Pour une justice climatique, maintenant!

Tenture de carême : « Tu m’as remis sur pied », de Lilian Moreno Sánchez

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Nous sommes venus de nos maisons, de nos familles, dans ce temple d’où est montée la louange de nos pères, de nos mères et d’où montera celle de nos descendants.

Nous sommes venus seuls ou accompagnés, et nous voici maintenant devenir le peuple de Dieu, assemblée sainte et bénie.

Soyez toutes et tous les bienvenus pour ce 4ème dimanche de carême. Carême axé cette année sur le thème de la justice climatique.

En effet, peut se poser la question de savoir s’il existe une justice climatique car les premières victimes du réchauffement sont les pays qui y ont le moins contribué. Pendant la Campagne œcuménique de cette année, Action de Carême et Pain pour le prochain dénoncent cette injustice et exigent de ceux qui contribuent le plus aux changements climatiques qu’ils assument leurs responsabilités.

Et en l’occurrence, vous le devinez aisément, ce sont bien les pays du Nord qui de par leur comportement ont le plus d’impacts négatifs sur le climat, et les pays du Sud qui en subissent les désagréments. Se pose alors la question de savoir ce que nous, dans notre manière de consommer et de nous comporter, nous pourrions changer, pour le bien de tous. C’est ce à quoi notre culte, préparé avec Jacqueline Robert, Sibylle Jakob et André Feller tentera de nous faire réfléchir. Merci par avance à eux trois.

Invoquons le Seigneur

Seigneur Dieu, bénis sois-tu car tu es déjà là, avant nous ; ta présence nous a convoqués et ta fidélité nous accueille.

Bénis sois-tu car tu nous reçois avec ce que nous sommes, sans autre condition que ce temps que nous mettons à part pour le silence, l’écoute et le partage.

Unifie notre cœur, Seigneur, apaise nos pensées et viens au-dedans de nous, pour qu’à ta parole proclamée réponde, en nous, ta parole incarnée.

Amen.

Entrée en matière

Durant le culte a été projeté un diaporama qui nous laisse percevoir les conditions de vie des hommes et femmes d’aujourd’hui autour de la planète. A chaque photo a été  lue une observation en rapport et  posée une question pour aller plus loin dans notre propre investissement.Vous retrouvez ces textes sous chaque photo présentées ci-dessous.

Paysan nigérien victime du changement climatique (2015)

Je ne me laisse pas intimider lorsque d’autres tentent de ridiculiser ou de travestir mon opinion.

Je m’inscris en faux lorsque des personnes sont réduites à la dépendance.

Je proteste lorsque des paysannes et des paysans sont privés de l’accès à la terre et réduits au rôle de servantes et de valets des intérêts économiques.

J’exige que l’on prenne des mesures contre le changement climatique.

Comment, en modifiant mon style de consommation, puis-je contribuer à éviter la désertification qui détruit les moyens de subsistance de la population locale ?


Sur la route reliant Kolwezi à Luilu qui mène à une mine de Glencore, les camions soulèvent des nuages de poussière dont la concentration est 20 fois supérieure aux limites fixées par l’OMS (Congo 2018).

Je compatis aux souffrances provoquées par les catastrophes naturelles et les conflits armés dans d’autres régions du monde.

Je sais reconnaître l’importance des petits signes de solidarité et n’en sous-estime pas la valeur.

Au service de qui est-ce que je souhaite mettre mes forces limitées ? Comment ?


Sœur Nathalie, coordinatrice d’un partenaire local de Pain pour le prochain et d’Action de Carême, prélève des échantillons de sol contaminés à proximité d’une mine de cuivre (2018).

J’observe les tortures que l’homme inflige à la nature.

Je vois l’environnement détruit et ne détourne pas le regard.

Je prends conscience du fait que la capacité d’endurer les souffrances inéluctables peut être transformatrice.

Quand est-ce que je décide de supporter des situations qui ne présentent aucune issue ou qui n’évolueront plus ?


Mine de cuivre et de cobalt à proximité de la ville de Kolwesi (Congo 2011)

J’observe les ravages de la cupidité humaine qui semble ne pas avoir de limite.

Je vois la terre mise à nu.

Je suis mortifié par l’absence de scrupules de certaines personnes en quête de richesses.

Inlassablement, je dénonce l’injustice et m’insurge contre les exploiteurs.

Comment est-ce que je m’emploie à préserver la Terre notre mère ?


Un paysan avec son fils et son cheval sur un champ aride (Sénégal).

Protéger le corps mort de la nature dévastée et l’entourer d’amour.

Découvrir le tombeau comme un lieu d’où peut surgir une vie nouvelle.

