibilité et la facilité avec laquelle la vie a repris son cours. L’Etat a assuré l’approvisionnement en nourriture à ceux qui en avaient besoin et demandé aux banques de couper les remboursements des intérêts des prêts, pour le reste, les gens se sont tous retournés et des dizaines de petits marchés de quartiers, tenus par tout un chacun, ont fleuri dans toute la ville. Puisque ce qui était permis de faire était de vendre de la nourriture, chacun a sorti tables, chaises, voiture ou charrette et s’est mis à revendre ou à cuisiner.

Du côté Suisse aussi, quelle belle surprise de découvrir ce que  tant de personnes ont rédigé sur le site de la BARC, tant de belles pensées que certains ont pris la peine de mettre sur papier pour les partager. La sincérité et la profondeur des paroles qui ont été exprimées nous ont beaucoup touché. Nous constatons que la réflexion et le partage peuvent exister et se développer en traversant les murs de nos maisons. En Bolivie la communauté chrétienne s’est aussi demandée comment maintenir les contacts,  voici l’hélicoptère militaire qui a été utilisé pour bénir la ville de Cochabamba avec de l’eau bénite !

Pour conclure notre petit message de ce matin, nous voulions exprimer la force de nos deux communautés et la richesse que représente le fait de les avoir toutes les deux dans nos cœurs.

Héloïse Calame et Federico Santa Cruz