Seigneur, tu es mon refuge, mon abri…

Cette semaine, mes visites m’ont amenée chez plusieurs personnes qui m’ont reparlé de ce temps étrange que nous avons vécu en lien avec le coronavirus. L’une d’elles m’a dit « Oui, c’était écrit ! Tout était annoncé dans le Psaume 91 ! »

J’avoue que, sur le moment, je ne me souvenais pas du Psaume 91. Cette réflexion m’a turlupinée toute la journée et, le soir, j’ai ouvert ma Bible pour lire ce Psaume 91.

Je vous invite à l’écouter :

PSAUME 91

1Celui qui habite là où se cache le Très-Haut
passe la nuit à l’ombre de Shaddaï.

2– Je dis du SEIGNEUR : « Il est mon refuge, ma forteresse,
mon Dieu : sur lui je compte ! » –

3C’est lui qui te délivre du filet du chasseur
et de la peste pernicieuse.

4De ses ailes il te fait un abri,
et sous ses plumes tu te réfugies.
Sa fidélité est un bouclier et une armure.

5Tu ne craindras ni la terreur de la nuit,
ni la flèche qui vole au grand jour,

6ni la peste qui rôde dans l’ombre,
ni le fléau qui ravage en plein midi.

7S’il en tombe mille à ton côté
et dix mille à ta droite,
toi, tu ne seras pas atteint.

8Ouvre seulement les yeux
et tu verras comment sont payés les infidèles.

9Oui, SEIGNEUR, c’est toi mon refuge ! –

Tu as fait du Très-Haut ta demeure,

10il ne t’arrivera pas de malheur,
aucun coup ne menacera ta tente,

11car il chargera ses anges
de te garder en tous tes chemins.

12Ils te porteront dans leurs bras
pour que ton pied ne heurte pas de pierre ;

13tu marcheras sur le lion et la vipère,
tu piétineras le tigre et le dragon.

*    *    *

14– Puisqu’il s’attache à moi, je le libère,
je le protégerai car il connaît mon nom.

15S’il m’appelle, je lui répondrai,
je serai avec lui dans la détresse ;
je le délivrerai et le glorifierai ;

16je le comblerai de longs jours
et je lui manifesterai mon salut.

Ce Psaume ne parle pas directement du coronavirus qui, bien sûr, n’existait pas en ce temps-là. Il évoque la lèpre qui, il est vrai, présente certaines similitudes avec le COVID 19.

La lèpre était aussi d’une maladie contagieuse, qui imposait que l’on mette les malades à distance des bien-portants ; si quelqu’un voyait sur sa peau un symptôme faisant penser à la lèpre, il devait se montrer au prêtre qui le mettait en quarantaine pendant 7 jours, selon le Lévitique. Si l’évolution de ses plaies confirmait le diagnostic, on le plaçait à l’extérieur de la ville avec les autres lépreux ; ils marchaient en groupe et, s’ils croisaient quelqu’un, ils devaient crier « lépreux », afin que l’autre personne ne s’approche pas. Leurs habits étaient considérés comme contaminés et devaient être lavés deux fois ou être brûlés. Les objets à l’intérieur de leur maison étaient considérés comme impurs et toute personne qui y pénétrait était à son tour comme impure. Toutefois, là où la lèpre se distingue du COVID 19, c’est que, comme elle était en principe une maladie incurable, une personne diagnostiquée positive était en isolement pour le restant de ses jours ! Son exclusion signifiait donc une mort sociale !

Donc si on peut voir quelque analogie entre la lèpre et le COVID, je résisterai néanmoins à l’idée que ce Psaume ait pu annoncer cette pandémie. D’une part parce que ce texte ne prétend pas être prophétique, mais qu’il s’adresse aux gens de son temps pour qui la peste est un véritable fléau. D’autre part parce que, même avec des textes prophétiques, il faut savoir qu’à toutes les périodes de l’histoire, depuis deux mille ans, des croyants ont cru y lire des signes apocalyptiques et ont pensé qu’ils vivaient les temps de la fin. Je pense donc qu’il faut être prudents pour ne pas soudain affirmer « ça, ça correspond à ça : les États-Unis, la Russie, la papauté, le COVID, etc. ».

Ce Psaume, sans annoncer quoi que ce soit, nous invite à faire confiance à Dieu et à trouver en lui une paix, une sérénité, hors du commun.

Est-ce que vous arrivez à vous sentir en sécurité même au sein des difficultés ? Est-ce qu’au plus fort de ce temps de confinement, vous avez pu vous sentir paisibles, sereins ?

