đŸ•Šïž Nous ne sommes pas neutres, nous sommes du cĂŽtĂ© de la paix

Le texte ci-dessous, adoptĂ© le 28 mai 2025 par le Conseil synodal de l’Église rĂ©formĂ©e Ă©vangĂ©lique du canton de NeuchĂątel (EREN) Ă  la veille de l’Ascension, est une profession de foi pour les temps de guerre et de conflit entre les peuples. Il vise Ă  exprimer, dans un contexte oĂč l’indiffĂ©rence n’est plus possible, ce que notre Église croit, espĂšre et refuse.

RĂ©digĂ© Ă  l’heure d’une nouvelle flambĂ©e de violence au Proche-Orient, particuliĂšrement dans le cadre du conflit israĂ©lo-palestinien, il en porte les traces, les rĂ©fĂ©rences et l’émotion. Mais au-delĂ  de cette actualitĂ©, il se veut un appel universel valable en tout lieu oĂč la guerre menace de briser ce qui fonde notre humanitĂ© commune.

Une profession de foi de l’Église rĂ©formĂ©e Ă©vangĂ©lique du canton de NeuchĂątel

Il est des guerres oĂč l’on meurt sans mĂȘme comprendre pourquoi.
Des conflits si longs qu’on ne sait plus ce qui ressort de la lĂ©gitime dĂ©fense ou de l’acharnement meurtrier.
Des situations oĂč l’on a l’impression que Dieu lui-mĂȘme a dĂ©sertĂ©.

Mais nous disons ici, moins pour réconforter que pour tenir debout :
Dieu n’est ni en fuite, ni complice.
Il ne soutient pas d’armĂ©e.
Il n’a pas de camp.
Dieu n’a que des enfants.
Et quand l’un tue l’autre, Dieu pleure.
Pas des larmes symboliques, mais les vraies, celles qui brĂ»lent, celles qu’on Ă©touffe dans la gorge, celles d’un PĂšre impuissant face Ă  la haine que ses enfants ont laissĂ© grandir au nom de leurs blessures.

Le conflit israĂ©lo-palestinien n’est pas qu’un diffĂ©rend politique, territorial, identitaire.
C’est un abüme spirituel.
Parce qu’on y tue au nom de Dieu.
Parce qu’on y justifie la vengeance par la mĂ©moire et les textes sacrĂ©s.
Parce qu’on y appelle justice ce qui n’est que l’extension de la peur et de la haine.

Nous confessons :
Chaque ĂȘtre humain tuĂ© est un visage de Dieu arrachĂ© Ă  la terre.
Chaque haine semĂ©e, un clou de plus que l’humanitĂ© plante dans la chair du CrucifiĂ©.
Chaque parole de mépris, de méfiance ou de désespoir, une offense au souffle qui nous a tous portés à la vie.

Nous affirmons envers et contre tout que la guerre reste l’une des plus grandes bĂȘtises humaines.
Oui, bĂȘtise. Parce que ce mot fragile dit dĂ©jĂ  que l’humanitĂ© peut mieux faire.
Que l’intelligence du cƓur peut reprendre le dessus.
Que l’autre n’est pas une bĂȘte Ă  abattre, mais un humain comme nous.
Que Dieu ne commande pas les armes, mais le pardon.
Que la terre promise est d’abord celle oĂč l’on se parle Ă  nouveau en vue d’une paix durable, et non celle qu’on conquiert en exterminant l’autre.

Nous ne distribuerons pas les torts et les raisons.
Mais nous dirons, fermement, ce que notre foi juge inacceptable :
Qu’on Ă©rige la vengeance en programme politique, comme si la douleur d’hier justifiait celle d’aujourd’hui.
Qu’on invoque la justice ou la sĂ©curitĂ© pour lĂ©gitimer l’effacement d’un peuple.
Que les droits humains et le droit international soient bafoués sans conséquence.
Qu’on en rĂ©fĂšre Ă  Dieu pour sanctifier l’anĂ©antissement, alors que Dieu est vie et misĂ©ricorde.

Nous ne sommes pas neutres.
Nous sommes du cÎté de la paix.
Et cela exige plus de courage que la guerre.

Nous appelons l’Église, non Ă  se faire juge des peuples, mais Ă  rappeler que tous sont jugĂ©s par l’Évangile :
Non sur leur force, mais sur leur amour.
Non sur leur victoire, mais sur leur capacitĂ© Ă  faire vivre la justice et Ă  compatir mĂȘme pour l’ennemi :

  • en refusant de se rĂ©jouir de sa chute,
  • en reconnaissant qu’il pleure ses morts,
  • en confessant que lui aussi est enfant de Dieu.

Et cela vaut pour tous : Israël, Palestine, Occident, extrémistes, modérés, victimes et bourreaux.
Car en Dieu, les rÎles ne sont jamais fixés.
Et la valeur d’un peuple, d’une religion, d’une Église se mesure au bien qu’elle apporte Ă  l’humanitĂ© tout entiĂšre.

Nous ne pouvons pas faire la paix à la place des belligérants.
Mais nous pouvons veiller, dire – dĂ©noncer mĂȘme –, prier, marcher.
Et surtout dĂ©sarmer notre cƓur pour ne pas devenir, Ă  notre tour, des meurtriers de la fraternitĂ© ici et maintenant.
Nous n’attiserons pas les feux de la haine raciale ou religieuse, et ferons tout pour Ă©teindre ceux dĂ©jĂ  allumĂ©s.

La paix n’est pas une utopie, mais un chemin ardu, un choix Ă  refaire chaque jour, mĂȘme quand tout en nous voudrait renoncer.

Enfin, nous confessons ce paradoxe fou :
Dieu n’impose pas la paix par la force,
mais il nous en confie la tĂąche,
avec pour seules armes : la foi, l’espĂ©rance et l’amour.
Et mĂȘme si cela semble peu,
cela demeure plus puissant que toutes les armes du monde

Conseil synodal de l’Église rĂ©formĂ©e Ă©vangĂ©lique du canton de NeuchĂątel (EREN)