Culte Terre Nouvelle

Sillons d’espoir – Campagne DM-EPER 2020

Du Rwanda en Haïti, la Campagne d’automne vous emmène découvrir la réalité de vie des enfants et du corps enseignant au Rwanda et celle de petit·e·s paysan·ne·s des régions montagneuses isolées en Haïti.
Ce culte célébré au temple de Colombier dimanche 4 octobre est animé par l’équipe Terre Nouvelle de la paroisse de La BARC et présidé par Yvena Garraud Thomas, responsable cantonale Terre Nouvelle.
Vous trouverez ci-dessous les principaux textes de ce culte.

L’essentiel

L’Essentiel est caché…
on n’en parle pas dans les écoles…
on n’en parle pas à la télévision…
on ne le trouve pas sur Internet…
L’Essentiel est sans éclats…
ne suscite pas les applaudissements…
ne fait pas l’unanimité…
L’Essentiel ne va pas de soi…
on s’en laisse distraire facilement…
très souvent l’Essentiel dérange…
L’Essentiel est gratuit…
ne se met pas en réserve…
ne se marchande pas…
L’Essentiel est ce qui est le plus fragile…
le plus menacé…
le plus désarmé…
L’Essentiel est difficile et tout à fait à la portée d’un enfant…
l’enfant que j’ai été en savait autant que moi sur l’Essentiel…
Heureux ceux qui vivent l’Essentiel !!!
André Hippolyte Buffet, via www.prier.be

Lectures bibliques

Psaume 16

Protège-moi, Dieu, je viens me blottir tout contre toi. Je dis à mon Dieu : « Tu es celui qui me fait grandir ; je n’ai de bonheur qu’avec toi. »

Autrefois j’admirais les grands de ce monde, les stars, les personnalités d’exception. Mais j’ai vu les limites de ce système. Je ne m’engagerai plus dans leurs campagnes. Je tire un trait sur tout ça.

Je n’en ai plus besoin, car tu es la chance de ma vie. Tu es ce que j’ai reçu de plus précieux, car contrairement aux autres, tu te soucies véritablement de mon sort. Et c’est ce qui fait mon bonheur.

Je n’ai que du bien à dire de toi, car tu me conseilles. Même lorsque je n’y vois plus clair, je suis mystérieusement dirigé du plus profond de moi-même.

De mon côté, je m’efforce de garder le cap que tu me donnes. Et comme tu es toi-même à mes côtés, ce n’est pas si difficile.

Je suis à la fois heureux, confiant et serein.

Même la mort ne me fait plus peur puisque tu m’accompagnes, et que sans cesse, tu m’ouvres des chemins de vie.

Cela me procure une joie inaltérable. Grâce à toi, je découvre comme un parfum d’éternité à ma vie.

Christian Vez « Les Psaumes tels que je les prie »

Matthieu 25, versets 31 à 40
Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, avec tous ses anges, il prendra place sur son trône glorieux. Tous les peuples de la terre seront rassemblés devant lui. Alors il les divisera en deux groupes – tout comme le berger fait le tri entre les brebis et les boucs. Il placera les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. Après quoi, le roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, vous qui êtes bénis par mon Père : prenez possession du royaume qu’il a préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger. J’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire. J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli chez vous. J’étais nu, et vous m’avez donné des vêtements. J’étais malade, et vous m’avez soigné. J’étais en prison, et vous êtes venus à moi. » Alors, les justes lui demanderont : « Mais, Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, et t’avons-nous donné à manger ? Ou avoir soif, et t’avons-nous donné à boire ? Ou quand t’avons-nous vu étranger et t’avons-nous accueilli ? Ou nu, et t’avons-nous vêtu ? Ou malade ou prisonnier, et sommes-nous venus te rendre visite ? » Et le roi leur répondra : « Vraiment, je vous l’assure : chaque fois que vous avez fait cela à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi-même que vous l’avez fait. »

