Culte à la maison

Par Bénédicte Gritti

« J’ai l’estomac qui gargouille! »

Cela arrive à tout le monde!
Et particulièrement à l’heure du culte!
Le petit déjeuné est déjà loin derrière, et le déjeuné n’est encore que perspective d’avenir.
Et j’ai le souvenir de mon petit gars qui attend avec impatience le moment de la cène pour recevoir un morceau de pain (conséquent parce que la maman que je suis y sera attentive!) pour remplir le trou qui s’est insidieusement creusé au fond de son petit ventre!

Et en y réfléchissant bien, je me dis qu’à l’heure du culte, j’ai aussi mon esprit qui gargouille! A cette heure-là précisément, lui aussi a besoin de se sustenter.

Et c’est ainsi que, tout naturellement, j’ai choisi aujourd’hui de vous parler de … nourriture!

Mettons-nous en appétit avec …

Ouf! Les petits pois de Rossini.

Musique

Lecture Biblique

Laurence Burri nous lit le passage qui se trouve dans l’Évangile de Jean, au chapitre 6, les versets 51 à 58.

Message

A lire ou à écouter

Le pain est absolument nécessaire pour la vie. Symbole de toute nourriture, le pain suscite la vie. Ce n’est pourtant qu’un élément matériel, mais si nous en étions privés, notre corps s’affaiblirait à plus ou moins brèves échéances. Notre esprit perdrait de sa lucidité. Peu à peu, la vie s’échapperait de nos membres et alors nous serions au seuil de la mort.

Pour participer depuis quelques années à la semaine de jeûne organisée par notre paroisse, je me rends bien compte de l’importance et de la place de la nourriture dans notre quotidien. Que ce soit par la force de l’habitude de se mettre à table à heures précises, que ce soit par la difficulté à préparer un repas auquel vous-mêmes ne toucherez pas, ou encore que ce soit par la diversité et la quantité que proposent les étalages de nos supermarchés, la question de la nourriture est un sujet omniprésent dans la vie de l’être humain, qu’elle y fasse défaut ou qu’elle y soit présente en abondance.

Et puis il y a toutes ces petites récompenses que nous nous octroyons tout au long de la journée comme le petit chocolat pour nous féliciter d’une tâche menée à bien. Il y a aussi la porte du frigo que l’on ouvre par ennui. Ou encore le geste machinal de porter à la bouche. Lorsque tout à coup, vous décidez d’exclure la nourriture de vos habitudes pour un temps, elle s’impose à votre esprit avec force et en permanence, vous faisant réaliser combien elle gère votre temps et vos actions.

Et cela ne s’arrête à la vie de votre petite personne.

Le pain est aussi nécessaire à la vie collective des peuples et des sociétés. S’il venait à manquer, la révolte menacerait. Le système politique éclaterait. Les institutions se disloqueraient. L’injustice, la violence et le désordre grandiraient. Des peuples et des sociétés seraient recouverts par l’ombre de la nuit.

Qu’il me suffise de laisser un temps de silence pour que dans l’esprit de chacun surgissent des exemples. Que ce soit à travers l’histoire de l’humanité ou à travers la planète, nous pensons tous à des événements qui viennent illustrer cette vérité. Le chaos lié au manque de nourriture.

Ainsi, il y a une relation mystérieuse entre la nourriture et la vie, entre le pain et le souffle qui nous habite, entre la nourriture et le développement de la vie des peuples.

Un échange ne cesse d’avoir lieu entre la nourriture que nous prenons et la substance de notre être, de notre vie. Nous disons que nous assimilons la nourriture. Le pain qui était une matière inerte, extérieure et insensible à nous-mêmes, par la mystérieuse alchimie de la digestion va faire partie de nous et relancer la vie. La nourriture se change en nous-mêmes et par-là, elle nous tient, pour ainsi dire, en haleine. Elle permet à notre existence terrestre de durer.

Jésus vient de nous dire qu’un même échange doit s’instaurer entre lui et nous, afin que nous vivions de la vie qu’il procure, la vie du Royaume, celle qui vient de Dieu.

Un échange doit s’instaurer entre le pain de vie qui descend du ciel et nous qui le mangeons afin de vivre véritablement.

