Etre vraiment libre !

Un mot d’introduction à ce texte biblique : lorsque vous lirez le terme « chair », ne comprenez pas, par là, ce qui a trait à la sexualité, mais ce qui concerne l’égoïsme et la jalousie.

1C’est pour que nous soyons vraiment libres que Christ nous a libérés. Tenez donc ferme et ne vous laissez pas remettre sous le joug de l’esclavage. 

13Vous, frères et soeurs, c’est à la liberté que vous avez été appelés. Seulement, que cette liberté ne donne aucune prise à la chair ! Mais, par l’amour, mettez-vous au service les uns des autres. 

14Car la loi tout entière trouve son accomplissement en cette unique parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même

15Mais, si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres. 

16Ecoutez-moi : marchez sous l’impulsion de l’Esprit et vous n’accomplirez plus ce que la chair désire

Galates 5, verset 1 puis 13 à 16

Il y a quelques heures, nous avons basculé dans l’an nouveau. Mais à mon sens, il ne suffit pas qu’il soit nouveau simplement en apparence; j’aimerais, à titre personnel en tous cas, qu’il apporte de la nouveauté sous toutes sortes de formes :

C’est pour que nous soyons vraiment libres que Christ nous a libérés.

Et si nous pouvions gagner en liberté, en cette nouvelle année !?

La liberté a plusieurs facettes. Je ne vais pas me focaliser sur l’aspiration à la liberté que vivent les personnes emprisonnées, malades ou handicapées, même si ces personnes doivent vivre des choses très difficiles.

Paul, lorsqu’il s’adresse aux Galates, leur fait remarquer qu’ils se privent d’une liberté à laquelle ils ont pourtant droit : Paul leur avait enseigné qu’il n’était plus nécessaire de se faire circoncire depuis que Jésus, par sa mort à la croix, avait inauguré un temps nouveau, les libérant du fardeau de l’obéissance aux multiples lois de l’Ancien Testament. Or, des missionnaires venus d’ailleurs ont enseigné aux Galates le retour à la circoncision et aux contraintes de la Loi.

Cette loi laissait entendre que c’était en fonction de ce que l’on faisait que l’on serait jugé. Or, Jésus a enseigné que c’est en fonction de ce que l’on est que Dieu nous considère. Ce n’est donc plus notre degré d’observation de ces multiples préceptes qui fait de nous une bonne personne, mais que l’intégration de ces préceptes jusqu’au fond de notre cœur nous rende toujours plus capables d’aimer.

Et Paul donne une consigne forte : ne revenez pas à vos anciennes manières de penser ! Ne vous remettez pas sous le fardeau de la loi ! Vivez en êtres nouveaux, accueillez la libération en Christ !

Je ne sais pas s’il vous arrive d’avoir le sentiment constant de ne pas être assez bien ?

Le Seigneur vous dit :

C’est pour que nous soyons vraiment libres que Christ nous a libérés. Tenez donc ferme et ne vous laissez pas remettre sous le joug de l’esclavage.

En d’autres mots, ne vous laissez pas culpabiliser à nouveau ! C’est la Loi mal vécue qui nous culpabilise et nous empêche d’être vraiment en amour envers les autres et envers soi-même. Détendez-vous ! Accueillez la libération que donne le Christ !

C’est à la liberté que vous avez été appelés. Seulement, que cette liberté ne donne aucune prise à la chair !

Comment cette liberté pourrait-elle donner prise à la chair ? Entendons par là, non une critique de la sexualité, mais un appel à la vigilance pour ne pas donner libre cours en nous à des sentiments ayant trait à l’égoïsme ou à la jalousie. On peut en effet se considérer comme le centre du monde et souhaiter que tous les autres soient à notre service. C’est ce que Paul appelle la chair, c’est à dire notre nature humaine dans ce qu’elle a de plus sombre et malfaisant.

Mais j’aimerais encore relever un autre aspect qui appartient à la chair et peut nous maintenir dans une forme d’esclavage : c’est ce que provoquent en nous les rancunes et les rancoeurs. La rancœur surgit souvent sur une plaie créée par une blessure, pour laquelle on a gardé rancune envers quelqu’un. Cette rancune, si elle reste sans qu’on la retravaille, provoque de l’amertume, comme une plaie qui s’infecte. Elle peut engendrer des pensées négatives envers les autres – pas seulement envers la personne qui nous a blessés – nous amener à proférer des paroles agressives et mordantes sans véritable raison; parfois, le mal-être provoqué par la rancoeur peut provoquer des douleurs articulaires ou des problèmes de digestion chez la personne qui la garde au fond d’elle-même.  
Alors, de ces vieilles rancœurs, le Seigneur nous dit : tu es libéré ! Tu peux vivre libre ! Alors ne te tourmente pas au sujet du pardon. On entend trop souvent dire : « je pardonne, mais je n’oublie pas ». En effet, qui nous dit que, si l’on pardonne, on va oublier ? Non, le souvenir reste, c’est normal ! Le fait de pardonner ne nous rend pas amnésiques ! Par contre, parce que le Christ nous libère, la douleur intérieure s’estompe. Au fond, n’est-ce pas cela le pardon véritable ?

C’est à la liberté que vous avez été appelés !

C’est pourquoi, n’entretenons donc pas de rancunes, mais acceptons d’être libérés. Le pardon, bien compris, est une chance, source de légèreté et de bonheur.

Mais l’harmonie des relations nécessite que les deux protagonistes fassent un pas l’un vers l’autre. Si l’un refuse systématiquement de faire un pas vers nous, la libération prend alors une coloration nouvelle : il s’agit dès lors de renoncer à conquérir son amour et d’accepter que l’on ne peut être aimés de tous. Jésus lui-même a dit qu’il y aurait des situations où l’on ne nous recevrait pas et où il serait important de « secouer la poussière de ses pieds » (Matthieu 10,14). Dans ce cas, la liberté que nous donne le Christ passe par une libération de la pression à vouloir développer une bonne relation avec cette personne.

…par l’amour, mettez-vous au service les uns des autres. 

Alors, si vous avez reçu des vœux de bonheur pour cette nouvelle année, souvenez-vous que le pardon, ou sinon le lâcher prise face aux situations insolubles, engendre le bonheur. Le bonheur apporte un sentiment de liberté intérieure, et la liberté ouvre à l’amour. Car, pour aimer, il faut être LIBRE.

Amen