Message

Le texte que nous méditons ce matin pour ce culte Terre Nouvelle me donne du fil à retordre. Comment entendre ce texte sans ressentir l’index pointé sur soi accusant de ne pas avoir aidé les petits, de fermer les yeux sur leurs conditions, d’esquiver les gestes bienveillants…

Plus difficile encore dans le cadre de la campagne, justement, où il est question de soutenir les petits paysans d’Haïti, les enfants au Rwanda, ce texte ne vient-il pas rajouter une couche en culpabilité : « il faut » « Yaka » « Qu’as-tu fait ? » « As-tu agi ?» « Il suffit de faire ». « En quoi un index menaçant encourage-t-il à être solidaire ?  Ne risque-t-il de provoquer l’effet contraire à l’accueil, à la miséricorde ?

Si le texte montre comment je peux témoigner de l’amour du Christ concrètement en visitant les malades et les prisonniers, en donnant à manger aux affamés ; en même temps, je dois admettre que l’image du jugement, de la séparation génère la peur, peur de ne pas me retrouver dans la colonne des élus et des bénis. Sous l’effet de la peur, aider les autres reviendrait à apaiser ma mauvaise conscience sans m’intéresser à la personne réellement.

Avec l’équipe, nous avions eu à cœur de ne pas tomber dans le paternalisme », ou dans l’accusation du don que l’on fait pour « se donner bonne conscience ». Nous n’avons pas à convaincre ceux qui, à juste titre, répliquent : « on ne donne rien à cause de la corruption » « on ne sait pas où ça va » « depuis le temps qu’on aide, il n’y a rien qui se passe ».

Nous ne faisons pas dans la médiatisation de la pauvreté, ni dans la promotion de la « Charité-business ». Beaucoup de personnes ont soulagé les pauvres sans être croyantes. Ce qui nous distingue de ces personnes, c’est notre enracinement de foi, c’est de reconnaître le Christ dans les plus petits des sœurs et frères de Jésus. C’est à travers notre témoignage de foi, en parole et en actes que se situe notre engagement.

Ceci dit, commençons par ce qui nous dérange dans ce texte : La séparation, d’un côté les justes et de l’autre les bannis et le jugement. Dans ce monde, tout n’est pas parfait, tout beau, tout gentil. Cette Terre Nouvelle à laquelle nous aspirons tous, ne va pas apparaître comme par magie, il nous faut lutter, s’engager, persévérer et se convaincre qu’il vaut la peine d’y croire malgré la montée de la corruption, des inégalités sociales, de l’injustice. Jésus n’est pas dupe et sa parabole ne présente pas un monde composé uniquement de parfaites brebis. Ce monde est aussi constitué de boucs à l’odeur repoussante. Malheureusement.

A la fois justes et pécheurs, à la fois brebis et boucs pour paraphraser cette conviction forte de la Réforme. Le jugement de Dieu n’est pas à craindre. Sinon, cette parabole serait en parfaite contradiction avec le message d’amour du Christ. Le jugement, comme le dit Antoine Nouis, est la « façon dont notre vie est présente devant Dieu. C’est une relecture de notre vie à la lumière de l’Evangile, c’est-à-dire dans l’amour et la vérité. Dans 1 Corinthiens 3, 10, Paul parle de notre vie comme une maison bâtie avec nos œuvres, nos combats, nos rêves, nos défis, nos réussites, et nos échecs. Certaines pierres de notre maison sont en or et en métal, d’autres en foin et en paille. Le jugement est un feu qui fait brûler le foin et la paille pour ne laisser que l’or et le métal précieux », c’est-à-dire ce qu’il y a de meilleur, de bon, de beau, chez une personne.

Dieu n’est pas seulement le juge mais Emmanuel, le Dieu avec nous, qui guérit et qui sauve. Le fait que c’est le berger qui sépare, souvent représenté par le Christ, témoigne de l’esprit dans lequel va être rendu ce jugement, Jésus comme le bon berger, celui qui va chercher un mouton perdu et le porte sur ses épaules. Dieu nous espère et nous recherche en dépit de tout, parce qu’Il sait qu’au plus profond de nous il y a de l’or et du métal précieux.

