La confiance

Culte du 29 mai au temple de Colombier. Claude Fiaux, prédicateur laïc de la paroisse en est l’officiant. Merci à lui!

Lectures bibliques

Alléluia !

Je veux louer le Seigneur ! Je veux l’acclamer toute ma vie, célébrer mon Dieu par mes chants tant que j’existerai.

Ne comptez pas sur les gens influents :
ce ne sont que des êtres humains, ils sont impuissants à sauver.
Dès qu’ils rendent leur dernier souffle, dès qu’ils retournent à la terre, leurs projets périssent avec eux.
Heureux celui qui a pour secours le Dieu de Jacob et qui met son espoir dans le Seigneur son Dieu !

Il a fait les cieux et la terre, la mer, avec tout ce qui s’y trouve.
Il est l’éternel gardien de la vérité. Il rend justice aux opprimés, il donne du pain aux affamés.
Le Seigneur libère ceux qui sont enchaînés, le Seigneur rend la vue aux aveugles, le Seigneur remet debout ceux qui fléchissent, le Seigneur aime les justes.
Le Seigneur protège les réfugiés, il soutient la veuve et l’orphelin, mais il fait échouer les projets des méchants.

Le Seigneur règnera pour toujours.
Il est ton Dieu, Sion, de siècle en siècle !
Alléluia !

Psaume 146

Alors, la femme de Zébédée, s’approcha de Jésus avec ses fils. Elle se prosterna devant lui pour lui demander une faveur.
– Que désires-tu ? lui demanda-t-il.
Elle lui répondit : Voici mes deux fils. Promets-moi de faire siéger l’un à ta droite, l’autre à ta gauche, dans ton royaume.
Jésus leur répondit : Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ?
– Oui, lui répondirent-ils, nous le pouvons.
Alors Jésus reprit : Vous boirez, en effet, ma coupe, mais quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de vous l’accorder. Ces places reviendront à ceux pour qui mon Père les a préparées.
En entendant cela, les dix autres s’indignèrent contre les deux frères.
Alors Jésus les appela tous auprès de lui et dit : Vous savez ce qui se passe dans les nations : les chefs politiques dominent sur leurs peuples et les grands personnages font peser sur eux leur autorité. Qu’il n’en soit pas ainsi parmi vous. Au contraire : si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur, si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave. Car, de même, le Fils de l’homme n’est pas venu pour se faire servir, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup.

Mat 20, 20-28

Message

Quel magnifique Psaume de louange ! Il contient toute la panoplie du parfait « bon » Dieu :
Dieu créateur, nourricier, redresseur, protecteur, sauveur et libérateur. Un Dieu qui anéantit le méchant et fait grâce à l’opprimé.

A vrai dire cette première impression ne me satisfait pas vraiment et me révolte même. Ce n’est pas ce que j’observe dans le monde.
Je pense que ce Psaume a quelque chose d’autre à nous apporter.
Je vous livre donc quelques informations que j’ai glanées à son sujet :
Les Psaumes ont été rassemblés vers le IIe siècle avant Jésus-Christ. Dans la tradition Juive les psaumes sont partagés en 5 livres par analogie au Pentateuque. Le psaume 146 appartient au dernier livre qui contient les Psaumes 107 à 150. Il fait partie également des psaumes où prédomine le tétragramme sacré YHWH, qui fait référence au nom de Dieu que l’on ne sait comment prononcer. Certaines traductions utilisent le mot Yahvé ou Jehova. Dans la bible en français courant ou la TOB il est traduit par Seigneur, dans la version Second par l’Eternel. Ce tétragramme figure 9 fois dans le psaume 146 !

Ce Dieu, qui a révélé son nom à Moïse lors de sa rencontre au buisson ardent, est également nommé par le psalmiste le Dieu de Jacob.

