Vivre les Rameaux depuis – la maison

Par Bénédicte Gritti

Bonjour ,

Ce matin je vous retrouve à l’occasion du dimanche des Rameaux.
Jésus entre à Jérusalem pour fêter la Pâque Juive qui approche. Durant toute la semaine, les musiques et danses emplissent la ville sainte. On se souvient avec reconnaissance de la libération du peuple hébreu de la servitude en Égypte.
C’est aussi, pour nous chrétiens, le début de la semaine que l’on appelle sainte et qui conduit Jésus à sa Passion puis à sa propre Pâques.

Vous trouverez ci-dessous, je l’espère, les éléments essentiels pour vous permettre de vivre ce temps de culte au calme depuis chez vous. Mais pas sans vous souvenir que notre communauté paroissiale vous entoure, virtuellement peut-être, mais non pas moins intensément.
Tous, nous nous manquons les uns aux autres, mais tous sommes reliés par l’Esprit qui nous est donné.

Sentez-vous accueillis avec joie et reconnaissance par le Seigneur lui-même.

Et je vous invite à présent à entrer dans cette fête. Mêlons-nous à la foule et…

Musique

… écoutons!

Psaume 104, psaume de louange chanté en hébreu par Yamma Ensemble

Lecture biblique

Laurence Burri nous lit le récit du jour dans l’Évangile de Jean au chapitre 12, les versets 20 à 32.

Message

A lire ou à écouter

Jésus vient d’arriver à Jérusalem. C’est bientôt la fête de la Pâque. Par centaines, les pèlerins affluent eux-aussi vers la grande ville. Lorsque ceux-ci apprennent que Jésus est dans les murs, ils se précipitent pour l’accueillir, car certains l’ont reconnu, c’est celui qui a ressuscité Lazare, et d’autres en ont entendu parler. Mais tous veulent le voir et l’acclamer.

Puis le texte nous parle tout particulièrement de Grecs qui eux aussi étaient montés dans la grande ville à l’occasion de la fête. Ces Grecs – des païens – s’approchent des disciples de Jésus avec cette requête:

« Nous voudrions voir Jésus » !

« Nous voudrions voir Jésus ». C’est effectivement sans doute le désir qui monte de notre cœur, le désir de bien des croyants.

Les disciples vont alors transmettre cette demande à Jésus. Et sa réaction est surprenante : il ne répond ni positivement ni négativement ni même directement à la demande des païens. Bien au contraire, il se  met à parler de son heure qui est venue, de sa glorification prochaine, du grain de blé qui doit mourir en terre avant de porter du fruit.

Et, tout en parlant ainsi, il va s’impliquer dans un étonnant dialogue avec son Père, que les foules entendent intervenir tel un coup de tonnerre.

Un dialogue que nous-mêmes entretenons si souvent au long de nos journées, lorsque la réalité nous reste incompréhensible. Ou encore lorsqu’elle nous laisse incertains ou apeurés.

Enfin Jésus conclue, et ce sera la réponse à la question des Grecs : «Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes.»

Les Grecs voulaient voir Jésus. Mais le Jésus qui vient d’entrer à Jérusalem à dos d’ânon et qui se promène dans les rues de la ville n’est pas encore vraiment visible pour ce qu’il est en profondeur.
Il est aux yeux de beaucoup le faiseur de miracles, l’excellent orateur, le grand Rabbi, celui qui les délivrera de l’oppresseur. Et ce n’est que lorsqu’il aura traversé sa Pâques, lorsqu’il aura été jeté en terre comme le grain de blé et qu’il aura été relevé, glorifié par son Père, ce n’est qu’alors que tous ceux qui se sont approchés de lui pourront comprendre qui il est, dans sa profondeur. Et c’est alors lui-même qui attirera tous les hommes à lui.

Mais pour l’heure, Jésus est troublé. Au beau milieu de son exposé sur le grain de blé, un soudain désarroi s’empare de lui. Jésus entre en crise, c’est-à-dire, en lutte intérieure : «Maintenant mon âme est troublée» dit-il.

La perspective du grain de blé mourant en terre vient le toucher jusque dans ses entrailles, c’est-à-dire au plus profond de lui-même. Mais il vit cette crise sur le mode de la prière. Instinctivement il se tourne vers Dieu « Père, sauve-moi de cette heure ».
Il s’agit bien de cette heure qui vient et qui le verra suspendu au bois de la croix. Puis il se reprend «Mais c’est précisément pour cette heure que je suis venu. Père glorifie ton nom».

