Quand les nombres parlent

L’assemblée de paroisse s’est tenue mercredi 30 mars. En plus du rapport du Président, de la présentation des comptes et du budget, et des communications sur les défis qui se présentent dans les années à venir, les paroissiens et les paroissiennes présent·es ont assisté à l’animation que leur trio de pasteures leur avait concoctée.

Pour marquer le fait que l’année 2021, qui avait dû commencer tout doucement en raison d’une crise sanitaire sur laquelle nous ne souhaitions pas nous étaler, a pu se terminer de manière plus ouverte et joyeuse, les 3 ministres avaient pensé à l’image d’un feu d’artifice.  Pour des raisons évidentes de faisabilité, le thème de la fête et de la joie explosive s’est matérialisé d’une autre manière : par une piñata.

Merci François Courvoisier pour les photos!

Frappée à bons coups de bâton, la piñata a laissé échapper de petits œufs en chocolat et des bonbons sur lesquels étaient inscrits des numéros. Un moment d’échange a suivi entre l’assemblée et les ministres pour deviner à quoi ces chiffres correspondaient : nombre de baptêmes célébrés en 2021, nombre d’enfants ayant joué les saynètes de Noël, nombre d’officiant·es laïques dans les cultes, nombre de familles invitées au culte du souvenir, etc. Et aussi des chiffres étonnants : nombre de litres de vin chaud distribués lors de la fête de la Saint-Nicolas, nombre de portions de soupes de Carême livrées à domicile,… et pour finir 1000 mercis aux bénévoles qui font vivre la paroisse de La BARC.

Cette animation tout en chiffres et en fête s’est conclue par la méditation que voici.

Quand les nombres parlent

Ce fut la quatre cent quatre-vingtième année après la sortie des enfants d’Israël du pays d’Égypte que Salomon bâtit la maison à l’Éternel, la quatrième année de son règne sur Israël, au mois de Ziv, qui est le second mois. La maison que le roi Salomon bâtit à l’Éternel avait soixante coudées de longueur, vingt de largeur, et trente de hauteur. Le portique devant le temple de la maison avait vingt coudées de longueur répondant à la largeur de la maison, et dix coudées de profondeur sur la face de la maison. Le roi fit à la maison des fenêtres solidement grillées. Il bâtit contre le mur de la maison des étages circulaires, qui entouraient les murs de la maison, le temple et le sanctuaire; et il fit des chambres latérales tout autour. L’étage inférieur était large de cinq coudées, celui du milieu de six coudées, et le troisième de sept coudées; car il ménagea des retraites à la maison tout autour en dehors, afin que la charpente n’entrât pas dans les murs de la maison. Lorsqu’on bâtit la maison, on se servit de pierres toutes taillées, et ni marteau, ni hache, ni aucun instrument de fer, ne furent entendus dans la maison pendant qu’on la construisait. L’entrée des chambres de l’étage inférieur était au côté droit de la maison; on montait à l’étage du milieu par un escalier tournant, et de l’étage du milieu au troisième. Après avoir achevé de bâtir la maison, Salomon la couvrit de planches et de poutres de cèdre. Il donna cinq coudées de hauteur à chacun des étages qui entouraient toute la maison, et il les lia à la maison par des bois de cèdre. L’Éternel adressa la parole à Salomon, et lui dit: Tu bâtis cette maison! Si tu marches selon mes lois, si tu pratiques mes ordonnances, si tu observes et suis tous mes commandements, j’accomplirai à ton égard la promesse que j’ai faite à David, ton père, j’habiterai au milieu des enfants d’Israël, et je n’abandonnerai point mon peuple d’Israël.

1 Rois 6, versets 1 à 13

Salomon entreprend de construire la maison de Dieu, celle que son père déjà avait rêvé de construire sans y parvenir.

Et dans ce texte on nous donne quasiment le plan de la bâtisse. Un peu à la manière d’un plan de montage de meuble IKEA qui semble être, pour un bon nombre, illisible.

Ici, ce n’est pas tellement que c’est illisible, mais pfff… c’est barbant !

Et on se demande bien pourquoi de tels détails ont été intégrés dans les Ecritures. C’est presque aussi barbant que de lire la liste des commandements dans le Lévitique ou les généalogies dans le 1er livre des Chroniques.