 

Chers amis, en ce temps de distanciation sociale pour le bien de tous, nous avons découvert qu’il nous était possible de rester proches les uns des autres par des voies détournées. Certaines nouvelles, d’autres insoupçonnées. Par le téléphone, comme nous l’a rappelé Jean-François Favre dans ses récentes réflexions publiées sur ce site ; par ce site lui-même ; par la prière et bien d’autres choses encore que chacun aura mises en place pour continuer de prendre soin de son prochain.

Mais je dois bien avouer que dans ce temps étrange, il me reste un manque que rien ne comble. C’est justement ce partage du pain. Au delà du pain matériel, ce qui me manque ce sont nos regards qui se croisent et nos mains qui se touchent au moment où nous nous transmettons ce pain, cette vie qui nous vient de Dieu. C’est le sourire de vos yeux recevant la joie de la vie du royaume. Rien ne remplace ce moment merveilleux où vous et moi nous nous transmettons la foi et la joie qui nous habitent. Ce moment où la présence de Dieu devient palpable entre vos doigts, les miens, et ce morceau de pain. Ces trois éléments qui à eux seuls revitalisent, redonnent sens, saveur et valeur. Voilà exactement ce qui me manque le plus dans ce temps d’isolement.

Et c’est bien de cela dont parle Jésus lorsqu’il nous dit qu’un même échange doit s’instaurer entre lui et nous, afin que nous vivions de la vie qu’il procure, la vie du Royaume, celle qui vient de Dieu.

Un échange doit s’instaurer entre le pain de vie qui descend du ciel et nous qui le mangeons afin de vivre véritablement.

Jésus est très clair là-dessus : les mots dont il se sert sont simples et se ressemblent, mais aucune confusion n’est possible : il y a pain et pain, il y a vie et vie.

Il y a le pain que nous mangeons à nos tables à nous, chaque jour. Il y a même cet autre pain, la manne que les enfants d’Israël ont mangé dans le désert. Mais le pain du boulanger comme la manne du désert n’empêchent pas de mourir un jour. Les nourritures terrestres prolongent seulement notre vie provisoire, vie qui n’est que l’image ou l’ombre d’une autre vie, et dont Jésus nous parle.

Il y a cet autre pain, qui n’est pas monté de la terre et qui ne sort pas des mains des hommes, un pain dont Jésus affirme tranquillement qu’il est descendu du ciel, qu’il vient de Dieu et fait irruption sur la terre. Ce pain, c’est Jésus-Christ et sa Parole, vivant pour les siècles des siècles, centre vital de l’univers entier, source vivifiante pour l’humanité et pour nos cœurs, qui dès à présent, apporte la vie du Royaume, la vie de la résurrection.

Notre vie terrestre a besoin du pain matériel, notre cœur a besoin du pain de vie.

Jésus s’offre à nos cœurs pour nous apporter vie, amour, lumière.

C’est cela qui peu à peu et patiemment nous transforme, faisant refleurir nos déserts, ranimant les braises encore fumantes de nos existences qui menaçaient de s’éteindre et nous replaçant dans notre véritable vocation.

Le pain de vie construit la communauté de ceux qui en vivent. Manger le pain de vie nous amène à édifier l’Eglise et à y apporter notre concours, notre participation et notre présence.

Mangeons de ce pain-là ! Nous goûterons combien le seigneur est bon et combien la vie est lumineuse.

Chers amis, je me réjouis de l’instant où ensemble nous mangerons à nouveau de ce pain de vie.

Amen.

Prière d’intercession

Je vous invite à la prière

Notre père qui es au cieux, toi qui nous donnes aujourd’hui notre pain, tourne nos regards et nos cœurs vers tous ceux qui, dans le monde, n’ont ni pain, ni maison, ni justice, ni espoir.

Pardonne-nous nos offenses, et tout spécialement notre volonté insatiable de ne manquer de rien, alors que tant de frères manquent de tout.

Aide-nous à vivre simplement, à dominer nos besoins factices et nos dépenses exagérées, pour pouvoir partager et aimer davantage.

Ainsi nous serons frères, nous œuvrerons avec toi pour que ton règne vienne sur la terre comme au ciel, et que ta volonté soit faite dans le monde.

Amen

Collecte!

Dans l’incapacité de pratiquer la collecte, nous vous encourageons à ne pas oublier de soutenir notre paroisse, merci.

IBAN CH86 0076 6000 K352 1891 2 / 20-136-4

Bénédiction

Que le Dieu de paix et de lumière soit et demeure avec nous tous, le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Musique

Et pour finir, je vous propose ce Hachis Romantique de Rossini et vous souhaite un bon appétit!