Je suis la vigne, vous êtes les sarments

Cela fait des semaines que nous fêtons Pâques, et peut-être avons-nous fini par trouver normal l’extraordinaire de cette bonne nouvelle.

Aujourd’hui nous sommes invités à retrouver le Christ de Pâques et à lui redire notre confiance et notre foi. Demeurons en lui, restons greffés à lui.

« Vous êtes mes amis » nous dit le Seigneur.

En son nom soyez toutes et tous les bienvenus.

Lectures

Esaïe 5, 1 à 7 ; Galates 5, 22 à 25

«Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. Il enlève tout rameau qui, uni à moi, ne porte pas de fruit, mais il taille, il purifie chaque rameau qui porte des fruits pour qu’il en porte encore plus. L’enseignement que je vous ai donné vous a déjà rendus purs. Demeurez unis à moi, comme je suis uni à vous. Un rameau ne peut pas porter de fruit par lui-même, sans être uni à la vigne; de même, vous ne pouvez pas porter de fruit si vous ne demeurez pas unis à moi. Je suis la vigne, vous êtes les rameaux. Celui qui demeure uni à moi, et à qui je suis uni, porte beaucoup de fruits, car vous ne pouvez rien faire sans moi. Celui qui ne demeure pas uni à moi est jeté dehors, comme un rameau, et il sèche; les rameaux secs, on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent. Si vous demeurez unis à moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voulez et vous le recevrez. Voici comment la gloire de mon Père se manifeste: quand vous portez beaucoup de fruits et que vous vous montrez ainsi mes disciples. Je vous aime comme le Père m’aime. Demeurez dans mon amour. Si vous obéissez à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi j’ai obéi aux commandements de mon Père et que je demeure dans son amour. «Je vous ai dit cela afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète.

Jean 15, 1 à 11

Il était une fois dans un pays lointain – comme il se doit – un prince qui tomba amoureux de la fille d’un boulanger. Elle n’était pas de son rang et pauvre de surcroit, certes, mais elle était la plus belle fille du royaume. Et bien sûr, ce qui devait arriver arriva, il l’épousa.

Pendant quelques années les deux époux vécurent dans une harmonie et un bonheur parfaits. Puis lorsque le roi mourut – toujours comme il se doit – le prince monta sur le trône et devint roi à son tour. Mais à partir de ce jour-là, les ministres et les conseillers s’empressèrent de lui faire comprendre que, pour le prestige du royaume, il devait renvoyer sa femme. Car voyez-vous, elle était et restait issue du peuple. Le roi selon ses conseillers devait donc la renvoyer pour épouser la fille du puissant roi voisin, afin de s’assurer, par ce nouveau mariage, une période de paix et de prospérité. L’insistance des ministres et des conseillers se fit de plus en plus pressante. Et le jeune roi finit par céder.
«Je dois te renvoyer» dit-il à sa femme, «demain tu retourneras auprès de ton père. Pour te dédommager, tu pourras emporter ce qui t’est le plus cher».

Ce soir-là ils dînèrent ensemble pour la dernière fois – un dîner bien arrosé! A la fin du repas, le roi tomba dans un profond sommeil, l’ivresse aidant, Alors la femme l’enroula dans une couverture et le chargea sur ses épaules.

Le lendemain matin, le roi se réveilla dans la maison du boulanger. «Mais comment ? Mais pourquoi ?» s’étonna le roi. Sa femme lui sourit et lui dit : «tu avais bien dit que je pourrais emporter ce que j’avais de plus cher. Eh bien, ce que j’ai de plus cher au monde, c’est toi ! Sans toi je ne peux pas vivre !»

C’est ce qu’on appelle une belle histoire d’amour !

Le texte que nous avons entendu dans l’évangile de Jean n’est rien d’autre qu’une belle histoire d’amour !
C’est comme si Jésus disait à chacun de nous : ce que j’ai de plus cher au monde, c’est toi !

Si je vous demandais maintenant de dessiner l’amour, que dessineriez-vous? Peut-être un cœur, il était et il est toujours le symbole de l’amour ! Un bouquet de roses rouges ?
Et bien Jésus utilise ici une autre image : celle de la vigne.

Déjà dans l’Ancien Testament, la vigne du Seigneur est l’image du peuple que Dieu aime. «Qu’y a-t-il encore à faire à ma vigne que je n’ai pas déjà fait pour elle ?» dit-il.

