Noël, c’est un début

Un brouillard épais et persistant
Un long mois de décembre
Une nuit toujours plus présente
Une fin d’année chargée
Et la conscience que nous ne sommes pas encore débarrassés de ce virus
Suscitent en nous un profond besoin de lumière.

Besoin d’éclairer nos maisons, de décorer nos intérieurs, nos jardins et nos balcons de guirlandes. Jusque dans notre corps et notre moral où le manque de luminosité se fait sentir. Et au cœur même ce la nuit, la lumière vient à nous.

Seigneur, notre Dieu !
Tu n’as pas voulu habiter au ciel seulement, mais aussi avec nous sur la terre.
Tu ne t’es pas contenté d’être le Très-Haut, mais tu t’es abaissé et tu as voulu être petit comme nous.
Tu n’as pas voulu régner seulement, mais nous servir.
Tu n’as pas voulu être uniquement Dieu dans ton éternité, mais pour nous tu as voulu naître, vivre et mourir comme un être humain.
Tout cela, par ta libre grâce, et par ton Fils.
Nous voici assemblés en ta présence
réunis autour de cette volonté qui demeure pour nous mystérieuse.
Pour célébrer cette folie.
Pour te louer, pour recevoir et annoncer ta Parole.
Viens au milieu de nous, puisque tel est ton désir.
Nous t’accueillons et te faisons une place dans nos cœurs et dans nos vies.
Viens habiter notre Noël. Amen

Au commencement de toutes choses, la Parole existait déjà ; celui qui est la Parole était avec Dieu, et il était Dieu. La Parole était donc avec Dieu au commencement. Dieu a fait toutes choses par elle ; rien n’a été fait sans elle ; ce qui a été fait avait la vie en elle. Cette vie était la lumière des hommes. La lumière brille dans l’obscurité, mais l’obscurité ne l’a pas reçue.

Dieu envoya son messager, un homme appelé Jean. Il vint comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient grâce à lui. Il n’était pas lui-même la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière. Cette lumière était la seule lumière véritable, celle qui vient dans le monde et qui éclaire tous les hommes.

Celui qui est la Parole était dans le monde. Dieu a fait le monde par lui, et pourtant le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu dans son propre pays, mais les siens ne l’ont pas accueilli. Cependant, certains l’ont reçu et ont cru en lui ; il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. (…)

Personne n’a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et demeure auprès du Père, lui seul l’a fait connaître.

Évangile de Jean, chapitre 1
traduction Français courant

 

Seigneur, tu regardes jusqu’au fond de mon cœur, et tu sais tout de moi :
Tu sais si je m’assieds ou si je me lève ;
longtemps d’avance, tu connais mes pensées.
Tu remarques si je suis dehors ou chez moi,
tu es au courant de tout ce que je fais.

La parole n’est pas encore arrivée à mes lèvres,
que tu sais déjà tout ce que je vais dire.
Tu es derrière moi, devant aussi,
tu poses ta main sur moi.

Que tu me connaisses à ce point est trop merveilleux pour moi,
et dépasse tout ce que je peux comprendre.
Où pourrais-je aller loin de toi ?
Où fuir loin de ta présence ?
Si je monte au ciel, tu es là ;
si je me couche parmi les morts, t’y voici.
Si je m’envole jusqu’au soleil levant,
ou si je vais m’établir au soleil couchant,
même là ta main me guide,
ta main droite ne me lâche pas.

Si je dis : « Que l’obscurité m’engloutisse,
qu’autour de moi le jour se fasse nuit ! »
pour toi, l’obscurité devient lumière,
et la nuit claire comme le jour ;
ténèbres ou lumière, pour toi c’est pareil.
C’est toi qui as créé ma conscience,
qui m’as tissé dans le ventre de ma mère.
Seigneur, merci d’avoir fait de mon corps
une aussi grande merveille.
Ce que tu réalises est prodigieux, j’en ai bien conscience.

Mon corps n’avait pas de secret pour toi,
quand tu me façonnais en cachette
et me tissais dans le ventre de ma mère.
Quand j’y étais encore informe, tu me voyais ;
dans ton livre, tu avais déjà noté
toutes les journées que tu prévoyais pour moi,
sans qu’aucune d’elles ait pourtant commencé.

Qu’il m’est difficile de te saisir par la pensée,
ô Dieu, il y a tant de points à considérer !
Comment pourrais-je les compter ?
Il y en a plus que de grains de sable.
Même si j’arrivais au bout de mon calcul,
je n’aurais pas fini de te comprendre. (…)

Ô Dieu, regarde jusqu’au fond de mon cœur,
et sache tout de moi.
Examine-moi, reconnais mes préoccupations profondes.
Regarde si je suis sur la mauvaise voie,
et conduis-moi sur le chemin qui a toujours été le tien.

Psaume 139
traduction Français courant

Noël, c’est un début !

Noël, c’est un début. Le début d’une histoire. Trouver les mots justes pour commencer n’est pas chose facile. S’il vous arrive de temps en temps ou régulièrement d’écrire des textes ou des discours, vous savez combien il est important de choisir les premières paroles et que beaucoup de choses se jouent dans les premiers mots. Les experts en rhétorique ou en analyse de discours affirment que 80 % se jouent dans la première minute. Il est donc primordial de bien commencer.

Certains genres littéraires ont adopté des formules qui permettent de poser directement le cadre. Il n’y a pas de conte sans « il était une fois… », pas de discours politique sans « Mesdames et messieurs… ». C’est un début.

