Reconnaître ou non les communautés religieuses?

Parole est donnée à Jean-Jacques Beljean au sujet de la Loi sur la reconnaissance des communautés religieuses.

Le 26 septembre prochain le peuple neuchâtelois sera appelé, entre autres, à donner son avis sur un sujet bien particulier :

“Faut-il accepter, dans notre petite république neuchâteloise, comme Communautés religieuses reconnues par l’État, à l’instar de l’Église réformée, de l’Église catholique romaine et de l’Église catholique chrétienne, des Communautés religieuses d’origines diverses mais bien intégrées dans le Canton ?”

Il  ne s’agit pas de reconnaître des religions comme on le croit souvent mais des Communautés réelles qui ont pignon sur rue, qui sont utiles à la société, qui promeuvent le respect, l’amour du prochain, la responsabilité à l’égard des autres et de la création divine, soit des valeurs et pratiques promues également par la Constitution neuchâteloise.

Or cette Loi de reconnaissance est contestée, pour un motif de procédure démocratique dans un premier temps mais, dans les faits, pour retarder sa mise en vigueur en espérant qu’elle soit ensuite renvoyées aux calendes grecques… De plus, plusieurs promoteurs du référendum ont clairement déclaré qu’en cas de refus de la loi ils s’attaqueraient ultérieurement au statut de reconnaissance des trois communautés reconnues actuellement pour confiner l’ensemble des communautés religieuses au domaine privé. Cette loi risque aussi d’être interprétée comme favorisant l’islam ou le christianisme américain alors qu’au contraire elle vise à reconnaître des Communautés responsables et engagées pour le bien commun.

Les Églises reconnues actuellement collaborent avec l’État pour le bien de toute la société. Elles jouent un rôle important et la Constitution neuchâteloise adoptée en 2000 le reconnaît : la vie spirituelle, les débats d’idées, le souci des endeuillés, des malades, l’éducation de la jeunesse à la responsabilité pour les autres sont des valeurs que les Églises transmettent et qui contribuent à la paix et la concorde de notre petite République neuchâteloise. L’État et le peuple l’ont reconnu en les mentionnant dans la Constitution neuchâteloise et en prévoyant un soutien pour atteindre ces buts.

Il y a quelques semaines j’assistais, à Colombier, au retour de jeunes gens d’un camp de sensibilisation à la foi chrétienne, à la vie communautaire, à la tolérance, à la recherche de sa propre identité et du sens de la vie. Ils étaient rayonnants. Tout cela mérite d’être poursuivi et surtout soutenu pour le bien de la société par la formation de personnes engagées et responsables. Cela me rappelle aussi la convivialité des rencontres dans le cadre de l’aumônerie de l’Université, lycées et Écoles professionnelles quand j’étais aux affaires…. Et je ne développe par les innombrables occasions de formation, le bénévolat, le soutien aux endeuillés, aux malades, etc

Tout cela mérite d’être poursuivi, encouragé et soutenu, même si les Églises ont moins de forces disponibles que par le passé.

Les Communautés nouvelles, qui s’engagent dans la même perspective, méritent également notre soutien et celui de l’État même si nous ne partageons pas entièrement leurs convictions.

Ainsi, à mon sens, la nouvelle Loi de reconnaissance des Communautés religieuses (LRCR) est à soutenir sans aucune restriction et sans aucune peur. Elle ne fera que du bien aux habitants de notre petite République.

Souvenons-nous que ce sont les trois Églises reconnues, sous l’impulsion de l’EREN , qui ont proposé ces dispositions de la Constitution neuchâteloise.

Merci de m’avoir lu jusqu’ici avec patience. Si vous voulez approfondir la question vous trouverez un document “Questions-Réponses” avec des liens informatiques utiles ainsi que le résumé de mon exposé à la SPMN (Société des Pasteurs et Ministres Neuchâtelois). Un site Internet avec des appuis et des documents est à disposition sous : https://lrcr.ch/.

Je compte sur vous, avec mon meilleur souvenir.

Jean-Jacques Beljean, pasteur
Ancien aumônier de l’Université
Ancien pasteur à La Chaux-de-Fonds et
Bôle-La BARC
Ancien président du Conseil synodal