C’est un psaume de louange qui met Dieu au centre tout en le rendant proche de nous. Grand et en même temps sensible et attentif à nous.
Les versets 5 et suivants « Heureux l’homme qui… » me font penser aux béatitudes. Ce Dieu grand et puissant mais si proche de nos douleurs et nos détresses !
Je me mets parfois à rêver d’une action éclatante de Dieu où, par sa toute-puissance, il stoppe toute guerre, guérit tous les malades, rétablit la justice et la paix…

Pendant la période du carême, j’ai particulièrement été frappé par l’antinomie de l’action de Dieu vis-à-vis de ma perception, de mon attente. La manière dont Dieu répond est souvent radicalement différente de ce que j’attends :

  • Les derniers seront les premiers !
  • Celui qui veut être grand doit se faire serviteur
  • La puissance de Dieu se manifeste par une brise légère…

La réponse de Jésus pour donner suite à la demande de la mère de Jaques et Jean, les fils de Zébédée, illustre bien l’antinomie de la réponse de Dieu par rapport à son attente.
Dans ce sens, je vois un parallèle entre le Psaume 146 et le texte de Matthieu.

La mère de Jaques et Jean aspire à un règne de Jésus à la manière d’un roi, d’un grand de ce monde. Jésus sait que le plan de Dieu est tout autre. Le psalmiste sait aussi que ce modèle de puissance ne fonctionne pas. Il réduit à la poussière en deux versets l’action des grands de ce monde !

« Ne comptez pas sur les gens influents : ce ne sont que des hommes, ils sont impuissants à sauver.
Dès qu’ils rendent leur dernier souffle, dès qu’ils retournent à la terre, leurs projets sont enterrés avec eux. »

Dans la version originale, de ces deux versets, le psalmiste fait un jeu de mots qui n’apparait pas dans notre traduction française. Pour parler des grands de ce monde, le psalmiste utilise le terme de « ben adam », les fils de l’homme ou les fils d’Adam, qui retournent dans l’«admato», la terre, la poussière.
Adam a été formé de poussière et retourne à la poussière.
Selon le psalmiste, tous nos efforts d’influence sont réduits au néant de par notre nature de fils de l’homme, de « ben adam ». Toutes nos actions, seraient-elles donc vaines ?

La réponse donnée par Jésus nous renvoie dans une autre direction !
Au désir de la mère de Jaques et Jean de les voir régner à la droite et à la gauche de Dieu, Jésus répond
« Il ne doit pas en être ainsi parmi vous »

Aussi bien dans le psaume que dans le texte de Matthieu, les notions de pouvoir et de puissance semblent bien être différentes entre notre manière de voir les choses et celle proposée par Dieu !

Quelle est donc la puissance de Dieu et comment peut-elle se manifester ?
Quelle est ma place dans tout cela ?

À propos de la question de la puissance de Dieu, André Gounelle établit une distinction entre puissance et pouvoir. Il écrit : « Je suggère de désigner par ‘pouvoir’ une force qui agit de l’extérieur sur quelqu’un ou sur quelque chose. Le pouvoir oblige, il exerce une coactio, il impose une contrainte. Il nous détermine du dehors et il décide de nous comme d’un objet. Je propose d’appeler ‘puissance’ une force qui, au contraire, opère de l’intérieur.
Elle agit non pas sur nous, mais en nous. Elle obtient notre consentement et appelle notre participation. Loin de supprimer la liberté, elle en a besoin et la sollicite » (André Gounelle, op. cit., p. 461).

Je pense que c’est vers cette puissance que Jésus veut nous orienter. Elle se concrétise par le don du Saint-Esprit. Dans cette période entre l’Ascension et la Pentecôte, il y a comme un vide, un espace, une attente qui nous prépare à accueillir l’Esprit de Dieu.

Quand Jésus nous dit :
« Il ne doit pas en être ainsi parmi vous. Au contraire, si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur » cela nous est impossible à réaliser en tant que « ben Adam ». Par son Esprit, Dieu veut faire de nous ses enfants. Notre nature de « ben adam » est transformée. Par son Esprit Dieu désire nous libérer, nous redresser, nous nourrir, nous relever, nous accompagner. Par lui, il veut nous rendre pleinement fils de Dieu. Nous devenons ainsi des serviteurs, ses serviteurs. Cette transformation nous rend acteurs du plan de Dieu. Nous devenons à la fois bénéficiaires et transmetteurs de son amour. Je suis touché par la confiance que Dieu nous manifeste ainsi.

Le Psalmiste commence par je veux célébrer « mon Dieu », il termine par : « il est ton Dieu »

C’est un appel, une invitation à nous joindre à lui et à nous associer pleinement à l’œuvre de Dieu.