Si nous avions lu ce Psaume alors que les médias nous abreuvaient de chiffres assez anxiogènes quant au nombre de malades ou au nombre de décès liés au coronavirus, cela aurait pu être très bienfaisant. Ce Psaume encourage, positive les choses. À en croire le Psalmiste, aucun mal ne peut arriver à celui qui croit et qui se blottit à l’ombre du Très-Haut. Tous les malheurs, qu’il s’agisse du coronavirus ou de toute autre maladie ou accident, rien ne peut nous faire du tort.

Mais dites-moi, est-ce que ce Psaume n’est pas trop positif ? Ne serait-on pas amené à croire que la vie du chrétien est un conte de fées où tout est rose ?

Ce qui est très intéressant avec ce Psaume, c’est que Jésus lui-même y réagit. En effet, lors de la tentation de Jésus, c’est Satan qui lui « balance » un verset de ce Psaume pour tenter de le faire agir en Superman. Écoutez plutôt :

Voici ce qu’il se passe :

Matthieu 4

1Alors Jésus fut conduit par l’Esprit au désert, pour être tenté par le diable.

2Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il finit par avoir faim.

3Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. »

4Mais il répliqua : « Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu. »

5Alors le diable l’emmène dans la Ville Sainte, le place sur le faîte du temple

6et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges et ils te porteront sur leurs mains pour t’éviter de heurter du pied quelque pierre. »

7Jésus lui dit : « Il est aussi écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »

8Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne ; il lui montre tous les royaumes du monde avec leur gloire

9et lui dit : « Tout cela je te le donnerai, si tu te prosternes et m’adores. »

10Alors Jésus lui dit : « Retire-toi, Satan ! Car il est écrit : Le Seigneur ton Dieu tu adoreras et c’est à lui seul que tu rendras un culte. »

11Alors le diable le laisse, et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient.

Nous le voyons, Jésus ne prend pas ce verset au premier degré. Il ne dit pas : en effet, puisque c’est écrit dans la Bible, je ne risque rien, je peux me jeter en bas du temple, il ne m’arrivera rien, même pas une égratignure. Non, Jésus rejette catégoriquement cette idée. Pour lui, mettre Dieu ainsi au défi serait une ineptie. Pourtant c’est bien lui qui, quelques temps après, va marcher sur l’eau ! Mais c’est aussi lui qui va être mis à mort par un instrument de torture ! Il va donc vivre des choses extraordinaires et pourtant il ne va jamais faire des miracles pour épater la galerie, mais pour qu’il se passe des prises de conscience dans le cœur de ses auditeurs. Lorsque les gens aimeraient l’élever en superman ou en héros, il s’enfuit.

Vous avez remarqué que Matthieu place les paroles de ce Psaume dans la bouche de Satan. C’est Satan qui utilise des paroles de la Bible pour chercher à faire dévier Jésus de sa mission. J’en profite pour attirer votre attention sur le fait que l’un des messages forts de ce texte est de nous faire réaliser qu’il est possible de détourner certaines paroles de la Bible pour leur faire dire autre chose que ce à quoi elles sont destinées. Ici, Satan essaie de faire en sorte que Jésus opte pour la facilité. Il lui fait croire que servir Satan serait plus aisé que servir Dieu. Jésus, lui, n’a aucune hésitation. Il sait qui il veut servir. Il en connaît les bons et les mauvais côtés. L’essentiel, pour lui, c’est de ne pas perdre son âme et donc, il va aller jusqu’au bout de sa mission, quoi qu’il lui en coûte en ce monde.

Jésus refuse donc la facilité, la vie aisée où tout « baigne ». Il aura ce même message lorsque ses disciples reviennent de mission, tout enthousiasmés par ce qu’ils ont vécu :

Luc 10

17Les soixante-douze disciples revinrent dans la joie, disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. »

18Jésus leur dit : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair.

19Voici, je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents et scorpions, et toute la puissance de l’ennemi, et rien ne pourra vous nuire.

20Pourtant ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux. »

Cette fois-ci, c’est Jésus qui cite un verset de ce Psaume 91. Il se réjouit avec ses disciples qu’ils aient expérimenté la protection de Dieu, mais il leur dit de ne pas se focaliser uniquement là-dessus. L’important n’est pas que cette vie soit belle et que nous ayons des victoires sur les difficultés, même si cela fait partie des aspects merveilleux de la vie avec Dieu. L’important est de ne pas perdre de vue que l’essentiel est ailleurs. L’essentiel est notre attachement à Dieu : « habiter à l’abri du Très-Haut », faire de lui « mon refuge » au sein de la difficulté ; me blottir « sous ses ailes », « me réfugier sous ses plumes ». J’aime cette métaphore de Dieu qui serait comme une maman oiseau. Cela m’invite à découvrir en Dieu une tendresse de mère ainsi qu’une protection de père.

Relevons que si Jésus dit à ses disciples de ne pas se focaliser sur leur réussite, mais sur Dieu, c’est parce que la réussite peut devenir comme une idole que nous risquons d’adorer au lieu d’adorer le Dieu qui nous donne les réussites.