Puis-je espérer contre tout espoir ?


Semences de maïs (Colombie 2011)

Après avoir été enfoui dans le sol, le grain de maïs meurt, pour ensuite reprendre vie.

J’ai foi en la puissance de la transformation et sème à pleines mains.

Où vais-je semer la nouveauté ?


Des fleurs et des fruits employés comme éléments d’un rituel à l’occasion d’une rencontre de groupes de femmes indigènes au Guatemala (2014).

Dieu se manifeste lorsque nous nous ouvrons au divin : il se montre partout, d’une façon toujours renouvelée.

Il y a de multiples manières de vénérer Dieu.

Je suis appelé à respecter tout ce qu’il y a de sacré dans les Églises et religions sœurs qui utilisent d’autres symboles et rituels pour que nous puissions appréhender la réalité spirituelle.

Comment est-ce que je m’ouvre à la diversité de la spiritualité dans ma vie quotidienne ?

Quand est-ce que je fais une halte pour célébrer la présence de Dieu ?


Prédication

Les quelques photos que nous venons de voir nous laissent songeurs.

Un paysan regardant sa terre avec désarroi car sur ce sol ne pousse … que du sable…

Des villages entiers ne respirant que de la poussière ;

Des sols contaminés par des métaux lourds…

Ces photos nous placent devant une réalité dont nous avons conscience, mais une réalité qui se déroule si loin de chez nous. Presque sur une autre planète. Et pourtant, c’est la porte à côté. Et des êtres humains sont directement concernés.

Alors c’est l’indignation qui nous gagne. On s’insurge avec raison. Mais la difficulté de la situation est ailleurs. Car même si s’insurger est une bonne chose, encore faut-il savoir contre quoi ou qui. Et c’est là que le bât blesse. Car nous sommes en partie responsables de cet état de fait. Notre comportement de consommateurs a un impact direct sur le climat, provoquant insidieusement mais inexorablement son dérèglement. Et par ricochet entraînant des conditions de vie de plus en plus précaires dans les pays du Sud.

La révolte nous gagne, mais pas seulement. Le besoin de réagir et d’agir doit nous gagner aussi.

C’est ce que symbolise la tenture de carême de cette année.

Sur cette tenture, on peut discerner un pied.

Un pied radiographié et, qui plus est, un pied brisé. Et ce pied a une histoire.

L’auteure de cette tenture, Lilian Moreno Sanchez a choisi de reproduire la radiographie du pied d’une personne blessée en octobre 2019 lors de manifestations dénonçant les inégalités sociales au Chili.

Un pied brisé pour symboliser mon indignation fasse aux injustices qui sévissent à travers le monde.

Un pied pour me rappeler qu’il est temps que je me mette en marche.

Un pied brisé pour me rappeler que dans cette marche vers plus de justice, je risque de me blesser.

Alors je dois me poser la question : Suis-je prête à prendre le risque de la blessure pour plus de justice dans le monde ?
Suis-je prête à laisser dans la lutte que j’entreprends une partie de moi ?
Jusqu’où suis-je prête à aller pour voir poindre l’ébauche d’un monde meilleur ?
Jusqu’à un pied brisé ?
Que suis-je prête à sacrifier de mon mode de vie pour permettre à d’autres de voir le leur s’améliorer ?

Psaume 119, versets 104 à 108.

104 Grâce à tes préceptes j’ai du discernement, aussi je déteste toutes les routes du mensonge.

105 Ta parole est une lampe à mes pieds, Et une lumière sur mon sentier.

Pour le psalmiste, il est évident que le chemin qui ne prend pas la voie du mensonge est un chemin difficile et semé d’embuches. Il s’avère donc nécessaire de voyager avec la Parole de Dieu dans sa besace afin de ne pas se perdre.

Les fils dorés que vous pouvez discerner sur la tenture et qui évoquent ceux utilisés en chirurgie pour recoudre les plaies symbolisent délicatement cette parole de Dieu qui vient guérir les blessures, voire les prévenir. Ainsi que sa lumière qui montre le chemin à suivre pour ne pas se perdre.

Cette parole de Dieu oriente nos pas sur une route qui nous devient propre, mais le voyage que nous entreprenons se soucie de la justice entre les hommes et des beautés qui nous entourent.

Et ce sont alors, tout autour de ce pied brisé les fleurs que l’on aperçoit. Elles sont là pour nous rappeler que malgré la difficulté du chemin et les blessures qu’il peut nous infliger, le monde est beau et qu’il vaut la peine que nous nous mettions en marche pour le sauvegarder, lui et toutes les merveilles qu’il recèle.