Mais comment commence-t-on un évangile ? C’est le casse-tête auquel ont été confrontés les auteurs des évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Comment débuter le récit de la vie de Jésus ? Une narration qui doit être au plus vrai du personnage historique et par laquelle les lecteurs et les lectrices, même 2000 ans plus tard, pourraient être menés vers la foi. Chacun des 4 évangélistes a apporté une réponse différente, a choisi d’autre paroles pour ouvrir son récit. Leurs premiers mots sont révélateurs de leur manière d’amener l’évangile à nos oreilles.

Marc est explicite, simple et bref. Il va droit au but et ne fait pas de mystère sur l’objectif de son récit, je cite : « Ici commence la Bonne Nouvelle qui parle de Jésus-Christ, le fils de Dieu » (Mc1,1) puis il introduit le personnage de Jean-Baptiste qui vient désigner Jésus comme celui qui est attendu. Pas de récit d’enfance, pas de crèche ni de mages. Jésus est adulte, il débute son ministère de proclamation du royaume de Dieu. Si Noël est le début de l’histoire, pour Marc, Noël est le baptême de Jésus. C’est cette voix qui descend du ciel et qui dit : « tu es mon fils bien aimé, en toi je mets toute ma joie ». Noël, c’est le début !

Pour Matthieu et pour Luc, le début de l’évangile, c’est le début de la vie de Jésus de Nazareth. Tous deux nous livrent les récits que nous connaissons bien et que nous aimons relire. Les récits qui ont inspiré nos cantiques, nos crèches et nos saynètes et qui habitent notre imaginaire.

Pour Luc, c’est ce couple qui va se faire recenser, c’est cet homme et cette femme en exil qui ne trouvent pas de place dans l’hôtellerie et qui se retrouvent abrités dans une étable. Mais avant cela encore, c’est la naissance inespérée de Jean Baptiste et l’annonce de l’ange à Marie. Avec Luc, Noël se prépare. Avant le début, il y a déjà quelque chose.

Pour Matthieu, c’est cette famille menacée par le roi Hérode et visitée par des mages venus d’orient. Mais avant cela, c’est l’ancrage dans une descendance humaine avec toute la généalogie partant du roi David jusqu’à Joseph. Avec Matthieu, Noël s’inscrit dans l’Histoire de toute l’humanité.

Le quatrième évangile, Jean, fait un choix radicalement différent. Pour ouvrir son récit narratif de la vie de Jésus, il ne choisit pas la narration d’une naissance, il choisit la poésie d’un récit symbolique. Noël, c’est un début. Et pour Jean, Noël débute ainsi : « Au commencement… » Tout comme le récit de la Création dans le livre de la Genèse : au commencement !

Noël, c’est un nouveau début. C’est l’ouverture d’un nouveau livre. C’est un nouveau départ. Une parole dans le silence. Une lumière dans l’obscurité. C’est Dieu qui vient planter sa tente au milieu du monde.

Et pour toi?!? Comment tout a commencé? Comment débute ton récit de vie?…

Dans une maternité sans doute? Ou alors avant, dans le désir de tes parents? Ici en Suisse ? Ou à l’autre bout du monde? Comment commence ton histoire?…

Autant de personnes présentes ici ce matin de Noël dans ce temple, autant d’histoires de vies. Autant de commencements. Et même plus! Car nos existences sont faites de tant de commencements.

Début d’une vie d’écolière…
Début d’une vie d’ado, d’étudiant. Début d’une vie professionnelle.
Début d’une vie de couple. D’une vie de parent.
Début d’une nouvelle vie quand les enfants quittent la maison.
Parfois début d’une nouvelle vie de célibataire. D’une nouvelle vie de couple.
Nouveau travail, nouveau statut social, nouvelles responsabilités.
Début d’une vie de retraité, de grand-parent, de veuf…

Combien de vies vivons-nous en l’espace d’une seule? Et toutes ont débuté, une fois ou l’autre. Parfois marquée par un début très net, symboliquement ritualisé ou non, parfois advenu dans le glissement ordinaire de la vie, perceptible après coup dans la relecture de notre parcours.

Choisis-tu le langage narratif pour raconter ta vie, tes commencements, ou bien le langage symbolique, comme Jean?

Et ta vie spirituelle?!? Comment a-t-elle débuté?
La première expérience de la foi? La première fois que tu t’es adressé à Dieu? La première incompréhension? La première colère contre lui?
« La parole n’est pas encore arrivée à mes lèvres, dit le psaume, que déjà du sais tout ce que je vais dire. »

Est-ce qu’une chose commence lorsqu’elle apparaît ou bien débute-t-elle déjà dans l’intention, dans la pensée qui la précède, dans le désir de ce qui va être?

Noël c’est un début! Au commencement, tout est possible. Tout est ouvert. Et c’est là la force de ce que nous fêtons aujourd’hui. Que ce soit au travers de la narration ou de la poésie, dans la réalité prosaïque de notre quotidien ou dans l’immensité de nos rêves : le commencement est toujours possible. Rien ne nous retient à jamais dans le désespoir des ténèbres. Il n’est jamais impossible de vivre un nouveau début. Il y a des pertes, des deuils, des choses qui ne sont plus. Mais il existe toujours une place pour que Dieu démarre quelque chose de nouveau.

Cela est vrai quelque soit notre âge, et même plus largement que les 7 à 77 ans des amateurs de Tintin: de la naissance jusqu’au dernier souffle, chaque jour peut-être le commencement de quelque chose.

Noël, c’est un début. C’est le début de la présence de Dieu dans le monde. C’est l’élan qui m’est donné pour vivre chaque jour dans sa présence.

Bon début à vous.
Bon Noël à vous !
Amen