Que faut-il faire ? C’est une question qui a été souvent posé à Jésus. Cette parabole se situe dans le champ éthique.

Il ne suffit de dire Seigneur, Seigneur pour entrer dans le Royaume des cieux. Il faut faire la volonté de mon père qui est dans les Cieux (Mt 7,21). Jésus dit plus loin, celui qui fait la volonté du Père est son frère, sa sœur et sa mère (Mt 12, 50).

Ce n’est pas en disant Seigneur, Seigneur qu’on devient frère et sœur de Jésus, c’est en vivant du Sermon sur la Montagne, en visitant les malades, en donnant à boire aux assoiffés, à manger aux affamés, visiter, accueillir, vêtir, autant de gestes concrets qui témoignent de notre espérance en actes. La faim, la soif, la nudité, la prison, l’Étranger, l’hôpital sont des lieux de souffrances physiques et morales où la vie est menacée et diminuée.

Ces petits parmi les frères et sœurs de Jésus sont les démunis, les faibles, malheureux, sans ressources, dans le besoin, dans la détresse. Ils sont chrétiens ou non chrétiens, croyants ou non croyants et viennent du monde entier.

Ils ne sont pas nécessairement éloignés de notre culture et traditions, éloignés par la distance géographique. Parfois, ces petits d’entre les frères de Jésus sont tout près de nous. Il nous faut apprendre à les voir et à les reconnaître. Il a suffi d’une crise planétaire pour qu’apparaisse au grand jour, ces petits d’ici, qui ont bravé la honte, pour se mettre dans une file en quête de la nourriture.

La reconnaissance de notre précarité est nécessaire pour nous ouvrir à la précarité des autres. Car petits, nous pouvons l’être de maintes manières, par la solitude, la maladie, le chômage. Nous avons tous une fragilité, une blessure qui nous font nous souffrir. Nous sommes, vous êtes un petit frère ou une petite sœur de Jésus. Les bien portants n’ont pas besoin de médecin nous dit Jésus. Car il est venu chercher, visiter, soigner, nourrir, libérer, apporter la guérison dans chacune de nos vies.

Quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir ? Quand nous est-il arrivé de te voir étranger ou nu, sans venir t’assister ? Il est frappant que l’élu comme le réprouvé ignore l’un l’autre que ce qu’il faisait ou refusait de faire au petit c’est au Christ qu’il le faisait ou refusait de faire.

C’est à moi que vous l’avez fait. Le pauvre est aimé pour lui-même par le Christ. Aux yeux du Christ, les petits ont du poids, ils ont valeur, ils ont du prix, ils sont uniques. Se découvre en eux, une présence, une union intérieure de frère de Jésus. En chaque être humain, il n’y a pas seulement le pauvre, il n’y a pas seulement l’étranger, il n’y a pas seulement le démuni, il y a le Christ.

Pour voir Jésus, il faut regarder le plus petit de ses sœurs et frères. Le verbe voir apparaît 3 fois dans ce texte. Aider c’est aussi voir, voir en l’autre non pas un assisté, mais une sœur, un frère de Jésus et Jésus-lui-même. Dans ce regard qui relève, l’autre découvre sa dignité. Les petits, si fréquemment humiliés, revendiquent très souvent le respect de leur dignité. Cette dignité que Jésus mettait en valeur en appelant ses disciples des amis et non des serviteurs, en remettant debout les blessés de la vie.

Nous pouvons donner cette dignité en donnant de la nourriture aux l’affamés, en visitant les malades mais aussi en acceptant de recevoir du pauvre. De la même manière que nous recevons notre vie, le salut de celui qui est mort pour nous, qui s’est humilié sur la croix. Nul ne peut vraiment donner s’il n’est pas capable de recevoir.

