Fêtons la vie!

Message apporté dans le cadre du culte Terre Nouvelle au temple d’Auvernier le dimanche 12 novembre 2023. Culte en lien avec la campagne d’automne du DMR, qui nous emmène à Cuba à la découverte des projets que nos Eglises y soutiennent.
Merci à toute l’équipe à l’œuvre ce jour-là!

Départ pour Cuba!

Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là.
Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples.
Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. »
Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. »
Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le.
Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres).
Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord.
Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau.
Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »
Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.
Après cela, il descendit à Capharnaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples, et ils demeurèrent là-bas quelques jours.

Jean 2, versets 1 à 12

C’est une histoire toute simple, à la porter d’un enfant. C’est la noce, c’est la fête, c’est la joie, on mange et on boit. Mais le vin vient à manquer. La fête va-t-elle s’éteindre tristement ? Non. Un miracle de Jésus rétablit la situation.
C’est un résumé un peu bref, j’en conviens, mais avouez que c’est fidèle ! Pourtant cette fidélité est trompeuse, car elle nous fait passer à côté de l’essentiel.
Regardons mieux : notre texte court sur 12 versets. Au verset 10, nous avons la conclusion du maître d’hôtel : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »
Le verset 11, quant à lui, apporte la conclusion de l’Évangéliste Jean. : « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. »
S’il y a deux conclusions, c’est que les choses sont moins simples qu’il n’y parait.
Cette histoire signifie plus que ce qu’elle raconte. Alors j’y reviens.

Lors de cette noce, le vin vient à manquer. Marie souffle l’idée à Jésus d’agir pour adoucir le malaise qui ne manque pas de s’installer lorsque les serviteurs réalisent le manque. Il y a mise en danger de l’ambiance, de la fête et de la réputation du marié.

Mais Jésus tient tête à sa mère en lui rappelant que son heure n’est pas encore arrivée, qu’il n’est pas encore temps de se dévoiler. Et il est dans le vrai : sa gloire ne se manifestera totalement et à tous qu’à l’heure de sa mort.

Cependant, lors de ces noces, Jésus va opérer un geste, mais un geste visible uniquement des serviteurs et des disciples.

Comme ils en ont reçu le conseil de Marie, les serviteurs obéissent aveuglément aux ordres de Jésus. Ils s’exécutent sans poser de question. Ils remplissent d’eau les jarres destinées au rituel juif de purification jusqu’au bord. Et c’est alors que le miracle se produit. Cette eau servie à table a été transformée en vin. Jésus pose le premier signe, mais en coulisse, de sa gloire. C’est par l’obéissance de ces serviteurs, modestes et anonymes, que le signe de la gloire de Jésus peut être posé.

Un signe visible uniquement des serviteurs et des disciples qui va avoir pour conséquence non seulement de permettre à la fête de poursuivre et de sauver l’honneur de l’époux, mais aussi et surtout de susciter la foi chez les disciples.

Si je me hasarde à interpréter ce récit d’une manière symbolique ou métaphorique, et que les noces deviennent alors l’image de la vie, que pourrais-je bien retenir ou découvrir dans ce texte ?

En premier lieu, je suis amenée à considérer la vie comme une fête. Une fête à laquelle je ne suis pas seule, mais entourée d’un bon nombre d’invités qui eux aussi se réjouissent des biens qui leur sont offerts à l’occasion de cette fête. Le vin coule à flot, mais sans doute l’air est-il empli des odeurs de cuisines, de grillades, d’épices, et les assiettes pleines de mets délicats. Tant de délices et de saveurs emplissent les lieux. Et oui, dans nos vies ces temps existent où nous nous sentons entourés et comblés, nourris, ivres de bonheur.

Puis dans le courant des festivités, un couac ! une faille. Un moment charnière où tout est mis en danger, tout semble vouloir basculer. Le vin vient à manquer. La scène se transforme alors. C’est un peu comme un ralenti au cinéma. La musique se pare de fausses notes, les gestes se font plus lents, un flou rend l’image plus incertaine, nous sentons la catastrophe poindre. Nous sommes au bord du gouffre.

Et ça, comme expérience, ça ne m’est pas non plus totalement inconnu. Ne vivons-nous jamais de ces temps obscurs où tout semble chavirer ?

Bien sûr que nous les connaissons. Dans la vie se succèdent des temps de joie et de fête et des temps de souffrances, de manques, de morts.

Chaque vie est un chapelet fait de bons et de mauvais moments.

C’est alors que nous sommes appelés à avoir foi en celui qui transforme notre vie. Le Christ, présent dans chacune de nos fêtes l’est aussi dans chacun de nos moments de crise, opérant parfois à notre insu, parfois discrètement, parfois pour nous, parfois grâce à nous. Comme il le fit lors de ces noces à Cana.