106 Je jure, et je le tiendrai, de garder tes justes décisions.

107 Je suis bien trop humilié: Seigneur, fais-moi revivre selon ta parole!

Mais il nous faut encore penser à emporter dans nos bagages un peu de persévérance et de détermination. Car il est facile sur la route, et empreint de fatigue de se laisser aller à l’abandon et de choisir la voie de la paresse. Ce pied brisé nous rappelle que certains ont eu la force et la ténacité d’aller jusqu’à payer de leur personne au nom de la cause qu’ils défendaient.

Mais il nous rappelle aussi que d’autres souffrent de nos incohérences, de notre propre manque de courage, de notre propre désintérêt.

Alors jusqu’à quel point suis-je prête à souffrir, ou encore jusqu’à quand supporterais-je d’être la cause de la souffrance d’autrui ?

 

L’œuvre originale a pour matériau de base de la literie provenant d’un hôpital et d’un monastère.
Le doute, le désespoir mais aussi la foi et l’espérance des personnes qui s’y sont étendues lui servent donc de trame de fond.

A l’image du psalmiste qui implore le Seigneur de le faire revivre selon sa Parole, nous pouvons aussi nous demander quelle espérance nous habite et si nous accordons une place à la résurrection. A plus forte raison en cette période de carême qui nous conduit en tout premier lieu vers le Golgotha où le corps entier d’un homme sera brisé, offert à la souffrance.

108 Agrée, ô Seigneur, l’offrande de mes prières, Et enseigne-moi tes décisions!

Sur cette toile, paraît la vie et notre monde dans leur totalité, dans ce qu’ils ont de plus abjecte comme de plus merveilleux.

La capacité de l’homme à faire souffrir son prochain sans sourciller, tout comme sa capacité à lui venir en aide pour le soulager de ses fardeaux.

En dans les dédales de ce monde, il nous faut emprunter un chemin qui se soucie des décisions de Dieu. Mais quelles sont-elles ? Comment pourrions-nous les connaître ?

Le psalmiste nous encourage à prier et à demander l’aide de Dieu.

Peut-être devrions-nous commencer par considérer sa Création comme une réponse à cette question. Et nous soucier de cette création.

Alors plutôt que de n’être que les spectateurs d’un diaporama étalant les méfaits des agissements des nantis, peut-être pourrions-nous devenir les acteurs d’un monde et d’un climat plus juste pour tous et pour nous aussi ?

Cette tenture, ce pied brisé, est comme une invitation à se relever et à marcher. Une invitation à croire en la force du mouvement qui créé la vie, opposé à l’immobilisme qui conduit au déclin et inévitablement à la mort.

Avec le psalmiste, et avec l’image de ce pied ainsi que la Parole de Dieu dans nos bagages, levons-nous et mettons-nous en route vers un monde plus juste.

Amen.

Confession de foi

Credo pour la terre de Dorothee Sölle

Je crois en la bonne création divine la terre
elle est sacrée
hier aujourd’hui et demain

N’y touche pas
elle n’appartient ni à toi
ni à aucune entreprise
nous ne la possédons pas tel un bien matériel
que l’on achète utilise et jette à la poubelle
elle appartient à un autre

Que saurions-nous de Dieu
sans elle notre mère
comment pourrait-on parler de Dieu
sans les fleurs chantant les louanges de Dieu
sans le vent et sans l’eau
qui parlent de lui par leur bruissement
comment pourrait-on aimer Dieu
sans apprendre de notre mère
à garder et à préserver

Je crois en la bonne création divine la terre
elle est là pour tous et pas que pour les riches
elle est sacrée
chaque feuille
la mer et la terre
la lumière et l’obscurité
la naissance et la mort
tous chantent le chant de la terre

Ne nous laisse pas vivre un seul jour
en l’ayant oublié
nous voulons conserver son rythme
et faire rayonner son bonheur
la protéger de la cupidité, de l’autoritarisme
parce qu’elle est sacrée
nous pouvons éliminer ces défauts
parce qu’elle est sacrée
nous apprenons à guérir

Je crois en la bonne création divine la terre
elle est sacrée
hier aujourd’hui et demain

Prions

Bénédiction

Que Dieu notre Père nous bénisse et nous fortifie dans notre marche vers Pâques.

Que le Seigneur Jésus, Christ et sauveur, nous bénisse et fasse resplendir son espérance sur nous et nos familles.

Que l’Esprit Saint nous bénisse. Qu’il renouvelle notre foi, notre espérance et notre charité.

Que le Dieu de toute bonté, de toute joie et de toute lumière nous bénisse, nous et tout ce que la terre porte: le Père, le Fils et le Saint Esprit.

Amen.

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