Je suis le chemin

En cette période de carême qui nous conduit jusqu’à Vendredi-Saint, nous sommes solidaires des hommes qui souffrent.

Le monde souffre et attend : il a soif de bonté.
Dans les combats de la vie, où il se fait tant de blessures
Dieu veut secourir,
Dieu veut apaiser,
Dieu veut guérir.

Le monde souffre et attend : il a soif de miséricorde.
Parmi ces hommes, où brûle tant de haine et sévissent tant de guerres
Dieu veut pardonner,
Dieu veut réconcilier,
Dieu veut sauver.

Le monde souffre et attend : il a soif d’espérance.
Sur cette terre rongée de tant de détresse et de désespoir,

Dieu veut apporter la paix ,
Dieu veut vaincre la mort,
Dieu veut ouvrir les cieux.

14 Que votre cœur ne se trouble point. Croyez en Dieu, et croyez en moi.
2 Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. Si cela n’était pas, je vous l’aurais dit. Je vais vous préparer une place.
3 Et, lorsque je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi.
4 Vous savez où je vais, et vous en savez le chemin.
5 Thomas lui dit: Seigneur, nous ne savons où tu vas; comment pouvons-nous en savoir le chemin?
6 Jésus lui dit: Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi.
7 Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. Et dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu.
8 Philippe lui dit: Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit.
9 Jésus lui dit: Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m’as pas connu, Philippe! Celui qui m’a vu a vu le Père; comment dis-tu: Montre-nous le Père?
10 Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même; et le Père qui demeure en moi, c’est lui qui fait les œuvres.
11 Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi; croyez du moins à cause de ces œuvres.
12 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père;
13 et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils.
14 Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai.

Jean 14, 1 à 14

Le texte de l’Évangile de Jean que nous avons entendu fait partie de ce que l’on appelle les discours d’adieu de Jésus.

En effet, la croix se profile à l’horizon de plus en plus précisément. Ce sera temps bientôt, pour Jésus, de quitter ce monde. Et le voici annonçant son départ à ses disciples.
Mais pour l’instant il est encore bel et bien au milieu d’eux. Et à l’écoute de ses paroles, les disciples sont troublés. Plus rien n’est évident, plus rien ne semble avoir de sens. Pour les disciples c’est un moment difficile. Ils comprennent qu’il leur faut envisager de vivre sans Jésus.
Toutefois, Jésus tente de les rassurer en leur disant : vous croyez en Dieu que vous ne voyez pas. En ce qui me concerne, c’est la même démarche de foi. C’est même le seul chemin pour croire en Dieu. Croyez en moi, même si vous ne me voyez plus.
Et pour les disciples, c’est chose étrange. Le discours de Jésus n’est pas clair.

Et pour cause, souvenez-vous, dans le passé, on pouvait rencontrer Dieu dans son temple qui était sa demeure.
Au tout début de l’histoire même, Dieu se rencontrait assis sur son trône entre les chérubins sur le couvercle de l’arche, dans la tente de la rencontre.
Puis on lui construisit un temple. Et une fois par an, le grand prêtre y rencontrait Dieu dans le Saint des saints. Une rencontre rare, et surtout indirecte pour le peuple.

Alors comment comprendre aujourd’hui que pour rencontrer Dieu, il faille rencontrer Jésus. Jamais Dieu ne s’est rencontré en une personne !
De plus, il n’y avait que le grand prêtre qui avait le privilège d’entrer dans la demeure de Dieu et de l’y rencontrer. Et qu’entendons-nous à présent ? Qu’il y a de la place pour chacun dans la demeure de Dieu?

On se souvient du récit de la tour de Babel, cette construction qui se voulait monter si haut que l’on pourrait atteindre Dieu. Ici nous voici à nouveau dans un tel schéma ?
Non, pas vraiment, car dans notre texte, il n’est pas question du rêve humain qui veut se hausser jusqu’au Dieu du ciel.

C’est même tout l’inverse. C’est Jésus qui annonce qu’il va revenir pour emmener tous les siens avec lui. Il part comme en éclaireur, pour tout préparer pour notre arrivée. Quant au chemin à suivre, c’est un itinéraire nouveau. Nul besoin de coordonnées GPS. La nouveauté, c’est que c’est un chemin qu’il faut suivre avec lui. Voilà pourquoi ce n’est pas un chemin inconnu ou incertain. C’est un chemin familier où l’on suit un guide bien connu.

Mais bien sûr, pour Thomas, notre ami le sceptique qui incarne ici toute l’inquiétude humaine, cela ne suffit pas. Il n’est pas suffisant de connaître le compagnon de route, il est aussi utile, voire nécessaire, de savoir où l’on va, car c’est bien évidemment le but qui détermine l’itinéraire. Ainsi, on va à Dieu ? Mais on sait bien que pour l’homme Dieu est inconnaissable ! Alors si le but est inconnaissable, comment en connaître l’itinéraire ? Plus rien n’a de sens. Les disciples sont pris de confusion.

