Un matin, au bord du lac… l’histoire continue

Prédication du culte du 4 mai 2025 à Colombier                                      René Perret

Texte biblique : Jean 21,1-14

J’aime la liberté avec laquelle chacun des quatre évangélistes a écrit l’histoire de Jésus !

   Ici, alors que nous sommes dans le temps de Pâques jusqu’à l’Ascension, puis Pentecôte, en suivant l’Evangile selon Luc et son début du livre des Actes, Jean nous propose un autre calendrier de ces événements en décrivant Jésus ressuscité apparaissant trois fois à ses disciples. 

   La première fois, c’est au soir de sa résurrection, dans la pièce fermée où sont réfugiés ses amis. Il se présente à eux, souffle sur eux son Esprit et les envoie en mission, avec le pouvoir de pardonner. Ce pouvoir qu’il a exercé, au grand dam des Juifs qui le croyaient uniquement réservé à Dieu.

   La deuxième fois, le dimanche suivant, il se présente à Thomas et déclare « bienheureux ceux qui croient sans m’avoir vu ». 

   La troisième fois est dans notre récit de ce matin.

Les disciples revenus en Galilée semblent reprendre leur vie d’avant, quand Pierre annonce à ses compagnons : « Je vais à la pêche ». Cette nuit-là, la pêche est un échec, et Jésus leur apparaît pour venir à leur secours. Dans ce récit tout simple est décrit le début de l’Eglise selon Jean. 

   La scène se déroule au bord du lac de Tibériade, où eu lieu la multiplication des pains puis Jésus annonçant qu’il était le Pain de vie, et Pierre confessant : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles qui donnent la vie éternelle. » Et voilà qu’ici à nouveau, après une nuit sans poisson, il suffit qu’au lever du jour, Jésus leur indique où mettre leur filet pour que celui-ci soit plus que plein.

   Cette surabondance s’est répétée, après la résurrection ; elle restera un signe de la réponse de Jésus pour ses disciples dans la suite de leur vie. Nos traversées de nuit, d’échec déboucheront sur une aube de réponse, de présence, de paix retrouvée. Car Jésus nous attend encore sur nos rivages. 

   Et puis, Jésus appelle ses disciples « mes enfants » : c’est un terme affectueux que l’on retrouvera dans les épitres de Jean, et qui désignent les membres de la communauté chrétienne. La proximité familière et familiale de Jésus est assurée à ceux qui le reconnaissent comme leur Seigneur ; et nous sommes aujourd’hui de cette communauté-là, de cette famille-là.

   Il y a aussi ces deux disciples : le disciple que Jésus aimait et Pierre. Au matin de Pâques, les deux coururent au tombeau et Pierre arriva le premier, signe de son zèle ; et le disciple que Jésus aimait fut le premier à croire, en voyant les linges posés, que Jésus était ressuscité. 

   Ici, c’est pareil : le disciple que Jésus aimait fut le premier à reconnaître en cet homme sur le rivage le Seigneur ressuscité ; et Pierre se jetant à l’eau à la rencontre de Jésus manifeste à nouveau sa hâte à le rejoindre. 

   Si l’on reconnait en Pierre le pasteur de l’Eglise, le conducteur des disciples puis des chrétiens, ne peut-on pas aussi reconnaître en l’autre disciple celui qui sait voir le Christ dans le présent de la foi ?

   L’apôtre Paul, le premier à écrire dans l’histoire de la chrétienté, me paraît ressembler à ce disciple que Jésus aimait, par sa capacité à présenter Jésus agissant dans la vie concrète des nouveaux chrétiens.  

   Est-il osé de penser alors que dans nos communautés locales, si la mission du pasteur est importante pour garder les croyants dans l’unité, la mission de voir le Ressuscité à l’œuvre dans notre vie présente est confiée à des paroissiens et paroissiennes ouverts à ce talent ? 

   La mission d’être pécheurs d’hommes n’est-elle confiée à tous les disciples, portés par la même confiance de Jésus ?

   J’en ai la ferme conviction : c’est ensemble que nos dons mis en œuvre répondent à l’appel de Jésus pour que le monde croie à son amour. 

   Enfin, le repas pris – et apprêté par Jésus – avec ses disciples au bord du lac est une préfiguration du repas que nous partageons en son nom lors de notre culte. 

   Lui seul est notre nourriture essentielle, lui seul nous donne une joie insurpassable. À qui donc irions-nous ?

   Alléluia ! Amen. 

Confession du péché de Francine Carrillo

Je suis de glaise                  Tu es de souffle

Je suis de cendre                Tu es de braise

Je suis de miettes               Tu es de pain

Je suis de larmes                Tu es de source

Je suis d’impasses              Tu es de chemin

Je suis d’absence                Tu es de veille                       

Je suis de houle                   Tu es de paix …

Viens rouler la pierre de mes enfermements ;

Que ta vie enfin traverse de Toi à moi !