En Avent, veilleurs!

Message apporté par Romuald Babey, diacre catholique, lors de la célébration œcuménique du 1er dimanche de l’Avent au temple de Colombier.

Cher frère, chère sœur,

En Avent, veilleurs !

L’avent prépare bien sûr à Noël, à la venue de Dieu parmi les hommes et les femmes que nous sommes, mais ce premier dimanche oriente l’écoute vers une autre venue : le retour du Seigneur à la fin des temps.

L’évangile selon Marc nous invite en ce début d’avent à devenir des veilleurs qui attendent le retour du maître.

On trouve aussi chez Luc et Matthieu une parabole qui met en scène un maître rentrant à l’improviste. Et c’est chaque fois un appel à la vigilance adressé aux communautés chrétiennes premières lectrices des évangiles : le retour du Christ, à la fin de l’Histoire, peut surgir à tout moment. Mais seul le Père connaît le jour et l’heure du retour.

Le texte de Marc a ceci de particulier que Jésus s’adresse non au groupe des disciples, mais à quelques-uns emmenés à l’écart (13, 4), Pierre, Jacques, Jean et André. A noter que trois d’entre eux seront avec Jésus à Gethsémani.

Pourquoi situer dans un cadre intime cet enseignement sur la fin des temps et sur l’attitude qu’elle invite à adopter ?

C’est peut-être une manière de signifier combien être veilleur demande l’intimité de la relation du croyant avec son Seigneur, le plus profond de son être.

Vous aurez peut-être remarqué que dans ce récit, Jésus détaille tous les horaires de retour possible du maître : « le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin… » (v.35).

Autant de moments clés qui rythmeront la Passion : le soir, l’heure de la trahison, à minuit l’heure de l’interrogation chez Caïphe, au chant du coq, l’heure du reniement de Pierre, le matin, l’heure de la confrontation à Pilate…

Voilà encore de quoi renforcer la conviction que ces versets de Marc en appellent au lien personnel avec le Christ. Cela nous éclaire sur le sens de cet appel à la vigilance.

Nous pouvons aussi rapprocher le « Veillez » (v.37) de notre texte avec le « Veillez », murmuré par Jésus à Gethsémani : « Simon, tu dors ! Tu n’as point eu la force de veiller seulement une heure ? Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ! » (14, 37-38). Les disciples endormis se coupent de Jésus.

Il nous est suggéré de prendre le temps de dialoguer avec le Seigneur dans la prière pour mieux le connaître et l’attendre ! Nous attendons une personne ! L’avènement de cette personne a chamboulé le cours de l’Histoire ! Dieu s’est fait homme, il est devenu notre chair.

L’Incarnation, change-t-elle quelque chose pour nous ?

Cher frère, chère sœur, je nous invite à méditer cette question pendant cette période de l’avent.

Veiller, ce n’est pas une attitude passive ! Jésus dit à ses disciples : « restez éveillés. ». Nous avons à être vigilants, vivants, à l’écoute ! Notre travail n’est pas de trembler, mais de veiller sur ce qui nous est confié.

Cela nous demande de dépoussiérer, de brosser, balayer, récurer tout ce qui pourrait entacher le retour du Fils de l’homme. Cela ne veut pas dire aller se cacher. Il s’agit bien au contraire de travailler à ce que la maison du maître soit un avant-goût du royaume.

Soyons donc des veilleurs confiants !

Le prophète Isaïe nous invite à voir le Seigneur, notre père comme Rédempteur-depuis-toujours qui rachète le malheureux et à le voir comme potier. C’est lui qui de sa main nous façonne.

Nous sommes bien souvent comme les Juifs revenus de l’Exil. L’enthousiasme du retour est retombé. C’est le temps de la désillusion ! Rude mission pour le prophète !

Mais non, rien n’est perdu, tout est possible en faisant confiance à Celui que nous attendons !

Devenons veilleurs : préparons notre cœur afin qu’il nous permette de percevoir les signes de la venue du Seigneur. Mais il s’agit aussi d’une attitude bien concrète qui nous interdit de fermer les yeux sur les réalités de notre monde. Noël, c’est la fête de l’incarnation du Christ, Dieu plongé dans notre humanité.

Que ce temps de l’Avent nous permette de soutenir toute initiative en faveur des plus démunis et des souffrants.

Bonne période de l’Avent à chacune et chacun !