C’est le moment décisif.
Jésus ne se dérobe pas, quel que soit le prix à payer. Il ne demande pas non plus à être épargné puisque c’est pour cela qu’il a été envoyé. Et de son cœur ne monte plus qu’une seule prière qui dit qu’il fait sienne la volonté de Dieu.

C’est dans ce moment de trouble que l’on peut déjà déceler le secret et la profondeur de Jésus et de sa Pâques. Il entre dans sa mort, comme tout autre homme y entrerait : saisi par le trouble et la peur. Mais précisément, Pâques signifie que cette heure devait venir, non pas afin que Jésus évite la mort, mais pour qu’il y entre en s’abandonnant, confiant en son Père. Car il sait que son Père l’aime, qu’il exaucera sa prière, qu’il ne laissera pas son Fils livré à la mort, mais qu’il le relèvera et le revêtira de sa gloire.
Ainsi, c’est au moment seulement où il sera en haut de sa croix que nous pourrons vraiment voir et connaître Jésus. Alors il sera présent pour tous ceux qui croiront, et lui-même attirera mystérieusement tous les hommes à lui.

C’est cette attirance divine qui nous a conduit à nous retrouver sur cette page web pour un temps de culte, en ce temps d’épreuve que nous vivons, bien malgré nous.

Mais peut-être que certains d’entre-vous auront déjà remarqué ou expérimenté dans leur vie cette attirance divine. Et cette attirance peut conduire très loin. Car Jésus n’attire pas seulement pour que nous puissions le connaître et vivre un culte avec lui. Jésus nous attire pour que nous le suivions sur le même chemin où il nous aura précédé.
Le Christ ne nous est pas donné comme modèle, mais comme compagnon. Comme celui qui toujours accompagne l’éprouvé et lui donne sa paix.

Voir et connaître Jésus ne signifie pas se faire une idée et avoir une opinion à son sujet. Voir et connaître Jésus implique de passer par où il est passé, de traverser des épreuves, de se heurter à des résistances et de vivre ainsi des crises, des luttes intérieures jusqu’à ce que nous puissions nous abandonner paisiblement, comme Jésus, au même amour du Père.

En cette période difficile où tout est remis en question et dont on ne connaît pas encore les effets futurs, nous pouvons accueillir cet homme simple dans nos vies. Le regarder avancer à nos côtés et le laisser poser sur nous son regard de paix, d’amour et de miséricorde – car son cœur bat pour notre misère. Il sait ce que nous traversons, il a déjà emprunté ce chemin de souffrances.

Laissons-le nous remplir de sa paix.

Et nous conduire, car «Si quelqu’un veut me servir qu’il se mette à ma suite, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur.»

Prière d’intercession et Notre Père

Je vous invite à la prière

Le Seigneur acclamé est aussi le crucifié par amour. En entrant dans cette grande semaine sainte, unissons–nous dans la prière d’intercession, prions le Seigneur pour tous les hommes.

Ta passion se poursuit, Seigneur, dans les guerres et les injustices d’aujourd’hui. Pour les responsables des nations ennemies, dans l’espérance, nous te prions.

Ta Passion est encore vécue, Seigneur, à travers toutes les souffrances des hommes. Pour les malades, pour les mourants, dans l’espérance, nous te prions.

Ta Passion se prolonge, Seigneur, dans nos disputes, nos manques de charité. Pour que nous devenions plus dignes de toi, dans l’espérance, nous te prions.

Oui, Seigneur, notre monde est encore marqué par la souffrance et les difficultés. Aide-nous à vivre ces jours avec le désir de vaincre le mal pour parvenir avec toi à la vie nouvelle.

Et à cet instant nous te disons

Notre Père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses
comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés,
et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du mal.
Car c’est à toi qu’appartiennent :
le règne la puissance et la gloire,
Aux siècles des siècles.

Amen.

Collecte!

Dans l’incapacité de pratiquer la collecte, nous vous encourageons à ne pas oublier de soutenir notre paroisse, merci.

IBAN CH86 0076 6000 K352 1891 2 / 20-136-4

Bénédiction

Que le Seigneur nous bénisse et nous garde.

Qu’il nous accompagne dans ce difficile passage de l’obscurité à la lumière.

Amen.

Musique

Avant de quitter la grande ville et ses festivités, profitons encore un instant des sons et rythmes de ce pays, et écoutons le Trio Joubran, trois frères Palestiniens nés à Nazareth.
Bon dimanche et bonne semaine à toutes et tous.