Ce jour-là, à Cana, lorsque Jésus accomplit le premier signe de sa gloire, seuls quelques-uns sont au courant, mais tous en sont les bénéficiaires. Les serviteurs et les disciples eux-seuls savent que Jésus est à l’œuvre, mais la foule entière des invités se voit poursuivre la fête sans inquiétude. Et c’est avec largesse et générosité que Jésus redonne sens à la fête. Car en effet, les jarres sont pleines jusqu’au bord. Il n’est pas question de mesure, ni de calcul, ni de mérite. Lorsque la grâce se révèle, elle ne le fait pas à moitié. Lorsque Jésus pose un signe, il le fait dans le registre de l’abondance.

Souvent dans nos vies, à l’égal de la foule présente ce jour-là à Cana, et inconsciente de la catastrophe évitée, nous aussi sommes au bénéfice de grâces anonymes et nous ne nous apercevons pas toujours des bénédictions que nous recevons. Cela ne signifie pas que Dieu n’agit pas, cela ne signifie pas que Dieu n’a pas déjà commencé à manifester sa gloire.  Et dans nos temps de réussites, de vie épanouie et accomplie, plutôt que de nous en enorgueillir et de nous considérer comme seul maître de nos succès, souvenons-nous que la grâce de Dieu peut se manifester si discrètement qu’elle en passe inaperçue. C’est un appel à l’humilité, à la reconnaissance pour chaque instant de bonheur ou de succès vécu. Ainsi, aujourd’hui dans le cadre de cette campagne, nous sommes invités à nous souvenir que ce dont nous jouissons avec largesse, ce que nous goûtons avec plaisir est signe de la gloire de Dieu. Et qu’il y a lieu d’en faire une fête.

Ce jour-là, à Cana, les serviteurs acceptent humblement de n’être que des exécutants obéissants sans savoir ce qui se trame, sans savoir quelle direction va prendre l’histoire. Et un signe est posé sans qu’ils ne s’en rendent compte. Le signe est possible grâce à leur obéissance innocente à Jésus, car ils ont accepté d’être des serviteurs fidèles. Et c’est au travers de leur fidélité que tout va pouvoir être rétabli.

Ils n’ont fait que remplir d’eau les jarres sans pouvoir prévoir la suite.

Et c’est ainsi qu’ils accomplissent la responsabilité qui est la leur. Le reste ne relève pas d’eux.

Voici encore qui m’interroge sur qui je crois être, sur ce que je crois faire. Dans le temps que je prends et que je consacre à autrui, dans les actes que je pose destinés à autrui, j’espère que tout cela portera du fruit et j’en cherche les preuves. Et souvent la déception me guette, car je ne vois pas le résultat escompté. Alors montent en moi tous les « à quoi bon », la lassitude, le désarroi, la démotivation. Or, les serviteurs innocents me rappellent que tout ne relève pas de moi, mais que mon obéissance au commandement de Jésus est fondamentale dans le processus de la manifestation de la gloire de Dieu. Ainsi, encore toujours dans le cadre de cette campagne, je dois me souvenir que le moindre geste que j’accomplis et qui peut paraître anodin, est primordial dans l’aboutissement des plans de Dieu. Un pied de nez à toutes ses gouttes d’eau dites inutiles au vu de l’immensité de l’océan.

Chaque geste, chaque parole peut être un onguent bienfaisant sur les blessures ou les épreuves que vivent ceux qui m’entourent, même si je ne prends pas conscience de la portée de ce geste, de cette parole. Je peux être un passeur de bénédictions sans en avoir conscience, car tout ne relève pas de moi.

Un peu de miel pour aider à cicatriser ou apporter de la douceur là où l’amertume gagne du terrain. Et la fête de la vie de poursuivre !

Pour conclure :

Dans la fête de nos propres vies, il nous faut accepter d’être nous aussi bousculés.

Les temps de joie sont souvent perturbés, entrecoupés de temps de peine. Mais l’action bienfaitrice du Christ se manifeste dans chacun de ces instants.

Et nous en sommes les bénéficiaires lorsque d’autres acceptent d’être les serviteurs fidèles et obéissants.

Ou bien encore nous sommes les fidèles obéissants de cette action bienfaitrice lorsque même sans nous en rendre compte nous aidons le Christ à poser des signes dans les existences de ceux qui nous entourent.

Une occasion de faire de chaque instant une fête, cette fête de la Vie avec et en Christ, qui malgré et même dans les temps d’épreuves ne cesse jamais de battre son plein.

Et pour finir, j’aimerais citer Carlos E. Ham, pasteur et recteur du Séminaire évangélique de théologie de Matanzas à Cuba.

Il nous dit :

Notre culture à Cuba est festive, même en dépit des difficultés et des pénuries, nous savourons la vie, et plus encore parmi les personnes qui embrassent la foi de Jésus. Dans notre pays, nous continuons à célébrer les « noces », même si nous n’avons pas de « vin », nous continuons à essayer d’accomplir ses miracles, en annonçant le plan libérateur du Dieu de la vie, en servant en solidarité avec les plus nécessiteux et nécessiteuses et en partageant les valeurs du règne de Dieu de « justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Romains 14 :17).

Voici qui nous encourage à toujours savourer la vie, avec gratitude, reconnaissance et dans l’obéissance à Celui qui ne manque jamais d’être présent.

Amen.