Dans l’évangile de Jean la vigne n’est plus le peuple d’Israël. C’est Jésus. Et pour qu’on entende bien, Jésus dit qu’il est la vraie vigne. Les images prophétiques de la vigne n’étaient que des approximations. La vraie vigne c’est lui.

Et pourtant, parler de la vigne de Dieu, c’est aussi parler de son peuple. Et là s’opère un changement fondamental entre la parabole d’Ésaïe et celle de Jean. Le peuple n’est plus la vigne, mais les sarments. Le peuple s’attache au cep dont il se nourrit. Ainsi, il faut que le plant vienne de Dieu et que les hommes s’y attachent pour qu’ils produisent du fruit. Dès lors, Dieu regarde les siens à travers son Fils dont ils sont les disciples aimants. A présent, ce qui compte aux yeux du Père, c’est que nous soyons unis au Christ, comme les sarments sont attachés à la vigne, unis au Christ de manière à reconnaitre comme la femme du roi dans notre conte : « sans toi je ne peux pas vivre. »

Jésus, lui, dit : « sans moi, vous ne pouvez rien faire … demeurez en moi ». Demeurer en Jésus et le laisser demeurer en nous : voilà la clé de cette belle histoire d’amour. Car effectivement, il doit y avoir réciprocité. Il ne s’agit pas seulement d’aller vers le Christ, mais de laisser le Christ habiter en nous également. La foi est alors un mouvement à double sens et une hospitalité réciproque.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jésus ne craint pas d’insister : ce verbe demeurer apparait 10 fois dans ce court passage ! Il s’agit, aux yeux de Jésus, d’une question de vie ou de mort. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est comme un sarment qui s’est détaché et qui se dessèche. On le ramasse, on le jette dehors et il brûle. Mais Dieu, dans son amour, ne souhaite pas notre mort, mais il veut la vie, notre vie, la vraie vie, celle qui nous vient d’une seule source : le Christ.

C’est lui qui donne la vie, ou, pour reprendre l’image de la vigne, c’est lui qui donne la sève qui ne peut circuler en nous que si nous restons attachés fidèlement au Christ. Comprenons que la communion au Christ est la condition capitale. Et que celle-ci ne résulte ni d’une décision ni d’un effort de l’homme. Cette communion se reçoit. Elle est don, cadeau. Et ce qui est demandé est seulement d’y demeurer.
« Demeurez en moi » dit Jésus. Alors il y a fertilité. Si le fruit vient à manquer, c’est que la communion est incertaine et que, du cep aux sarments, la sève ne passe plus. Tout s’arrête alors, le rameau sèche. Il n’est plus que bois mort.

Mais qu’est-ce que demeurer en Christ ? C’est oublier ses propres intérêts, c’est ne pas céder aux caprices de son cœur, aux sollicitations du monde ou à la tentation du pouvoir, comme Paul le rappelle aux Galates. En revanche, c’est se remettre entièrement à Dieu.
Demeurer en Christ, c’est reconnaitre que sans lui nous ne pouvons rien faire.

Avez-vous remarqué à travers notre texte toute la passion de ce vigneron pour sa vigne, tout le soin qu’il en prend, tous les espoirs qu’il met en elle ?
Il traite les branches, il taille les rameaux, il coupe ceux qui ne portent pas de fruits.
Maintenant la sève peut monter et la vigne peut s’épanouir. Il attend le fruit et surtout le bon fruit, le fruit en abondance.
En réponse à cet amour, il est donc important que chacun de nous s’interroge. Est-ce que je demeure en Christ et donc est-ce que je porte du bon fruit ?
Mais quels sont ces fruits ?
Peut-être faudrait-il relire la liste que donne Paul dans sa lettre aux Galates (5,22). Il cite : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi .

Pouvons-nous produire tous ces fruits ? N’est-ce pas une mission difficile, sinon impossible ? Non, puisque Dieu ne nous demande pas de produire ces fruits, c’est lui qui les produit. Ce qu’il nous demande, c’est de permettre à ces fruits de se développer, de grandir, de s’épanouir dans nos vies. Ce qu’il nous demande, c’est de les porter ces fruits.
Ce qu’il nous demande, c’est de laisser la sève monter dans les rameaux et alors, le vigneron aura ses fruits.