Jésus répond alors qu’il n’y a pas d’itinéraire que l’on puisse identifier pas la raison, car, leur annonce-t-il, le chemin c’est lui. Le chemin est une personne. C’est pour cela que le chemin ne mène pas ailleurs, car le chemin est le but. On ne parvient donc au but qu’en Jésus, et seulement par lui. Personne n’atteint Dieu que par Jésus.

Jésus est la révélation parfaite du Dieu qui jusque-là nous était inconnaissable. Si Dieu nous est inconnaissable, en revanche, lui, Jésus, nous le connaissons parce qu’il est venu à nous, qu’il a parlé notre langue et s’est montré afin que nous voyions un homme véritable à l’image de Dieu. Nous avons donc vu Dieu, le Père tout puissant au travers du Fils.

C’est ce que demandait Moïse déjà, mais lui n’a vu Dieu que de dos, quand il avait passé.

Ainsi, en Jésus, cette aspiration est comblée. Nous pouvons voir, rencontrer, et connaître Dieu au travers de Jésus. Et si les hommes continuent de lever les yeux au ciel pour y trouver réponse à leur attente, c’est bien sur terre que Dieu a répondu. C’était une réponse en langage d’homme, mais on pouvait y entendre la Parole de Dieu. Voici une chose qui pourtant heurte et continue de heurter profondément la conviction de l’humanité qui pose comme principe que ce qui est divin ne peut être connu par un intermédiaire humain.

Jésus prend en compte cette réticence à entendre les mots de Dieu dans un discours humain et il propose une autre voie plus facile à comprendre : celle des œuvres. « Croyez-moi ! Je suis dans le Père et le Père est en moi. Si vous ne me croyez pas, croyez à cause des ces œuvres. » Quand les hommes sont témoins d’actions extraordinaires comme celles que Jésus a accomplies, ils sont alors plus réceptifs et prêts à reconnaître qu’une force supérieure est à l’œuvre, qui ne soit ni humaine ni terrestre. Encore faut-il qu’ils y reconnaissent le signe que Dieu est venu et qu’il a entrepris de réaliser le monde nouveau : un monde de pardon, dans lequel la libération du péché est offerte ainsi qu’une vie nouvelle.

Et voici justement les caractéristiques de l’Evangile : le pardon offert, la libération du péché et la vie nouvelle. Et ce sont ces caractéristiques que les disciples sont appelés à répéter, à continuer, à multiplier dans le monde, envoyés par leur Seigneur et fortifiés par son aide qui est celle de Dieu. Ce sont là des actions plus qu’humaines et elles touchent les pays, les races et les siècles aux dimensions de l’univers et de toute son histoire. Ce seront donc de grandes œuvres dépassant infiniment le petit cercle des disciples regroupés autour de Jésus. Et vous l’aurez compris, annoncer l’Evangile c’est aussi ou plutôt encore toujours l’œuvre que nous sommes appelés à accomplir autour de nous aujourd’hui.

Cependant si l’Évangile et ses valeurs se transmettent aujourd’hui encore, il ne faut pourtant pas parler de réussite car si l’Église répand largement l’Évangile, c’est que son action est  déterminée par le don du Saint-Esprit qui garantie l’exaucement des prières.

C’est donc habité par l’Esprit, que la volonté de l’homme s’accorde à la volonté de Dieu. Et c’est alors que ce que demandent ses prières, elles le demandent au nom du Fils, comme si c’était Jésus lui-même qui les formulait. Elles seront exaucées puisqu’elles s’inscrivent dans le projet de Dieu pour le monde, que Jésus, en sa personne, a révélé.

Il va s’en dire que dans cette perspective, les prières de l’homme adressées à Dieu au nom de son fils, ne sont pas l’expression de n’importe quel souhait du cœur humain. Elles visent à l’accomplissement de la volonté divine sur la terre. Elles participent du projet que Dieu veut réaliser en tout homme et en tout lieu, la venue de son Royaume.

Jésus résume, peu avant le texte que nous avons entendu ce projet de l’établissement du royaume de Dieu dans un commandement nouveau, à savoir : Aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimé, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

De l’obéissance à cette loi nouvelle, qui est celle de l’amour qui se donne, découle la manifestation visible de la gloire de Dieu dans le monde.

La victoire de l’amour sur terre, c’est la réponse de Dieu à la prière des hommes : c’est la manifestation de la présence et de la gloire de Dieu dans notre quotidien.

Demandez, dit le Seigneur, priez en mon nom. C’est pour vous l’assurance que la prière suivra le bon chemin et ne se perdra pas au fil de vos désirs ou de vos craintes. Alors c’est ma promesse, je vous exaucerai.

« Et ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai ».

Amen.