Pratiquer une disponibilité, un accueil auprès des plus petits nous coûte. C’est une incitation permanente à porter attention aux personnes fragilisées, opprimées, qui nous entourent quand ils ont faim, quand ils ont soif…Cette attention constante peut être pesante. Campagne après compagne, vous êtes sollicités, les situations des démunis nous sont présentées. Nous avons l’impression d’être abonnés à une aide interminable, que la situation des démunis ne change pas. Pire, leur nombre augmente. Certes, nous ne pouvons de loin, secourir toutes les personnes mais nous pouvons voir un frère, une sœur de Jésus, cela leur rend leur dignité,

L’accueil des petits est une démarche qui fait corps avec l’amour de Dieu. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. C’est l’amour dont Dieu nous aime qui nous donne de regarder l’autre plus qu’une sœur et frère en humanité mais une sœur, un frère en Christ, une fille, un fils du même Père.

« Un homme va visiter le Paradis.
Saint Pierre lui fait visiter tout, et au moment de partir, notre homme aperçoit, à l’entrée du paradis, un magasin.

Il entre, et voit un ange au comptoir. Il lui demande :
« Qu’est-ce qu’on peut bien acheter ici ? »
« Tout ce que vous voulez… »
« Ah ? eh bien ça tombe bien, parce que moi je voudrais la paix dans le monde,

Je voudrais que tout le monde mange à sa faim, qu’il n’y ait plus de gens qui souffrent, que les chrétiens se réconcilient,

que l’Église soit plus accueillante, que… »
« Hep! Attendez ! dit l’ange. Vous ne m’avez pas laissé finir…

Ici, on ne vend pas les fruits, on ne vend que les graines… »

Nous, contrairement au paradis, nous vous vendrons des fruits Terre Espoir à la fin du culte. Mais cette action et les projets présentés veulent tracer des sillons d’espérance, dans la terre des humains, en semant des graines d’amour, de solidarité d’accueil, de partage et de fraternité. En traçant ces sillons, non seulement pour les petits mais surtout avec les petits, nous visitons le Christ, caché et aussi tellement présent dans ce monde qu’il aime tant !

Amen

Prière d’intercession

Seigneur, tu nous dis :
à chaque fois que nous avons fait du bien à l’un de ces plus petits, c’est à toi que nous l’avons fait,
nous voulons te dire merci pour l’engagement des œuvres d’entraide et de mission,et de tous ceux qui témoignent de ton amour partout dans le monde en donnant à manger aux affamés, à boire aux assoiffés,en visitant les prisonniers et les malades.

Merci de nous accorder le privilège d’être proches des petits par l’accueil, le partage et la solidarité :un petit geste peut rallumer les rêves dans le cœur des enfants et du corps enseignant au Rwanda ;
un coup de main peut permettre aux paysans d’Haïti de vivre dignement de leurs terres ;
une aide peut faire germer l’espoir pour ceux et celles que la crise sanitaire a propulsés dans la pauvreté.
Dans nos engagements solidaires, accorde-nous l’humilité de voir ce que les petits sont capables d’offrir, donne-nous de tracer ces sillons d’espoir avec eux, avec leurs richesses et leurs forces en vue de l’amélioration de leurs propres conditions de vie.
Accorde-nous de les regarder comme toi, tu nous regardes, avec un cœur aimant et un regard bienveillant.
Pour nous-mêmes, dépose en nous les graines de l’espérance, de la foi et de l’amour qui font reculer les inégalités, les injustices, les peurs et qui nous donnent de travailler avec persévérance pour la joie de ton Royaume.
A toutes et tous donne la paix, la paix de ceux dont le cœur,peut se reposer en toi et dans ton amour.
Amen.

Yvena Garraud Thomas, pasteure

Bénédiction

Le Seigneur, notre Dieu, nous donne ses yeux, ses oreilles, ses mains.
Il ouvre nos cœurs, Il nous donne l’intelligence, la force et l’endurance nécessaires pour faire germer des fleurs d’espérance et d’amour, là où il y a de la fragilité et de la vulnérabilité.

Seigneur bénis-nous, nous t’en prions.

Amen.

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