Pour vivre cette belle histoire d’amour avec le Christ, retenons donc qu’il faut choisir la bonne vigne et il n’y en a qu’une : c’est le Christ ressuscité. Qu’il faut s’y attacher, rester ferme et fidèle et chercher en Dieu seul le chemin de notre vie. Et enfin, qu’il faut lui remettre toute notre vie avec ses faiblesses et ses doutes et accepter d’être travaillés par lui.
Ainsi toute notre vie nous nous étonnerons chaque jour de cette merveilleuse histoire d’amour entre Dieu et nous, entre Dieu et chacun de nous. Un étonnement qui se changera en joie, cette joie qui fait de nous des hommes et des femmes qui se font l’écho dès ici-bas et dès maintenant de cet amour de Dieu dans notre monde.
Car ce que l’épouse a dit au roi dans notre conte, c’est Dieu qui le dit maintenant à chacun de nous : «ce que j’ai de plus cher au monde, c’est toi!»
L’histoire ne le dit pas, mais l’on pourrait facilement s’imaginer la réponse de l’époux. Il a certainement dit à son épouse, avec beaucoup de tendresse : « je t’aime, moi aussi ! »
C’est cette réponse que Dieu attend de nous maintenant : «je sais que sans toi je ne peux rien faire ! Je sais que sans toi je ne peux pas vivre ! Je t’aime!»
Amen.

Confession de foi

Je suis le Cep, vous êtes les Sarments.Cette parole d’Évangile ne reste pas lettre morte dans ma vie, mais me pousse à reconnaître en paroles et en actes que :

Je crois en Dieu le Créateur, le vrai vigneron, à qui le monde appartient ;
qui m’aime tel que je suis, qui me laisse libre de m’égarer ;
mais qui veut aussi m’employer à cultiver avec fidélité le coin de terre qu’il m’a confié.

Je crois en Jésus Christ, le Cep, fils de Dieu et homme véritable qui me fait connaître l’amour du Père. Il est mort sur le bois sec de la croix, pour les autres et pour moi. Sa résurrection me donne la certitude qu’il est vivant pour nous tous et qu’il est à l’œuvre dans toutes les cultures ; qu’il parle au cœur de l’homme, sans se soucier des frontières artificielles dans lesquelles nous nous emprisonnons.

Je crois au Saint Esprit, qui patiemment, jour après jour, malgré mes difficultés, mes doutes, et mes lenteurs m’aide à vivre, me donne une espérance ; et me rend apte à porter modestement du fruit, en aimant et en servant mon prochain.

Je crois en l’Église, vigne du Seigneur où je suis appelé à œuvrer chaque jour et à chaque heure; où l’avenir est toujours ouvert, et où se reflète ce Royaume qu’il nous faut construire, aux côtés de notre Dieu.
Amen.

Intercession

Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, nous a dit Jésus, demandez tout ce que vous voudrez, et vous l’obtiendrez.

Avec confiance, tournons-nous vers notre Dieu et présentons lui nos prières

Pour ceux qui connaissent l’épreuve : afin qu’ils en sortent grandis par la force de l’Esprit, Seigneur, nous te prions.

Pour ceux qui ont quitté le christ par lassitude ou déception : afin qu’ils trouvent, à leurs côtés, des témoins enthousiastes de la résurrection, Seigneur, nous te prions.

Pour ceux qui se disent chrétiens : afin que ces fêtes de Pâques les remplissent de la nouveauté de l’Évangile, Seigneur, nous te prions.

Pour nous tous et ceux que nous portons dans notre prière : afin que nous restions attachés au Christ comme les sarments de la vigne, Seigneur, nous te prions.

Seigneur écarte ce qui nous détournerait de toi et comble-nous au-delà de nos demandes. Nous t’en prions par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Et c’est encore à toi que nous adressons la prière que ton Fils nous a laissée :
Notre Père qui es aux cieux
Que ton nom soit sanctifié
Que ton règne vienne
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour
Pardonne-nous nos offenses
comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés
et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal
car c’est à toi qu’appartiennent
le règne, la puissance et la gloire
aux siècles des siècles

Amen.

Bénédiction

«Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, nous redit Jésus au moment où nous allons nous séparer, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure. »

Allons sur nos chemins avec la conviction que c’est là notre place, et que le Seigneur nous y accompagne. Et demeurons en lui.

Le Seigneur est avec nous. Il nous bénit.
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Amen.

La musique essentielle à la vie et pas que….. à la vigne aussi!