Au fond, ce Psaume nous appelle à trouver en Dieu un appui : « je serai avec vous dans la détresse », nous dit aussi ce Psaume, ne niant pas que nous puissions tous traverser des temps de détresse. Mais se confier en Dieu, se réfugier en lui, voilà qui nous rend forts en tant que chrétiens ! C’est une force pour nous, c’est une source d’équilibre, qui nous est précieuse en tant qu’individus, mais aussi en tant que société.

J’étais très touchée, hier, en échangeant avec une jeune fille que vous avez peut-être déjà rencontrée au culte à Rochefort, Solène Fahrni. Elle me disait combien elle était convaincue de l’utilité de la religion pour notre société. À ses yeux de jeune adulte, le fait de croire en un Dieu unique apporte une croyance stable à l’être humain. La société peut alors s’appuyer sur un pilier solide. Sans croyance, l’homme est facilement influençable », me disait-elle.

Chers amis, chers frères et sœurs en Christ, pouvons-nous dire, comme le psalmiste : « Dieu est mon refuge, ma forteresse, sur lui, je compte » ?

Je vous encourage vivement à vous placer en chaque début de journée sous les plumes du Très-Haut. Ainsi, chacune des 86’400 secondes de votre journée sera portée par la confiance en celui qui est votre refuge et votre abri.

Amen

Prière d’intercession

Seigneur,

Fais de nos cœurs des lieux de paix et de nos esprits des havres de tranquillité.
Sème en nos âmes un amour vrai pour toi et les uns pour les autres.
Nous te prions pour toutes les situations ténébreuses de ce monde.
Viens les illuminer de ta paix et de ta justice.

Seigneur, écoute-moi,
Tu es mon refuge, ma forteresse,
sur toi, je compte.

Toi qui nous as créés et nous as tissés dans le sein maternel,
nous te prions pour tous ceux qui, dans notre entourage,
souffrent dans leur être profond et ne peuvent pas, ce matin,
confesser qu’ils sont une vraie merveille.
Apaise leurs souffrances,
vivifie leur foi et leur espérance.

Seigneur, écoute-moi,
Tu es mon refuge, ma forteresse,
sur toi, je compte.

Bien que ce monde dépende de ta grâce, ceux qui le gouvernent et s’en occupent sont de simples mortels.
C’est pourquoi nous te prions pour ceux et celles qui évoluent dans les sphères du pouvoir, dans les parlements de ce pays et d’ailleurs et dont nous apprécions ou craignons les décisions.
Qu’ils tiennent toujours compte de ceux et celles qu’ils représentent,
qu’ils décident avec courage et intégrité et qu’ils résistent à la tentation d’abuser de la confiance qui leur est faite.

Seigneur, écoute-moi,
Tu es mon refuge, ma forteresse,
sur toi, je compte.

Prions pour tous ceux qui sont haut placés dans le monde de la finance, des affaires et de l’industrie et dont les choix peuvent profiter à quelques-uns ou en appauvrir beaucoup.
Qu’ils donnent toujours plus de valeur aux personnes qu’au bénéfice,
qu’ils n’imposent jamais aux pauvres des fardeaux qu’ils ne seraient pas prêts à porter eux-mêmes ;
qu’ils ne dissocient jamais l’argent de l’éthique, la propriété de la responsabilité,

Seigneur, écoute-moi,
Tu es mon refuge, ma forteresse,
sur toi, je compte.

Annonces

 L’Assemblée de paroisse a dû être repoussée à cause du confinement. Elle aura lieu dans trois semaines, à l’issue du culte, le dimanche 5 juillet. Exceptionnellement, sans repas !

Les transports pour les cultes reprennent. Comme les distances ne peuvent pas être respectées dans une voiture, nous prions au moins les chauffeurs de porter un masque.

Comme nous devons tenir chaque dimanche une liste des personnes présentes, nous prions tous ceux qui sont à l’aise avec internet de bien vouloir vous inscrire sur le site, ce qui nous gagne du temps et facilite la tâche de la personne qui doit se porter garante du respect des consignes de traçabilité des personnes présentes au culte.

 

Bénédiction

De même que Jésus ne t’a pas prié d’ôter ceux qui croyaient du monde, je ne te prie pas de nous enlever du monde, mais de nous préserver du mal.
(Jean 17,15)

Sur nos chemins escarpés et sur nos grandes routes
Dans nos maisons et au cœur du monde
Parmi nos frères ou au milieu d’inconnus
Où que nous soyons, Dieu est là.
Où que nous soyons,
Il nous accompagne,
Il nous aime et garde nos pas
Allons en paix !

Amen

Culte célébré par la Pasteure Nicole Rochat,
le 14 juin 2020 au temple de Colombier.