Enfin bref. Revenons en à ce texte.
Que pouvons-nous bien découvrir qui serait de l’ordre de la parole de Dieu dans ces nombres?

Si je leur accorde de danser devant mes yeux et si je me laisse aller à les entendre chanter, il se pourrait bien que tous ces nombres, indépendamment des mesures qu’ils représentent, aient quelque chose à me dire.

Une liste de nombres pour indiquer les dimensions qui rendent cet édifice adéquat pour pouvoir y accueillir Dieu, en tout cas selon les critères humains.
Il ne me semble pas vain alors de voir dans ces nombres plus que
des dimensions mais ce qu’ils pourraient symboliser. Et là, ça commence à me parler, car le nombre construit le temple, et si je transpose en parlant d’Eglise, alors c’est le nombre, quel qu’il soit, qui construit l’Eglise.

Un lieu d’accueil pour y rencontrer Dieu en tout premier lieu si l’on y pose un regard humain. Mais à l’écoute de la parole que Dieu énonce à Salomon dans ce texte, je ne peux m’empêcher de me dire que Dieu y pose un regard encore différent. Ne serait-ce pas pour lui aussi un lieu d’accueil ?  Mais de l’homme ? « J’habiterai au milieu des enfants d’Israël, et je n’abandonnerai point mon peuple d’Israël ». L’énumération de tant de chambres et de maisons et d’étages, me laisse à penser que cet édifice est tant spacieux qu’il peut accueillir tant d’autres nombres.

Il s’agit donc bien d’un lieu de rencontre. Un trait d’union entre Dieu et l’homme, un trait d’union entre le ciel et la terre.

Un lieu qui semble tout de même bien alambiqué entre les multiples étages et les multiples maisons accolées et chambres réparties. Et je découvre dans cet édifice tant de diversités qu’il me paraît alors normal de parler de multitude, de variété, de lieux différents et pourtant tous reliés, tous regroupés autour du lieu central.

Bien sûr, vous l’aurez détecté, tout cela ne peut que me faire penser à notre paroisse, à notre EREN, mais plus largement encore, à la chrétienté à travers le monde. Ainsi, notre paroisse est un lieu d’accueil de Dieu, mais également un lieu d’accueil de l’homme par Dieu et un lieu d’accueil de l’homme par l’homme. Un trait d’union entre Dieu et l’homme construit de tant de nombres non pas de coudées mais de personnes qui se tiennent les coudes pour que la maison soit belle, chaleureuse, accueillante et solide.

Les nombres que vous avez entendus tout à l’heure dans notre rapport des ministres ne sont que des exemples de toutes ces coudées qui permettent de construire l’édifice qu’est notre paroisse, notre communauté.  Communauté dans toute sa variété, car il n’est pas question que de la communauté qui vit du culte, mais bien de l’édifice dans son entier qui est constitué également des nombreuses chambres latérales, des différentes maisons, des différents étages, qui tous sont rassemblés autour de l’élément central, Dieu lui-même. Ainsi, toutes et tous avec toutes nos différences, avec tous nos besoins si semblables ou dissemblables, toutes et tous sommes accueillis dans ce lieu si grand, si vaste que chacun peut ou devrait y trouver sa place, Dieu y compris, à la condition que nous observions ses commandements. « Tu bâtis cette maison! Si tu marches selon mes lois, si tu pratiques mes ordonnances, si tu observes et suis tous mes commandements, j’accomplirai à ton égard la promesse que j’ai faite à David, ton père, j’habiterai au milieu des enfants d’Israël, et je n’abandonnerai point mon peuple d’Israël. »
Souvenez-vous – pour ceux qui étaient présents à la conférence de Christophe Kocher en septembre passé – si je veux détecter la parole de Dieu dans les écritures, il me faut
adopter la clé de lecture qu’est le Christ lui-même. Ainsi, je crois pouvoir dire que si nous essayons sans relâche d’appliquer l’ultime commandement « Aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez vous les uns les autres », Dieu est au milieu de nous.

Alors encore un grand merci à vous tous qui participez à la construction de ce vaste édifice.

Amen.