L’iconoclasme traité par une artiste sud-africaine

[Ce texte est repris du communiqué officiel de la ville de Neuchâtel.]

La contribution principale de la Ville de Neuchâtel aux manifestations destinées à commémorer les 500 ans de la Réforme prendra la forme d’une intervention artistique temporaire sur le monument Farel dressé sur l’esplanade de la Collégiale. En résidence à Neuchâtel, l’artiste sud-africaine Ledelle Moe, 46 ans, dévoilera le 23 juin ce qu’elle a imaginé pour traiter du thème imposé de l’iconoclasme cher au réformateur. Elle réalisera par la même occasion une performance durant laquelle le public sera invité à gratter l’or superflu recouvrant de petites têtes en béton à l’effigie des paroissiens.

A l’occasion des 500 ans de la Réforme, la Ville de Neuchâtel a souhaité offrir aux réformés ainsi qu’aux habitants de la cité une performance doublée d’une intervention artistique. Un groupe de travail réunissant des paroissiennes autour de la pasteure de la Collégiale, de la chargée de communication de l’EREN et du délégué culturel a souhaité traiter du thème de l’iconoclasme (destruction délibérée d’images et de représentations religieuses de type figuratif appartenant souvent à sa propre culture pour des motifs religieux ou politiques). Faut-il rappeler que Farel et ses ouailles ont jeté au Seyon le 23 octobre 1530 les trésors artistiques de la Collégiale ? Profitant du passage à Neuchâtel de l’artiste sud-africaine Ledelle Moe, le groupe l’a mandatée pour traiter de ce thème d’une brûlante actualité.

A l’invitation de la galerie d’art contemporain africain Sémaphore, Ledelle Moe va séjourner un mois à Neuchâtel et présenter le résultat de son travail dès juillet à la galerie sise rue de la Cassarde 18. Née à Durban en 1971, cette Sud-Africaine qui expose dans le monde entier et en particulier aux Etats-Unis, s’inspire du lieu dans lequel elle se trouve pour explorer le genre humain à travers le façonnement de têtes en béton. La permanence, la fugacité, le déplacement, le déracinement constituent ses thèmes de prédilection.

A Neuchâtel, Ledelle Moe va mélanger du ciment à de la terre et du sable de chez nous pour sculpter de petites têtes à l’image des gens qu’elle aura rencontrés. Le 23 juin, sur l’esplanade de la Collégiale, elle dévoilera comment elle aura « habillé » Guillaume Farel d’une multitude de petites têtes en béton à l’effigie de personnes proches de la Collégiale. Tous ces visages ajoutés à la représentation de pierre du réformateur rappellent selon l’artiste que les monuments ont une fonction métonymique: la statue de Guillaume Farel n’est pas que la glorification d’un seul homme. Elle sert également de représentation figurative d’un mouvement, d’une idéologie et finalement de toute la communauté des réformés neuchâtelois. Cette installation restera en place jusqu’à la fin de l’été.

Ledelle Moe réalisera également une performance pour laquelle elle aura besoin du public. Après avoir façonné une centaine de petites têtes en béton, elle les recouvrira d’une feuille d’or et les disposera sur un présentoir. Le 23 juin, dès 17h, le public sera invité à gratter l’or des têtes pour le conserver ou le jeter. Les visages ainsi dépouillées seront remis en place et exposés ultérieurement à la galerie Sémaphore. La chanteuse de jazz Florence Chitacumbi créera une ambiance sonore appropriée pendant la performance et chaque participant pourra retirer gratuitement ultérieurement une photographie à tirage limité attestant de sa participation à cette action de dépouillement. L’or et le béton jouent un rôle important dans cette performance. Le métal précieux symbolise les richesses de l’église catholique qui dissimulaient l’essentiel. Le béton brut symbolise quant à lui l’humain et l’absolu.

Le public est attendu nombreux sur l’esplanade de la Collégiale le vendredi 23 juin dès 17h. L’ambiance y sera festive avec de la musique, quelques discours et un apéritif offert par la Ville et l’EREN.